Après avoir étudié le déroulement du championnat de France où l'ASPO Tours s'est offert son deuxième titre, passons aux parcours des clubs français en coupes d'Europe et à celui de l'équipe de France dans les qualifications pour les Jeux Olympiques de Moscou.
Cinq clubs français participaient aux trois coupes européennes, Le Mans le champion de France en titre disputait bien sûr la coupe des clubs champions, Caen en sa qualité de dauphin était engagé en Coupe des vainqueurs de Coupe, enfin Tours, Orthez et Mulhouse jouaient la Coupe Korac. L'Asvel, troisième du dernier championnat et qualifié donc pour cette Korac, déclinait l'invitation pour mieux briller en championnat et tenter de remporter un 15ème titre de champion de France.
Le SCM Le Mans entamait la compétition dans une poule de quatre équipes (avec Bruxelles, Vienne et Den Bosch) où seul le premier obtenait son ticket de qualification pour la poule finale à six dans laquelle les deux premiers de celle-ci devaient se disputer le titre sur une finale sèche. Pourtant bien partis en championnats avec 4 succès en 5 rencontres, les hommes de Bob Purkhiser se manquaient complètement en échouant nettement que ce soit à Bruxelles (91-78) ou à Vienne (86-72). Les sarthois étaient donc dos au mur lors de la réception des néerlandais de Den Bosch et du fameux Lister, vainqueurs de leur 2 premières sorties européennes. Pouvant compter sur un Greg Parham intraitable au rebond, le SCM se relançait. En remportant ces deux autres rencontres à la Rotonde, 111-98 contre Bruxelles et 99-84 contre Vienne, la qualification redevenait même envisageable malgré l'apport offensif insuffisant des américains Parham et Lindsey. Mais pour cela il fallait vaincre en terre batave. Malheureusement jamais dans le coup, les champions de France s'effondraient (94-65) pour conclure leur parcours européen par la petite porte.
Den Bosch se qualifiait donc pour la poule finale où les hollandais, avec 3 succès en 10 matches, se plaçaient à la 5ème place juste devant le Partizan Belgrade. Le Bosna Sarajevo et le Sinudyne Bologne, respectivement 3ème et 4ème, ne pouvaient empêchaient le Maccabi Tel-Aviv et le Real Madrid de se disputer le titre majeur européen que remportait finalement les espagnols après une victoire 89-85.
Caen, habitué des joutes européennes, représentait la France en Coupe des Coupes. Depuis sa première apparition en coupe korac en 1972, année de la fondation de celle-ci, Caen avait disputé pas moins de cinq Korac et 2 coupes des coupes. Quarante-deux matches européens en neuf années avec une place de demi-finaliste en coupe des coupes 1978. Cette expérience permettait de gérer tranquillement le premier tour contre les finlandais de Kinatts Pyrimfelag défaits deux fois dans les grandes largeurs (100-84 et 88-74). En huitième de finale, les suédois d'Uppsala craquaient chez eux 86-73 devant la réussite du quatuor Miller (30pts), Dobbels (20pts), Riley (18pts) et N'Diaye (14). Ménageant ses forces au retour, les caennais s'inclinaient de 3pts (82-85) mais conservaient le bénéfice de leur excellent match aller pour atteindre les quarts de finale.
A ce niveau de compétition, les huit équipes étaient divisées en deux poules de quatre où les deux premiers se qualifiaient pour des demi-finales en match aller-retour avant une finale sur un match. Reversé dans la poule des hollandais de Leiden, des grecs du Panathinaïkos Athènes et du leader du championnat italien Cantu, la tâche apparaissait pour le moins ardue. D'ailleurs d'entrée, les normands s'inclinaient lourdement à l'extérieur sur les parquets de Leiden (106-77) et de Cantu (96-81). Malgré une victoire arrachée à domicile contre le Pana (84-82) le vice-champion de France retombait à trois nouvelles reprises lors des matches retour. Malgré l'élimination les normands livraient un nouveau match de gala contre Cantu. Le vainqueur des trois dernières coupes des coupes étaient ainsi poussé en prolongation après un panier à l'ultime seconde de Pierre Galle. Le grand Cantu de Mario Beretta, Marzoratti et des américains Wayne Smith et Bruce Flowers (35pts) finissaient par l'emporter dans la douleur (112-107). Premier de la poule, Cantu sortait Leiden en demi-finale avant de céder contre une autre équipe italienne, Varèse, 90-88 après prolongation, lors de la finale.
Enfin Tours, Orthez et Mulhouse défendaient leur chance dans la troisième coupe d'Europe, la Korac. Les alsaciens décevaient en s'inclinant dès le premier tour contre les modestes anglais de Coventry. Privé de Barry White, blessé lors de la quatrième journée du championnat à Limoges, Mulhouse peinait à retrouver son efficacité. La défaite d'1pt (97-96) en terre anglaise laissait pourtant de grands espoirs mais la fin du match retour tournait au cauchemar. S'appuyant sur un formidable Meely, Mulhouse tenait sa qualif en menant 92-85 à 2'30 de la fin quand sur une décision arbitrale litigieuse, un spectateur entrait sur le terrain et frappait l'arbitre. Le club alsacien perdait ses moyens à la reprise du jeu pour s'incliner de trois points (76-79). Elimination, amende et suspension de terrain pour deux saisons concluaient l'aventure européenne.
L'ASPO Tours, finaliste de la Coupe des Coupes 1976 contre Milan, entamait la compétition avec ambition, disposant tranquillement des suisses de Nyon en 1/8ème de finale (deux victoires: 111-102 et 107-96) pour se qualifier pour les quarts de finale. A ce stade de la compétition, les 16 équipes qualifiées étaient réparties en 4 poules de 4 où seul le premier de chacune des poules se qualifiait pour des demi-finales disputées en match aller-retour avant une finale en une manche. Intraitable dans son palais des sports devant Tel-Aviv (92-85), Sienne (101-92) et les Yougoslaves de Cacak (93-91), Tours échouait à l'extérieur. Tout se jouait sur le dernier match où une victoire tourangelle en terre yougoslave assurerait la qualif pour les 1/2 finales. Malheureusement, une fois encore, les Sénégal, Pondexter, Cachemire ou Vestris craquaient à l'extérieur mettant fin à leur parcours européen.
Orthez échouait au même stade que les tourangeaux après avoir difficilement sorti les italiens de Forli en 1/8èmes de finale. Il faut dire que les italiens de Rudy Hackett, Anderson ou Francheschini avaient du répondant. Après l'échec 76-68 en Italie, George Fisher, le nouveau coach de l'équipe, reprenait du service sur le terrain. Une défense de zone combinée à une double boîte sur Hackett permettait aux béarnais de refaire une bonne partie de leur retard à la mi-temps (48-41) malgré la réussite d'Anderson l'autre américain de Forli. La Moutète serrait les dents en 2ème mi-temps quand après avoir été mené de 25pts, Forli revenait dans les dernières secondes pour finalement ne s'incliner que de 12pts (87-75). C'était juste mais suffisant pour s'ouvrir les portes des quarts de finale et retrouver le champion sortant le Cibona Zagreb, Badalone et les allemands de Wolfenbuettel. Victorieux deux fois des allemands tombeurs de l'AEK Athènes en 1/8èmes, défait de peu à Zagreb (84-79), l'Elan restait dans la course aux 1/2 finales après son succès à la Moutète sur Badalone (87-73). Tout se jouait à la maison contre les tenants du titre yougoslaves. Malgré une résistance héroïque, les béarnais s'inclinaient de quatre petits points (84-88) laissant Zagreb continuait sa route en demi finale. Mais cette année 1980 devait sourire aux italiens, qui après la coupe des coupes remportaient la Korac grâce au succès de Rieti sur le Cibona en finale 76-71.
Au final le parcours européen des clubs français en 1980 fut loin d'être glorieux, mais l'ASPO Tours, Orthez et Caen offrirent à leurs publics quelques succès de prestige, que ce soit contre le Pana, Tel-Aviv, Sienne, le Cibona Zagreb ou Badalone. Actuellement on s'en contenterait amplement.
L'équipe de France jouait gros lors de cette saison 1979-80. Dans l'ombre depuis plusieurs années, les Jeux Olympiques de Moscou étaient l’occasion de faire revenir le basket français sur le devant de la scène. Mais pour en arriver là, il fallait d’abord passer par un terrible tournoi de qualification.
Afin de se préparer au mieux à ce tournoi qualificatif pour les JO, le « Club-France » enchaîna tout au long de l’année les matches et tournois amicaux de préparation. Le tournoi de Paris, disputé durant les vacances de Noël 1979, constitua le premier rendez-vous de la saison. Pour le sélectionneur Pierre Dao : « c’est une reprise de contact à ne pas manquer avec l’URSS, la Tchécoslovaquie et la sélection américaine des Athlets in action ». Dao en profitait pour essayer son jeune pivot qu’il entraîne le reste de l’année à l’ASPO Tours, le géant Georges Vestris. Le claquage de Mathieu Bisseni, l’intérieur orthézien, était aussi l’occasion de faire revenir le naturalisé Bob Riley toujours aussi efficace sous les couleurs caennaises. Si les Bleus ne remportaient qu’une victoire aux dépens de la sélection américaine, la courte défaite face aux tchèques (80-78) était des plus encourageantes. L’équipe était compétitive, restait plus qu’à lui forger une âme. Dao était d’ailleurs le premier à le reconnaitre : par expérience, je sais qu’il faut développer maintenant un état d’esprit pour se surpasser. » Etat d’esprit que ne possédait plus Saint-Ange Vébobe qui de sa propre volonté abandonnait la sélection.
Fin mars, la sélection composée de 16 joueurs se rendait aux Etats-Unis. Dans l’optique du renouvellement, Dao intégrait cinq espoirs : Cazalon, Cham, Hufnagel, Szanyiel et Vestris. A Colorodo Springs, la France s’inclinait par deux fois contre le Canada (89-73 et 85-62). Jean-Michel Sénégal et Eric Beugnot étaient grippés, plusieurs autres en petite forme, mais Dao tentait toujours de positiver : « Tout n’est pas mauvais dans cette tournée américaine. Les joueurs se sont retrouvés pour oublier les problèmes du championnat. Maintenant, le calme est revenu au sein de la sélection. »
L’équipe s’envolait ensuite pour un tournoi en Hongrie. Hervé Dubuisson y retrouvait « sa patte », Apollo Faye démontrait à nouveau ses qualités de rebondeur, seul l’absence sur blessure de Bill Cain s’avérait problématique. Le bilan hongrois était plutôt bon avec quatre victoires en cinq matches (défaite contre la RFA 94-83) dont une sur notre bête noire, la Grèce, 94-85. A deux semaines du tournoi préolympique, la tournée espagnole balayait ce début d’optimisme. Face aux meilleures sélections européennes, la France coulait : -20 puis -36 contre les Soviétiques, -20 contre les espagnols, -24 contre les italiens. L’équipe était même balayé de 19pts contre les néerlandais et le seul succès du voyage ibérique contre les Espagnols d’ailleurs (93-90) ne rassuraient en rien. A 10 jours du tournoi de qualification l’heure était grave et Dao mettait son équipe au pied du mur : « Mes hommes ont dix jours pour retrouver adresse et forme. On parle de clans. Je suis prêt maintenant à abattre les murs ». A Gien pour le dernier match de préparation perdu à nouveau contre les Tchèques, les français opéraient sans Apollo Faye écarté pour indiscipline. Dao choisissait le manceau Jacky Lamothe, un boute-en-train capable de « décrisper » le groupe. Voici le groupe se rendant en Suisse pour le tournoi préolympique : JM Sénégal, Jacques Monclar, Victor Boistol, Hervé Dubuisson, Eric Beugnot, Jacques Cachemire, Daniel Haquet, Bill Cain, Philippe Szanyiel, Jacky Lamothe, Georges Brostherhous et Robert Riley.
La France débutait par deux victoires faciles sur des modestes adversaires, l’Autriche (83-70) et la Norvège (96-77). Cachemire profitait du match contre les scandinaves pour fêter sa 200ème sélection. Contre Israël, le degré de difficulté montait d’un cran. Heureusement l’esprit commando commençait à prendre forme et malgré l’égalisation de dernière seconde du géant Boatwright (77-77), l’équipe arrachait la victoire en prolongation (85-81). Le dernier match de poule perdu contre les Turcs sur un tir à la dernière seconde de Guler (78-76) n’empêchait pas les Bleus d’atteindre la 2ème phase où les tickets pour Moscou étaient distribués.
Malheureusement, à la veille de débuter la seconde phase contre la suède, Eric Beugnot se blessait. Diagnostic du docteur : 8 jours de repos. La France s’imposait cependant sans frayeur 95-80 avant de tomber devant une squadra azura ultra dominatrice (110-84). La pilule était bien avalée puisque les Bleus frôlaient l’exploitle lendemain contre les espagnols (103-100) grâce au duo Brostherhous-Dubuisson. La France semblait lancée et la Pologne ne pouvait résister (90-78). Contre la RFA en revanche le couperet passait très prêt (80-79). Dao en convenait : « nous avons été très maladroits. Enfin le résultat seul comptait ». Tout devait donc se jouait sur le dernier match contre les tchèques. Seule une victoire validerait le ticket pour Moscou. Le match, étonnement décousu dans un tel contexte, offrait un suspens fabuleux. Kropilac égalisait à 99-99 à l’entame de la dernière minute. Cachemire redonnait un point d’avance aux Bleus en transformant un de ses 2 lancers-francs. Kropilac à nouveau égalisait à 20 secondes du terme en manquant lui aussi un précieux lancer. Dubuisson échouait ensuite et Babrenec sur la contre-attaque marquait … juste après le buzzer. Il fallait jouer une prolongation. Jacques Monclar et Bob Riley arrachaient une nouvelle égalisation à l’entame de la dernière minute (112-112) mais Babrenec réussissait finalement le tir victorieux qui renvoyait nos Bleus à la maison.
La déception était immense tant le coup passa prêt. Mais au lendemain du tournoi, on apprenait que la sélection française pourrait éventuellement être repêchée par la FIBA. Pour Robert Busnel, président de la FFBB et vice-président de la FIBA, ça ne faisait pas de doute : « nous irons à Moscou. » Mais le CNOSF intervenait alors pour s’opposer à cette qualification. Claude Collard adressait un télégramme laconique aux présidents des fédérations de Basket, Foot, Hand, Volley, Natation et Hockey sur Gazon confirmant la décision initiale du CNOSF qu’aucune équipe de sport collectif non qualifiée aux épreuves préliminaires ne serait engagée aux JO de 1980. La pilule était dure à avaler. Dao ne mâchait pas ses mots : « Le CNOSF n’avait rien à dire en pareille circonstance. La fédération était la seule à pouvoir juger… J’ai suivi la polémique de loin… Je suis écœuré de cette magouille et surtout de ce règlement de comptes. » A Moscou les quatre premières équipes furent européennes (dans l’ordre Yougoslavie, Italie, URSS et Espagne). Le souvenir de la courte défaite contre les espagnols laisse à penser que les Bleus avaient peut-être un coup à jouer. En tout cas c’était une occasion inespérée de positionner le basket français sur les devants médiatiques puisqu’aucun sport français ne s’était qualifié pour Moscou.