Avons-nous peur?Voilà peut-être la question à se poser.Peur de vivrePeur de mourirPeur de souffrirPeur d'être seul(e)Peur d'être enfermé(e)...Peur comme un leurrequi fait son beurreavec nos peurs
« Un philosophe d’occasion, un esthète épuisé, un frondeur abattu, une marquise cafardeuse, un aventurier sans cause, un métaphysicien insomniaque, un nihiliste apocalyptique, un réactionnaire à vif, un anarchiste sentimental, un adepte du suicide non pratiquant, les figures que j’évoque ici forment une aristocratie transhistorique de l’ennui – montrant par là l’éternité de la maladie du temps.
D’un scepticisme à la fois féroce et poli, ils démystifient les doctrines qui prônent un illusoire art de vivre. Ils rappellent que la vie n’a rien d’un art mais d’une douleur continue interrompue par quelques moments de rémission, que nous ne choisissons pas de naître puis de vivre comme nous vivons ou comme nous souhaiterions vivre, que nous n’avons pas la moindre emprise sur nos passions, que nous ne changeons pas mais que nous aggravons notre cas. Ils nous tendent leurs opuscules comme des cartes de visite sur lesquelles figure l’invitation à la souriante volupté d’être triste. »Frédéric Schiffter extrait de: "Le charme des penseurs tristes."
"Ne me demandez pas mon programme : respirer n'en est-ce pas un?" Emil Cioran
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Ukraine-En attendant la bombe
"Mercredi 8 juin 2022, s’est tenue à Ankara une réunion entre le chef de la diplomatie turque Mevlüt Çavuşoğlu et son homologue russe Sergueï Lavrov, bras droit bien connu de Vladimir Poutine et indéracinable du Kremlin. Ces discussions concernaient surtout la question des exportations de céréales et donc, la mise en place d’une noria maritime en Mer Noire, et de “corridors céréaliers“. Pour ce faire, la Turquie offrirait ses bons offices pour sécuriser des convois, après déminage en Mer Noire, notamment du port d’Odessa. Elle propose également la création d’un “centre d’observation de ces corridors”à Istanbul.
Au début de l’agression russe contre l’Ukraine, Recep Tayyip Erdoğan a interdit le passage dans les détroits du Bosphore et des Dardanelles aux navires de guerre, comme l’y autorise la convention de Montreux.
De fait, cette mesure devra être contrôlée encore davantage, si ces corridors alimentaires voyaient le jour.
Aujourd’hui mercredi 8 juin, aucun représentant de l’Ukraine cependant n’avait été invité aux discussions, la Turquie arguant pourtant du fait qu’elle travaillait à un accord en relation avec l’ONU. Il s’agit pourtant de ses stocks de blé et d’oléagineux piégés par la guerre, et qui, lorsqu’ils ne sont pas bombardés, encombrent des silos et lieux de stockage qui deviendront utiles pour les récoltes 2022, même réduites par la guerre.
Cette rencontre très médiatisée ne pouvait donc porter à conclusions, puisque l’Ukraine, principal décideur, parce que premier intéressé, n’avait été ni entendue, ni écoutée, même si, on peut le penser, le régime turc a pris des contacts en amont.
Lors de la conférence de presse finale, Sergueï Lavrov a surtout insisté sur la demande de levées des sanctions contre la Russie, le déminage des côtes ukrainiennes, et dénoncé une attitude “agressive” de l’Ukraine, dans tous les domaines. Il a ensuite minoré le problème alimentaire qui est créé par la non exportation des céréales, et a rappelé que l’Ukraine en portait l’entière responsabilité, la Russie étant elle-même placée dans la difficulté de commercer via la Mer Noire. Un discours à la Lavrov, avec l’inévitable référence aux “nazis”. Comme il a pu être observé une activité de transport de marchandises via Sebastopol en Crimée entre autres, en direction de ports de “pays amis”, on comprend que la volonté principale de la Russie est la levée des sanctions et le déminage.
Un journaliste ukrainien présent a toutefois jeté un froid en posant une question non prévue, celle des rapines de céréales par la Russie dans les territoires qu’elle occupe et leur revente à prix cassés, notamment… à la Turquie. Cette question faisait écho à des déclarations aux Etats Unis sur les détournements de blé ukrainien et des livraisons à des “amis de la Russie”, dont la Syrie, observés ces derniers temps.
Le fameux “cadre provisoire pour avancer“, cher à Mevlüt Çavuşoğlu, s’est donc refermé sur des questionnements qui interrogent le jeu “diplomatique” que joue conjointement la Turquie et le régime russe et la réelle volonté d’aboutir à une libre circulation.
Les relations entre la Russie et la Turquie peuvent paraître très inégales et zigzagantes, depuis plus d’une décennie. Et pourtant, elles ont pour continuité l’opportunisme de l’une comme de l’autre, dès lors où des intérêts et volonté “d’empires” se rejoignent. C’est le cas pour la Syrie, l’énergie, les relations géopolitiques régionales et la politique internationale en direction des Etats-Unis.
On se souviendra qu’un pays membre de l’Otan comme la Turquie s’est dotée d’une batterie de missiles russes S400 et a maintenu sa commande d’un second lot, même avec le risque que cela faisait courir pour les subventions de certains de ses programmes militaires comme le char de combat Altay ou le chasseur TFX. Dans le même temps elle a perdu sa place dans la fourniture des avions de combat F35 américains dans le cadre de l’Otan. Et aujourd’hui, Recep Tayyip Erdogan menace de bloquer l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’Otan. La Turquie est sous dépendance énergétique, et a confié en partie ses projets nucléaires à Poutine.
La Turquie ne s’est pas jointe non plus à la politique de sanctions contre les oligarques russes, et les accueille sans souci dans ses lieux de villégiature, tout en laissant la porte ouverte à des migrants opposants à la guerre, issus de classes aisées des villes russes. Les ressortissants russes n’ont pas là besoin de visas.
Et, en même temps, la Turquie s’est faite championne dans la livraison de ses drones de combat à l’Ukraine, avant même le début de la guerre actuelle.[....]"Daniel Fleury suite de l'article chez KEDISTAN \\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\||||||||||||||