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Des gens bien ordinaires (Saison 1, 8 épisodes) : s'émanciper par le porno

Publié le 28 juin 2022 par Delromainzika @cabreakingnews
Des gens bien ordinaires (Saison 1, 8 épisodes) : s'émanciper par le porno

La pornographie comme moyen de s'émanciper ? Telle est la question primaire de Des gens bien ordinaires, dernière oeuvre de la réalisatrice Ovidie (Pornocratie, Infidélité). Des gens bien ordinaires s'inspire de l'expérience vécue par Ovidie dans la fin des années 90 en tant qu'actrice porno. Plutôt que de parler de pornographie avec le prisme féminin, elle choisi ici le prisme masculin. L'absurdité du récit s'entremêle de moments particulièrement réalistes. On sent qu'il y a derrière Des gens bien ordinaires quelque chose de réaliste, quelque chose qui a été vécu et qui a marqué la réalisatrice. Alors que l'industrie veut se renouveler constamment et toujours proposer des nouveautés, Romain, notre héros de 18 ans, devient une pornstar malgré lui et ce rapidement. Plutôt que d'en faire des tonnes, Ovidie préfère raconter l'incursion de notre héros dans le monde du porno dans le plus simple appareil. Tout est fait pour nous donner envie de ressentir ce que le héros vit avec un style particulier et propre à Ovidie.

Romain, 18 ans, est étudiant en sociologie. Avec sa meilleure amie, Isaure, ils forment un duo d'enfants de la France pavillonnaire des années 90 qui rêvent de refaire le monde. Mais tous les deux n'ont pas la même façon d'exprimer leur radicalité. Si Isaure se sent dangereusement attirée par la clandestinité des groupes politiques qu'elle fréquente à la fac, Romain au contraire décide de s'exposer à la lumière des plateaux de tournage porno sur lesquels il imagine que souffle un vent de liberté. En rébellion contre son milieu d'origine, emprisonné dans une relation amoureuse toxique avec une femme qui a une emprise totale sur sa vie, il pense pouvoir trouver dans l'aventure pornographique une voie d'émancipation.

Des gens bien ordinaires ne cherche pas à être un brûlot sur le porno et à en montrer tout ce qu'il y a de mauvais. La série raconte aussi l'ennui sur les plateaux, l'attente interminable, etc. Des gens bien ordinaires n'est pas là pour filmer des scènes de sexe (ce qui change un peu de ce que l'on voit habituellement quand on regarde des fictions portant sur l'industrie du porno) mais plutôt ce qui se passe entre les scènes. Les interactions entre les personnages sont alors tout de suite plus intéressantes même si Des gens bien ordinaires reste un récit avec lequel il est parfois difficile de faire corps. Je n'ai pas réussi à pénétrer l'histoire aisément, il m'a fallu persévérer comme son héros Romain/Buck. L'ennui sur le plateau est aussi retranscrit dans la vie amoureuse de Romain. La seule scène de sexe est celle de Romain avec sa petite amie plus âgée qui abuse de lui. Agathe Bonitzer est d'ailleurs plutôt convaincante dans le rôle et apporte quelque chose de neuf à chacune de ses apparitions.

Ovidie nous laisse imaginer la pornographie puisque le sexe se déroule toujours hors champ. Cela permet aussi de ne pas porter de regard uniquement sur le porno et le sexe mais avant tout sur l'humain. Après tout c'est ce que Ovidie a toujours défendue. Ni là pour défendre l'industrie, ni là pour la critiquer, Des gens bien ordinaires s'avère être une série sage qui n'ose pas toujours tout et reste un peu entre deux eaux. La série marque tout de même par son côté déroutant et l'on se laisse porter par les aventures de Romain/Buck. C'est enlevé et parfois un peu difficile d'accès mais cela reste un récit curieux. Curieux non pas sur le corps mais curieux sur la façon dont la vie peut parfois nous réserver des surprises. Des gens bien ordinaires ne se prend pas la tête, nous non plus grâce à des épisodes assez courts pour éviter les longueurs que l'on aurait rapidement pu ressentir. Malgré toutes ses imperfections, Ovidie propose ce qu'elle sait faire de mieux et ce dont elle sait réellement parler à sa façon.

Note : 6/10. En bref, une série curieuse qui sans défendre ou égratigner l'industrie pornographique veut en raconter l'histoire d'un jeune garçon, devenant pornstar malgré lui, au travers de l'ennui qui anime sa vie.

Disponible sur my Canal


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