Eloge de la fuite

Versailles-Les grandes eaux

Je m’accorde la liberté de ne pas honorer les promesses faites sous la contrainte y compris la mienne. Ne comptez pas sur moi! Ne prenons pas de rendez-vous, je ne suis pas sûr de m’y rendre d’ailleurs ne soyons pas amis vous seriez trahis ou déçu ou les deux et surtout je suis inapte à la discussion où je ne pourrais dissimuler suffisamment  longtemps ma stupidité sous une lourde couche de pseudo culture. J’y perdrais toute ma spontanéité et je deviendrai s vite ennuyeux. Si vous y tenez ayons des relations espacées et des échanges brefs où je vous demanderais de m’écouter attentivement sans attendre de moi une attention calibrée sur la vôtre, sachez que ma concentration est limitée n’attendez pas de moi que je mémorise des prénoms et des dates et surtout, surtout  ne m’aimez pas !

Mon idée de l’amitié est certainement obsolète. En tout cas, elle l’est devenue à ton contact comme beaucoup d’autres valeurs. Je me suis enrichie de toi sans m’obérer pour autant. C’est cela qui fait de notre rencontre un fait anodin qui mérite que l’on s’y arrête un instant. Nous sommes exceptionnels, comme tout le monde. Il y a une marge entre le banal et l’exceptionnel, des rencontres qui nous font changer de trajectoire, celles qui nous donnent envie de marcher cote à cote, celles qui nous remettent  sur la trajectoire puis, l’azimut retrouvé, nous font continuer  chacun à son allure

L’idée de s’être trompé est une paresse de la pensée. On évacue d’un revers de main ce moment d’égarement, lucide, qui conduisit à une intersection, improbable, pourtant vécue à l'écart de toute logique, parce que  nous sommes des êtres raisonnés qui ne s’engagent pas à la légère sur le passionnant chemin de la surprise riche en rebondissements. Aujourd’hui  nous ne sommes plus les mêmes même si nous ne sommes plus tout à fait des étrangers. Erreur, conflit et rupture ne font plus partie de mon vocabulaire parce que, à la relecture, ces concepts à la con faussent mes analyses.

Nous avons tous des besoins physiques et émotionnels que nous devons satisfaire par l’interaction avec une personne de confiance. Seulement il faut trouver la bonne personne pour le faire. On trouve rarement l’harmonie dans la diversité alors quand une personne nous empli il faudrait être dingue pour ne pas se sublimer. Faut- il tout se dire ou laisser les choses se révéler ? Faut-il nommer les choses de l’affect ? Amants, amis ? Amis devenu amants, amants devenus amis ? Changement de statuts avec porosité de la cloison entre le canapé et le lit, cette conception de l’amitié m’a convenu un temps jusqu’à ce qu’elle devienne stressante. Sans doute que le chacun chez soi n’était qu’affaire de kilomètres et d’inégalité de moyens. J’ai mis à jour ma conception vieillotte de la relation genrée. J’espère d’une femme qu’elle n’ait  pas besoin d’un homme, qu’elle soit de celle qui donne envie d’être fidèle et qu’elle soit dans un désir identique garçon fragile avec des tiroirs séparés où les sentiments sont hiérarchisés. Un homme sur qui compter plutôt qu’une compilation de complications et de dérobades. Un voisin de bonne compagnie à Paris quand "il ne se met pas la pression" et un ami géographiquement éloigné qui laisse de l’espace pour l’intime. Je vais laisser au temps le soin de révéler doucement cette évidence que je suis devenu incontournable jusqu’à ta retirada sans l’enjeu ni le désir du partage d’un quotidien qu’à vrai dire je n’ai jamais souhaité et tant pis si la concurrence propose un meilleur produit. Nous ne pouvons pas perdre ! Selon un sondage, si les hommes craignent pour leur ego dans leur relation aux femmes, les femmes craignent la violence des hommes. Une simple maladresse langagière en fait partie

Je ne me retrouve pas ou plus dans la peur du ridicule ni dans une présomptive dangerosité même si notre historique m’oblige à concéder que la violence commence par une décision brutale ou réside dans l'aveu maladroit d'un désir inopportun.

Sans doute suis-je un homme déconstruit susceptible de rechute