Everything Everywhere All At Once // De Daniel Scheinert et Daniel Kwan aka The Daniels. Avec Michelle Yeoh, Ke Huy Quan et Jamie Lee Curtis.
La première fois qui frappera le spectateur en allant voir Everything Everywhere All At Once c'est la capacité de ce film à sortir des carcans préfabriqués hollywoodiens. L'idée de Everything Everywhere All At Once reste simple : celle d'un multiverse dans lequel Evelyn Wang peut voyager. Si au premier abord on peut avoir l'impression que le film balance tout ce qu'il peut à la figure du spectateur c'est pour mieux construire tout un univers et surtout des personnages. Ce qui ressemble à un running gag devient quelque chose de plus intelligent et plus profond. Notre héroïne est donc Evelyn Wang, une immigrée chinoise qui tient une laverie automatique criblée de dettes à cause de toutes ses passions qu'elle n'a jamais pu terminer d'apprendre et vit une crise existentielle. Au delà du fait qu'elle sent que son potentiel n'a jamais été utilisé, sa fille se sent mal aimée et son mari, qui pense que le malheur de sa femme est sa responsabilité (car la raison première que l'on pourrait penser n'est pas celle que l'on a in fine).
Evelyn Wang est à bout : elle ne comprend plus sa famille, son travail et croule sous les impôts... Soudain, elle se retrouve plongée dans le multivers, des mondes parallèles où elle explore toutes les vies qu'elle aurait pu mener. Face à des forces obscures, elle seule peut sauver le monde mais aussi préserver la chose la plus précieuse : sa famille.Michelle Yeoh tient ici le rôle d'une carrière. L'actrice brille du début à la fin et a la place de briller. Les Daniels offrent à l'actrice un personnage touchant et attachant en plus d'être particulièrement drôle et piquant à d'autres. Si les prémices de Everything Everywhere All At Once sont étranges, le film parvient à délivrer quelque chose de fort rapidement et surtout un sens du rythme qui nous happe pendant les deux heures vingt de film. Les " règles " de Everything Everywhere All At Once sont assez complexes mais grâce à une mécanique narrative huilée, le film parvient à nous les faire comprendre au fur et à mesure que le film avance. Toute l'inventivité du récit ne tient pas vraiment dans le multiverse (qui est ici exploité à merveille). Je dirais que Everything Everywhere All At Once est à ranger aux côtés de Spider-Man: New Generation dans l'utilisation de ces mondes parallèles multiples avec ingéniosité. C'est créatif et réellement sans temps morts. On est constamment happés par le produit et l'on peut avoir l'envie incessante d'en redemander.
Le message d'Everything Everywhere All At Once c'est que la société part en saucisses et que derrière l'hypocrisie de l'être humain se cache sa propre fin. Le film parle surtout d'une histoire de famille (et la fin est déchirante) mais utilise ce prisme pour faire passer un véritable message universel. Les scènes d'action sont toutes plus inventives les unes que les autres, prenant exemple sur énormément d'inspirations pour mieux se les approprier à sa façon. Les Daniels ont un amour du cinéma qui transpire jusqu'au bout de leur film qui à son issue vous paraîtra trop court. La folie de Everything Everywhere All At Once sert quelque chose et cette anarchie constante est là pour signifier ce que l'on ressent : on perd tous les contrôles, quelque chose ne va pas dans notre monde et tout ce qui nous entoure est en train de nous plonger dans le chaos que seul la gentillesse pourrait aider. Une brillante idée est ici exploitée à merveille entre rires et larmes. J'ai déjà envie de retourner dans ce multiverse là.
Note : 10/10. En bref, un intemporel voué à devenir culte. Michelle Yeoh tient ici le rôle d'une carrière. Bluffant.
Sorti le 31 août 2022 au cinéma