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Qui croire ? Des femmes violées ou un ministre embarrassé ?

Publié le 26 mai 2022 par Gezale

Je ne suis pas devin mais il m’étonnerait que M. Damien Abad demeure encore très longtemps ministre de la solidarité et du handicap. Les accusations de viol que portent contre lui deux femmes victimes ne doivent pas être prises à la légère. Pour l’une des plaintes, le parquet a décidé de classer le dossier faute de pouvoir établir la vérité des faits. Il est évident que le viol n’a, le plus souvent pas de témoins, même si certaines preuves scientifiques peuvent être recueillies dans certains cas et dans un délai très court après les faits. Car le viol est l'acte par lequel « une personne est contrainte à un acte sexuel (le plus souvent un rapport sexuel) par la force, la surprise, la menace, la ruse ou, plus largement, par l'absence de consentement. »

Les accusations de viol ou de tentative de viol se font de plus en plus nombreuses depuis que le mouvement mee-too a libéré les consciences et la parole des femmes abusées. Certains faits ont été atteints par la prescription et l’impossibilité dans laquelle se trouvent les victimes d’étayer certaines agressions et de permettre à la justice…de juger. Qu’il s’agisse de PPDA, de Luc Besson ou d’autres hommes, la défense est toujours la même : ils avaient obtenu le consentement de leur partenaire d’un soir, d’une nuit…ce que contestent bien sûr, les femmes en cause. Parole contre parole, refrain éternel.

Je ne connais pas Damien Abad. Ce qu’on sait de lui est public. Il est toujours député de l’Ain et candidat à sa réélection. Il s’est mis en congé de LR (il présidait le groupe LR à l’Assemblée) et demande à ses électeurs(trices) de le blanchir des accusations portées contre lui les 12 et 19 juin prochains. Mais l’élection n’est pas une lessiveuse. Elire un député n’est pas une opération de blanchiment. Elle n’exonère les candidats, même s’ils sont élus, d’aucunes de leurs responsabilités ou d’éventuels crimes et délits. Qui plus est, Damien Abad vient d’être nommé au gouvernement. Si Elisabeth Borne (ou Emmanuel Macron) ne le démissionne pas, il appartient à M. Abad de prendre les devants car sa position est devenue intenable. M. Abad va être le scotch de l’exécutif pendant des semaines et des semaines. Le parquet de Paris a communiqué. Il n’ouvre pas d’information au prétexte que l'une des victimes présumées refuse de se faire connaître et n'a pas déposé de plainte. Par ailleurs, M. Abad n’a-t-il pas reconnu l’envoi de certains textos très osés à comparer à ceux de M. Griveaux jadis cramé pour la mairie de Paris ? Cela n'implique pas qu'il soit un violeur. La position de M. Abad est pourtant intenable. Il est certes présumé innocent et proteste avec véhémence contre sa mise en cause assurant que toutes les relations sexuelles qu’il a eues dans sa vie étaient consenties. Arguant de son handicap il affirme même qu’il lui faut de l’aide ou à tout le moins une complicité pour réaliser un acte sexuel. Alors qui croire ? Des femmes violées ou un ministre embarrassé ? Le fait est que son cas le dépasse. Il est membre d'un collectif et doit veiller à en préserver l'unité. En s'accrochant à son poste ministériel — même s'il est innocent, surtout s'il est innocent — Il pollue la campagne de la majorité actuelle devenue soit faible soit pusillanime. Du kif au même. Le vrai courage serait de démissionner quoi qu'il en coûte.


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