Les statines, des hypolipidémiants couramment prescrits, semblent assurer aussi une fonction immunitaire plus protectrice chez les femmes selon cette nouvelle recherche menée à l’Université du Connecticut (UConn). Ces nouvelles données permettent de mieux préciser, mais sans tout à fait la comprendre, la relation entre le métabolisme des lipides et la réponse immunitaire, et pointe des différences spécifiques au sexe dans le métabolisme des lipides.
Le cholestérol a plutôt mauvaise réputation en raison de son association avec les maladies cardiovasculaires pourtant son rôle dans l'organisme est beaucoup plus nuancé :
- si des niveaux trop élevés de cholestérol peuvent favoriser son accumulation dans les parois de nos artères et provoquer des maladies cardiovasculaires ;
- les molécules de cholestérol jouent un rôle essentiel dans la structure et les voies de signalisation de nos cellules et, comme les scientifiques commencent à le comprendre, dans la fonction immunitaire. De précédentes études in vitro et in vivo ont ainsi suggéré le rôle important des lipides dans la modulation des cellules immunitaires, mais il existe à ce jour, peu de preuves de cette relation chez l'homme.
Quelle association entre les lipides sériques et les anticorps antinucléaires ?
Quelle association entre les taux de lipides sériques (cholestérol total, HDL et LDL et triglycérides) et les anticorps antinucléaires (ANA : antinuclear antibodies) ?
- Les ANA sont un type d'auto-anticorps courant et un marqueur diagnostique et prédictif des maladies auto-immunes, des maladies cardiovasculaires et de décès. La présence d'ANA peut également indiquer l’activation ou le dysfonctionnement immunitaire en réponse au renouvellement cellulaire ou à des agents pathogènes. C’est notamment le cas en cas d’infection COVID-19.
- On sait par ailleurs que des niveaux de lipides vraiment élevés peuvent inciter nos cellules immunitaires à être plus réactives. Des études animales ont déjà montré que des niveaux très élevés de lipides peuvent induire une auto-immunité.
L’étude : les chercheurs ont donc décidé d’étudier les effets de l'utilisation des statines dans l'auto-immunité. Alors que certaines études ont rapporté des effets anti-inflammatoires des statines chez des patients atteints de maladies auto-immunes, d'autres ont suggéré que les statines peuvent favoriser le développement de maladies auto-immunes.
- La nouvelle étude montre que l'utilisation des statines induit un effet bénéfique chez les femmes, mais pas chez les hommes. Ainsi,
- les femmes prenant des statines sont 75 % moins susceptibles d'être ANA+ que celles qui n'en prennent pas. Cela suggère que chez les femmes, les statines « éloignent » le risque de maladies auto-immunes, de maladies cardiovasculaires et de décès, voire de complications sévères en cas d’infection.
Alors les statines favorables à l’immunité féminine ? Alors que l'adhésion au traitement par statine peut ne pas être aussi forte chez les femmes parce qu'elles ressentent plus d'effets secondaires, il est important de prendre en compte ce nouvel avantage immunitaire, spécifique au sexe, dans le rapport bénéfice-risque du médicament.
L’auteur principal, le Dr Catherine Andersen, professeur agrégé de nutrition, appelle à « poursuivre les recherches sur ces médicaments cardiovasculaires traditionnels qui ciblent le métabolisme des lipides mais pourraient également offrir des avantages immunitaires ».
Source: Frontiers in Medicine May, 2022 DOI: 10.3389/fmed.2022.887741 Sex-Specific Associations Between Serum Lipids, Antinuclear Antibodies, and Statin Use in National Health and Nutrition Examination Surveys 1999–2004
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Équipe de rédaction SantélogOct 4, 2022Rédaction Santé log