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Salon de thé #2 : gamins fantastiques, miss prison, président

Publié le 12 mars 2016 par Teazine

Salon de thé #2 : gamins fantastiques, miss prison, président

Illustration par Charline Barber (voir aussi son tumblr)


Chaque quinzaine, TEA sélectionne ses sachets pour le Salon de thé, où l'on discute une petite sélection de liens qui nous ont intéressées dernièrement, ce qu'on a aimé ou encore ce qu'on a redécouvert. C'est totalement non exhaustif et arbitraire, et c'est ça qu'on aime. Bisous.
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-Président désopilant
Cette semaine, on commence avec cette magnifique vidéo du président de la Confédération qui, le prompteur dans l'oeil, nous a gratifié de cette allocution pince sans rire à l'occasion de la "journée des malades". Même le petit journal ne s'en est pas remis. - AV
-Nouvelles excitantes des fonds marins
Au niveau de l'actualité de la semaine, il y a également cette nouvelle trop cool : au cours d'une exploration sous-marine au large d'Hawaï, une équipe de chercheurs a filmé par hasard un petit céphalopode translucide trop mignon qui serait le représentant d'une espèce encore jamais observée auparavant (!!!). ♡ ♡ ♡
D'après le communiqué, les pieuvres jusqu'alors rencontrées à une telle profondeur peuvent être classifiées en fonction de différentes caractéristiques : - Les grimpoteuthis (aussi surnommées "dumbo") présentent deux nageoires qui rappellent les oreilles d'éléphants - Les cirrates sont reconnaissables à leurs à leurs ventouses cilliées (? je suis pas certaine d'avoir bien compris) et puis leurs tentacules sont reliées par une membrane, comme un parapluie - Les pieuvres incirrina ne présentent aucune des deux caractéristiques sus-mentionnées et ressemblent à l'idée de base qu'on peut se faire d'une pieuvre Le mollusque filmé par les chercheurs se range dans la 3e catégorie. Il aurait la particularité de ne présenter qu'une rangée de ventouses sur ses tentacules et d'être totalement dénué de pigments - ce qui lui a rapidement valu le surnom de "casper". Je sais pas vous mais d'après moi, la faune sous-marine est une des choses les plus fascinantes qui soit. A ce sujet, je vous invite modestement à (re)lire mon article sur la seiche (aka le meilleur animal au monde) et / ou à visiter la nouvelle expo Abysses du musée d'histoire naturelle de Neuchâtel qui a l'air full nice). - AV
-Une élection de miss dans une prison brésilienne
Broadly est sûrement maintenant un de mes sites préférés de Vice. On y retrouve le côté original des articles de Vice, le ton de petit branleur (parfois) agaçant en moins, avec des thématiques liées aux femmes. C'est seulement en version US pour le moment. Et comme pour le reste des sites de Vice, ce que je préfère souvent, ce sont les reportages. Dernièrement j'ai regardé ce sujet assez dingue sur une élection de miss dans une prison haute sécurité pour femmes au Brésil. Le temps d'un concours de beauté, elles oublient leur condition de prisonnières et rêvent d'être couronnées plus jolie fille, miss mature ou mister prison (pour les lesbiennes, cette catégorie est tellement intéressante). C'est un reportage ultra touchant. Certaines langues pourraient arguer qu'un concours de beauté est bien trop superficiel, mais regarder comme elles ont l'air heureuses, c'est super beau. J'ai aussi vu cette vidéo bien dérangeante sur une sorte de secte islamique en Turquie où un gourou s'entoure de poupées Barbies, que je n'arrive toujours pas à comprendre, et ce sujet sur les femmes célibataires en Chine. Ma meilleure copine m'a recommandé ce reportage sur un village uniquement réservé aux femmes de la tribu Samburu au Kenya. Je n'ai toujours pas eu le temps de le regarder, mais comme il a été conseillé par ma meilleure pote, je pense que vous pouvez y aller les yeux fermés (enfin non en fait, ouverts). Allez, maintenant vous avez de quoi vous occuper pour les deux prochaines heures. - M
-Les enfants sont fantastiques  L'histoire la plus mignonne de la quinzaine est probablement celle de ce petit garçon italien qui, dans un poème écrit pour l'école, a fait un néologisme. Il a écrit "petaloso", "pétaleux", pour parler d'une fleur. Et comme le petit Matteo a une prof fantastique, celle-ci a décidé d'écrire à l'académie de linguistique italienne pour leur soumettre ce mot tout poétique. Comme le monde est parfois fantastique, l'académie a répondu que "petaloso" était effectivement un très chouette mot que tout le monde pouvait employer. Et voilà que le petit Matteo a doté la langue italienne d'un nouvel adjectif. C'est trop mignon. Plus de détails sur cette histoire ici.  J'ai repensé à la créativité de Matteo en parcourant ce court article sur Creators Project à propos de deux frères qui, comme leurs parents ne voulaient pas leur acheter de cartes Pokemon ou Yugi-Oh quand ils étaient petits, avaient décidé de créer eux-même leurs propres cartes, avec des personnages originaux, leurs propres qualités et attaques. Un travail de titan, puisqu'ils ont fait en tout 357 cartes, qu'ils ont, maintenant qu'ils sont plus grands, postées sur Reddit. Balèze. Ci-dessous, un autoportrait réalisé par ma petite sœur de 12 ans pour son cours d'arts plastiques au collège et que je trouve absolument fabuleux. Les enfants sont fantastiques. - M
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-Lire des vrais livres : Chez Soi, Mona Chollet
Un de mes plus grands accomplissements récents c'est que je me suis remise à lire des livres. En dehors de mes études donc. En fait, il suffit de se prendre le temps pour ça, dingue hein ? Mon dernier coup de coeur ça a été Chez soi, de Mona Chollet (2015, La Découverte) que j'ai découvert grâce aux bilans culturels de SolangeTeParle. C'est un livre sur le rapport que l'on entretien avec son logement. Ce qui m'a d'abord séduite, c'est qu'elle fait une sorte d'éloge du casanier en se référant à de la littérature du voyage (Nicolas Bouvier, entre autres). Ensuite elle aborde un tas de thèmes dont internet, les sans-abris, le travail ménager, la colocation, l'architecture, les Tiny Houses, l'écologie, etc. C'est très bien écrit et richement documenté. Pour vous donner une idée, MademoiZelle a interviewé l'auteure ici. Edit : Le texte est disponible en libre accès sur le site de l'éditeur ! - AV
-Plongée dans les cités françaises
StreetPress a publié le portrait tout en retenue d'une assistante sociale à Clichy-sous-Bois. On suit pendant 48h le quotidien d'Olivia, qui fait le tour d'appartements, à l'écoute des habitants, leur expliquant qu'il faudrait bien qu'ils payent leur loyer s'ils ne veulent pas être expulsés, signalant les fenêtres cassées ou les ascenseurs éternellement en panne. De l'autre côté de la région parisienne, à l'ouest, c'est le Quatre Heures qui a enquêté sur la cité de la Coudraie, à Poissy. C'est là-bas que Jacques Audiard a filmé Dheepan, Palme d'or 2015 à Cannes, qui peint un tableau ultraviolent des banlieues parisiennes. Les résidents expliquent que ce n'est en réalité plus vraiment le cas. Ils montrent fièrement aux journalistes les endroits où le cinéaste a tourné et se disent presque déçus qu'il n'y ait pas eu plus de sang à l'écran. Les bâtiments vont être rasés pour laisser place à de nouveaux immeubles. Seul un quart du reportage est disponible gratuitement, mais cela donne déjà une idée de l'atmosphère qui y règne. - M
-Le surréalisme belge appliqué à l'urbanisme
Samedi dernier, j'étais en Flandre-Orientale, à Aalst, pour un spectacle de danse d'une très bonne amie. Dans le centre culturel de la ville (un sacré morceau pour une ville pas si grande), il y avait une exposition de photos de Belgian Solutions, un site que j'aime bien regarder pour me détendre parfois. Belgian Solutions est le projet d'un artiste allemand, David Helbich, basé à Bruxelles depuis 2002. Il a commencé à prendre des photos de choses wtf qu'il voyait dans la rue : poteaux qui tiennent avec du scotch, pavés reposés dans le mauvais sens, escaliers qui mènent droit à un mur, maison seulement à moitié peinte. Le mieux pour se donner une idée est de visiter le site ou la page Facebook. C'est assez divertissant et révélateur du surréalisme à la belge. Le mec a l’œil. - M
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(c) David Helbich - Belgian Solutions
-Lire des vrais livres : romans graphiques et BDs québécois Les romans graphiques, c'est une passion que j'ai pu développer grâce à la belle collection de la médiathèque de Fribourg (c'est pas mal cher ces affaires là si on veut se constituer une bibliothèque personnelle). Heureusement, les québécois ont l'air d'apprécier ce type de lecture et toutes les bibliothèques en proposent un large panel, yay ! Si vous êtes à Montreal, la super BanQ en a une tripotée au premier étage (avec également une belle offre en anglais et des mangas). Sinon j'aime bien me fournir dans les bibliothèques de quartier comme la jolie Père-Ambroise. Voici quelques BDs québécoises que je recommande chaudement (évidemment, la liste est looooiiiin d'être exhaustive). - Jane, le renard et moi, Isabelle Arsenault et Fanny Britt (2013, La Pastèque) C'est l'histoire d'une petite fille qui subit des intimidation à l'école. Les dessins sont superbes et la narration très sensible. Ça parle aussi de Jane Eyre. - Vil et misérable, Samuel Cantin (2013, Pow Pow) C'est l'histoire d'un démon qui est libraire dans une station service et qui est soulagé parce que c'est l'halloween et qu'il peut enfin être chill avec son apparence. C'est super drôle et un peu maléfique. - Chroniques du Centre-Sud, Richard Suicide (2014, Pow Pow) C'est l'histoire d'un type qui va s'installer dans le quartier glauque du Centre-Sud de Montreal, repère des alcooliques pauvres et de salons de tatouages cheap. C'est drôle et plein d'affection pour ce coin mal famé (d'avant la gentrification) où l'on croise des énergumènes étranges tels que "Le Bison" (à condition que l'on ait soi-même pas déjà trop bu, évidemment). Il y a aussi une BD sur le quartier juif/hipster/anglo du Mile-End mais j'ai pas trop aimé - un peu plat après le ton incisif et les dessins cools de Richard Suicide. - La série des Paul, de Michel Rabagliati (La Pastèque) C'est l'histoire d'un type (Paul) qui fait ses premiers pas dans la vie et qui devient adulte, qui tombe amoureux, qui se trouve un appartement, qui fonde une famille, etc. C'est toujours raconté avec un max de tendresse (j'ai pleuré à des moments) et puis on en apprend sur le Québec et puis c'est le fun de reconnaître des coins de Montreal dans les dessins. En fait, je n'ai pas pu louper ces BDs car à mon arrivée à Montreal, l'adaptation cinématographique de Paul à Québec venait de sortir. Je ne sais pas si c'est bon mais ça a l'air d'être un "feel good movie" (ou un "hymne à la vie" comme dit le générique). Ça peut sembler pas mal neuneu mais je trouve que ça résume bien l'esprit des "Paul".  - AV
-Duolingo
Il y a fort à parier que vous avez entendu parler de Duolingo, ou même que vous l'utilisez. Mais laissez moi donc vous parler des mérites de ce site qui veut vous faire apprendre des langues étrangères. J'ai commencé Duolingo en août dernier. Je voulais m'initier un minimum au néerlandais. Pas que cette langue m'intéresse foutrement, je préférerais me remettre au russe ou à l'allemand, mais en tant que journaliste à Bruxelles, j'en avais marre de passer des moments de solitude lors de conférences de presse où les officiels parlaient à moitié en français, à moitié en flamand. J'avais l'impression que les choses les plus intéressantes du Powerpoint étaient toujours celles dites en néerlandais. N'ayant pas le temps de prendre des cours ailleurs, ni la motivation, j'ai donc commencé Duolingo, dans sa version anglaise car le site français propose moins de langues. Et plus de six mois plus tard, j'y suis encore. Ce site, qui a le mérite d'être gratuit, est hyper bien foutu. Les petits dessins, le système de lingots, les phrases parfois improbables, font qu'on a plus l'impression de jouer à un jeu que d'apprendre une langue. Je suis devenue tellement assidue que je panique quand je ne fais pas ma séance quotidienne : trop peur de remettre mon compteur de jours d'affilée à zéro. Résultat, si mes pronostics sont bons, j'aurai fini toutes les leçons du site d'ici la semaine prochaine. Sacrée fierté. Alors non, je ne parle toujours pas néerlandais, j'ai encore beaucoup de mal à le comprendre à l'oral, surtout parce que l'accent flamand est bien différent de la voix de robot de la dame. D'ailleurs il y a trop d'accents flamands différents, c'est fatigant. Mais j'arrive plus ou moins à comprendre les journalistes au JT de la VRT et à l'écrit, je reconnais et comprend assez de mots pour capter en substance les informations présentées dans un article. Youhou. Me reste à pratiquer, pour ne pas oublier tous les mots de vocabulaire (parce que Duolingo est surtout utile pour ça), et peut être tester autre chose comme Babbel, même si c'est payant et a l'air moins drôle, pour continuer sur ma lancée. En tout cas, merci le petit hibou de Duolingo, en quelques minutes par jour, tu m'as aidée à comprendre les subtilités d'une langue dont je n'avais aucune idée avant. - M
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-"Egalitaire mais pas féministe"
La semaine dernière, la ministre québécoise de la condition féminine, Lise Thériault a déclaré qu'elle ne se considère pas féministe. LOL. Evidemment, cela a déclenché une vague de réactions dont plusieurs "coming-out" de madames qui se rallient à la ministre... Tollé. Et puis il y a eu ce débat dans l'émission Tout le monde en parle où la chroniqueuse Sophie Durocher a lâché un magnifique "Je ne suis pas contre les féministes ...  mon mari est féministe"... A mon sens, cette chronique de Judith Lussier souligne de façon pertinente que "Bien sûr, tout le monde a droit à son opinion, et les femmes auront toujours le loisir de se dissocier d’un mouvement, même si celui-ci est lié à leur émancipation. Mais cette distanciation appelle à des constats, le premier étant que ce que les femmes qui se distancient du féminisme semblent rejeter, c’est une caricature du féminisme.". Et puis cette émission radio avec Gabriel Nadeau-Dubois fait bien le point sur la question : "Le ministère existe sur la base d'un constat très simple : c'est que dans la société il existe des inégalités entre les hommes et les femmes et que ces inégalités ne sont pas simplement le fruit de décisions individuelles mais que ce sont des inégalités structurelles. (…) A strictement parler y a pas d'obligation pour quiconque de ne pas se définir comme féministe. Sauf qu'il faut par contre être cohérent." En cette journée internationale des droits des femmes, je propose qu'on rigole (jaune) de toutes ces contradictions. - AV

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