Sherwood n'est pas qu'une série sur une affaire de meurtres c'est avant tout un fait divers bien réel qui s'est déroulé en 2004 près de là où le créateur a grandi, dans le quartier minier de Nottinghamshire. James Graham (Quiz, Brexit) nous plonge rapidement dans le petit village minier et ces meurtres à l'arc et à la flèche qui n'est pas sans faire référence à... Robin des Bois. La vraie force de Sherwood tient dans sa façon d'être intelligente, réaliste et poignante. C'est probablement l'une des séries policières les plus étonnantes que j'ai vu de nos amis britanniques depuis quelques années (peut-être même depuis Luther). Tout pouvait laisser imaginer une série classique, une de plus parmi une flopée de drames policiers qui fleurissent chaque année mais il n'en est rien. Sherwood ce n'est pas qu'une affaire de meurtre c'est aussi un drame sur une communauté qui vit toujours des tensions et blessures du passé. Au delà de l'enquête, Sherwood se concentre sur la vie de ces familles qui ont forcément été touchées par les années 80 et la fameuse grève des mineurs.
Les nombreux soupçons autour de deux meurtres choquants dans un village minier menacent d'aggraver les vieilles tensions qui divisent des familles depuis la grève des mineurs des années 1980. Pour démasquer le tueur, l'inspecteur de police Ian Sr Clair et l'officier Kevin Salisbury doivent se plonger dans les anciennes rancoeurs des habitants. Plus les deux enquêteurs découvrent des informations sur cette communauté brisée, plus ils réalisent combien les gens ne sont pas vraiment ce qu'ils prétendent être.Au départ, Sherwood est comme n'importe quelle série procédurale mais non : la vie de ce petit village britannique nous permet d'explorer l'histoire ce cette communauté, des classes et de l'hostilité ambiante qui règne. Ce n'est pas la première fois que James Graham créé quelque chose de fort mais il sait mettre en avant les personnages qui sont au coeur même de son récit de façon intelligente. Un peu à la manière de Mare of Easttown, les meurtres servent de porte d'entrée à une histoire bien plus grande et complexe. Ce n'est pas sans rappeler ce que Broadchurch avait apporté aux séries britanniques il y a de ça près de dix ans maintenant. Il y a une volonté de nous toucher et c'est fait de façon tellement soignée dans les décors et la mise en scène que l'on ne peut qu'être séduits. Sherwood prend son temps pour installer les personnages et le climat social qu'elle dépeint.
Sherwood n'est pas pour autant une série qui prend beaucoup de risques. On retrouve dans la structure même de celle-ci tous les éléments que l'on peut retrouver dans n'importe quelle drame policier britannique mais c'est tellement plus que ça et intelligent que l'on ne peut qu'êtres séduits automatiquement. Les twists et retournements de situation qui arrivent petit à petit permettent de comprendre un peu mieux Sherwood et ce qu'elle veut nous raconter. Le climax de l'épisode 5 et avant dernier épisode de la saison est forcément l'un des plus intenses. Les révélations sont faites de façon tellement soignées que l'on ne peut qu'être pendus aux réponses. Lorsque celles-ci arrivent alors c'est tout d'un coup un autre monde qui s'ouvre et une tension palpable qui ne fait que renforcer le succès de la série. L'écho fait à la mythologie de Robin des Bois au milieu d'une communauté moribonde a ses qualités et permet d'ajouter une métaphore intéressante qui résonne très bien avec le reste du récit.
Le fait que Sherwood ne se concentre pas forcément que sur l'affaire de meurtres mais plutôt sur une histoire communautaire me plaît. Cela donne aux épisodes suffisamment d'intrigues et de développements à nous offrir. Dès que les twists viennent à nous ils sont bouleversants et basculent complètement le récit dans une nouvelle dimension. Sherwood est une excellente surprise.
Note : 9/10. En bref, un drame policier touchant et intelligent qui ne s'arrête pas que sur une simple enquête mais dresse le portrait brillant d'une communauté minière britannique.
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