Conversations with Friends (Saison 1, 12 épisodes) : aimer jusqu'à l'impossible

Après m'avoir ébloui avec Normal People, Alice Birch est de retour avec Conversations with Friends. A l'instar de Normal People, la force de Conversations with Friends est de nous proposer des histoires qui donnent l'impression de partager ces instants de vie avec les personnages. Pas aussi bouleversante que Normal People, Conversations with Friends a tout de même des atouts. Nouvelle adaptation de Sally Rooney, on retrouve le style mais la série a parfois aussi un peu de mal à capturer le côté ultra expressif du roman (qui est magnifique et que je vous conseille avant même de découvrir cette série). L'écriture de Sally Rooney est simple mais complexe à la fois. C'est donc logique que Alice Birch ait parfois du mal à capturer tout cela et à le mettre dans des dialogues et à l'écran. La difficulté de ce récit tient dans son héroïque, Frances dont la vie se déroule en grande partie dans son esprit. Alison Oliver est convaincante mais le scénario a parfois du mal à nous faire ressentir ce que le roman peut vous faire ressentir de bouleversant et touchant.

Frances est fine observatrice, cérébrale et perspicace. Bobbi, son ex-petite amie devenue sa meilleure amie, est sûre d'elle, franche et irrésistible. Malgré leur séparation trois ans plus tôt, Frances et Bobbi sont inséparables et font des performances de poésie sur la scène artistique de Dublin. Durant l'une de leurs représentations, elles font la connaissance de Melissa, une romancière plus âgée et fascinée par ce duo.

Frances joue le rôle de témoin de sa propre vie. Elle regarde sa propre vie et en fait des constations. Dans Conversations with Friends, les choses sont un brin différentes. L'actrice est tout de même suffisamment convaincante pour nous faire ressentir ce que vit son héroïne. Frances prend réellement vie quand elle rencontre Nick. Tout d'un coup le personnage est différent et ne joue plus un second rôle dans sa propre vie. Avec Nick, Frances se sent enfin aimée, perçue. Il est marié après tout mais cela ne peut que faire grandir le personnage. Le flirt entre les deux personnages au début est vraiment mignon et assez réaliste. On sent le besoin de Conversations with Friends de rester très terre à terre afin de nous faire ressentir les sentiments les plus bruts. Les personnages qui les entoure ont parfois un peu de mal à éclore. Comme si Conversations with Friends ne savait pas toujours quoi en faire. Pourtant, les personnages secondaires ont des choses à raconter qui sont parfois plus intéressantes que les deux héros (notamment dans la seconde partie de la saison).

L'une des erreurs de Conversations with Friends est aussi d'avoir fait durer le plaisir aussi longtemps. Avec douze épisodes, Conversations with Friends rempli parfois son récit de moments qui ne sont pas utiles et qui ont du mal à s'intégrer dans le reste. J'adore le côté ultra contemplatif de l'amour dans cette série un peu comme Normal People mais on est très loin de cette dernière. Les deux séries sont totalement différentes et une fois que l'on comprend leurs différences alors on peut un peu mieux apprécier le résultat final. La série est bien plus vivante quand les dialogues sont forts et travaillés dans le but de nous faire ressentir les sentiments de tous les personnages. Dès que la relation de Nick et Frances commence à s'épanouir alors la série parvient à délivrer quelques jolis moments, des petits détails et tranches de vie mignonnes. Il y a forcément beaucoup de choses qui sont difficiles à adapter mais Conversations with Friends reste une petite série touchante qui a le mérite de se frayer un chemin par moment en délivrant de vraies tranches de vie. On partage la vie de ces personnages avec ce spleen qui nous embarque.

Cela manque tout de même de l'énergie littéraire du roman. Normal People avait réussi à capturer une bonne partie de ce qui faisait justement la force de l'histoire, Conversations with Friends a du mal à réitérer. C'est dommage mais ce n'est pas une fatalité.

Note : 5.5/10. En bref, une jolie histoire avec un parcours semé de quelques embuches.

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