Avant que certains lecteurs agressifs ne se déchaînent. Je souhaite préciser que ce billet n'est que le résultat de mes lectures récentes grâce auxquelles je tente ici de dégager les quelques raisons d'un conflit opaque et rarement expliqué en profondeur. Je suis ouvert au débat et aux explications de toutes natures.
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Trêve olympique oblige, le conflit opposant la Russie à la Géorgie a basculé en pleine cérémonie d'ouverture des JO. Là, entre deux tableaux humains et deux bombes de feux d'artifices, Poutine a sûrement du avoir l'esprit ailleurs, légèrement plus à l'Ouest.
Il n'est plus le président de la Russie mais ces évènements semblent remettre les choses à leurs places. C'est lui qui présente l'intervention Russe comme "bien fondée" c'est encore lui qui reçoit les coups de téléphone des responsables politiques occidentaux. C'est enfin lui qui débarque devant les caméras en tenue décontractée sur une piste d'aéroport à la rencontre des réfugiés de l'Ossétie du Sud. Contrairement à l'ami Toréador, je ne crois guère à l'hypothèse de la récupération de "l'espace vital". Ce conflit me semble bien plus géopolitique et économique qu'idéologique.
Officiellement, ce conflit fait intervenir trois acteurs majeurs. La Russie, La Géorgie et la région d'Ossétie. Cette Ossétie est partagée en deux, au Nord et au Sud. La partie Nord est indépendante depuis 1930 et rapidement rattachée à la Russie. La partie Sud elle, est propriété Géorgienne depuis 1991 et ce, malgré le fort sentiment russe qu'exprime sa population. Trois ans plus tard, cette petite région se déclare indépendante, mais ne se voit pas reconnaître comme telle par la communauté internationale. La Russie lorgne depuis longtemps sur l'intégralité de l'Ossétie dont la richesse des sols explique les convoitises. Misant sur un soulèvement interne et un basculement des territoires dans leur musette, les Russes n'en étaient pas moins en attente du moindre affront pour justifier une intervention militaire.
Aujourd'hui c'est le cas. Car le nouveau président Géorgien Mikhaïl Saakachvili est un nationaliste convaincu est il n'a guère hésité, dès son élection, à remettre au goût du jour la problématique de l'Ossétie.
Deux choses m'interpellent. D'abord, et ce n'est un secret pour personne, le conflit semble arranger tout le monde. La Russie est bien aise d'intervenir de cette manière en Géorgie, s'attribuant d'une certaine manière l'Ossétie du Sud d'une part mais surtout en rendant neutre la menace concurrentielle (économique) de son voisin géorgien. La Géorgie quant à elle, ne se gène pas pour se fendre d'un léger génocide, histoire de laver ces terres de quelques indépendantistes gênants. De tout cela, il faut retenir que la Géorgie, outre le fait de posséder un sol d'une richesse rare, dispose d'un réseau de pipeline qui arrose la Turquie puis l'Europe en pétrole régional. La libre concurrence en la matière semble irriter nos amis Russes.
N'étant pas un spécialiste, je m'en remet aux connaisseurs en la matière, je pense notamment à notre ami Quindi... Mais d'une certaine manière, la clé de ce conflit se situe dans cette carte. Étudiez le schéma, ôtez y les pipelines rouges traversant la Géorgie, et vous donnez directement les clés du pétrole régional aux Russes. Quelle aubaine ce conflit pour la Russie ! A ce constat, s'ajoute l'échec de la politique occidentale dans la région.
Car depuis les années 1990, la Géorgie ne cesse de soumettre les régions indépendantes à l'exercice démocratique. Récemment encore (2006), l'indépendance de l'Ossétie était adoptée par la majorité des votants. Une fois encore, la communauté internationale n'accordait pas à l'Ossétie sa reconnaissance officielle. J'y vois plusieurs raisons. La première, purement politique retranscrit un total refus international de voir l'Ossétie entière rattachée au géant Russe. Car faire cela, c'est ouvrir la boite de pandore en prenant le risque de déséquilibrer la région si tenté que d'autres revendications dans d'autres pays d'ex URSS refassent surface. Hypothèse trop risquée tant les sentiments pro-russes sont parfois écrasants ici où là.
La seconde est purement économique et géopolitique. La Géorgie offre aujourd'hui l'indescriptible chance aux pays de l'Ouest occidental (notamment l'Europe) de s'approvisionner en pétrole et gaz ailleurs que par l'intermédiaire des Russes. Dans le contexte actuel de fortes tensions sur les marchés des matières premières, il est inévitable que celui qui contrôle le robinet contrôle ses clients. En l'espèce certains cherchent à se substituer à cette pression lorsque d'autres cherchent à en acquérir la plénitude.
En souhaitant conserver cette région du monde dans une paix factice plus ou moins durable mais dangereusement approximative pour des raisons économiques et politiques citées ci dessus, la situation actuelle tend à offrir la paternité du conflit aux Russes et aux Occidentaux (notamment Européen).
Et d'ailleurs, ce n'est à mon avis pas un hasard si l'Europe, par l'intermédiaire de la France s'est empressée de proposer un plan de sortie de crise aux deux protagonistes Russe et Géorgien. Le plus dur reste cependant à venir. L'Europe ne souhaite pas se tenir sous la coupe Russe, les Géorgiens envisagent de conserver la plus riche de leurs terres et les Russes quant à eux, ne lorgent que sur une chose:
L'hypothétique hégémonie Russe sur l'approvisionnement du pétrole et du gaz en Europe.