Chroniques d’un anthropologue au Japon (61)

Radicalismes variés

E. ne répond aux questions que par oui, ou non. Sans donner de détails. Elle débute en français, mais le problème vient d’ailleurs. Elle fait la même chose quand on passe en japonais.

A la fin de la leçon, je lui dis qu’elle a l’air fatigué. Elle me dit que oui. Je lui demande si c’est le travail. Elle me dit que oui. Je lui demande si c’est toujours comme ça, Elle me répond que oui. Je lui dis en rigolant qu’alors, elle aura sa place au paradis. En français, puis je lui traduis en japonais.

Soudainement, E. entre dans la discussion. En japonais. Le ton ferme, avec un petit sourire en coin quand même. Il n’y a pas de paradis. Je réponds que oui effectivement, ce n’est pas certain. Elle répond. Même ton, même sourire, toujours en japonais. Il n’y a pas de Dieu. Je lui réponds, d’accord, avec un sourire, un peu sous le choc des certitudes énoncées.

On parle souvent de christianisme ou d’islam radical. Je crois pourtant que je viens de tomber ici sur un cas d’athéisme radical.

Dieu est mort

Je suis retourné à l’église de Shukugawa cette année. L’eau bénite a définitivement été remplacée par un distributeur d’alcool à 70 degrés.