J'avais visité Sienne pendant un jour et demi en 2014 avec mes parents, nous y avions en fait casser le trajet entre Naples et Cinque-Terre pour y passer une nuit entre deux demie-journées de visite rapide. Il Campo, et la vue de la Torre del Mangia n'étaient donc pas des nouveautés pour moi, ni la façade de sa cathédrale, mais nous n'avions pas eu le temps de tout visiter en un si court passage d'où un retour à Siena - je n'aurais pas pu rater cette occasion alors que je suis installé tout près (Florence).
J'ai donc découvert tout plein de vues de Sienne que je n'avais pas pu voir (ou auxquelles je ne pouvais pas accéder en 2014 - voir par exemple à la fin de ce billet la vertigineuse nouveauté offerte aux visiteurs.
Même quand on se souvient de l'endroit, Il Campo procure un effet "wow". C'est une des plus belles places publiques d'Europe. Grandiose et reposant à la fois.
La cathédrale de Siena a énormément à offrir; la façade, sa pierre zébrée son campanile majestueux... et c'est sans compter son intérieur, et le fait qu'il y a une portion non terminée, un agrandissement médiéval jamais terminé dont on voit une petite partie à droite sur la photo, les nefs étant exposées aux éléments, faute d'avoir été terminées sans toiture.
Détail de la façade, avec (élément pas si courant) un cheval et un boeuf.
Orgie de sculpture et de gargouilles sur la façade de la cathédrale, je ne savais plus où donner de la tête!
L'intérieur - cent fois plus fabuleux que le célèbre Duomo de Florence qui est plutôt sobre - est absolument magnifique. Les colonnes reflètent l'alternance de pierres blanches et noirs de l'extérieur, donnant une allure unique à l'ensemble.
Les multiples nefs et les pierres zébrées donnent un effet forêt de colonnes qui rappelle par moment la Mezquita de Cordoba (sans les arabesques).
Le plancher est abondamment décoré de scènes en pierre incrustées qui ne sont plus visibles aux touristes que quelques semaines par an. Nous avons joué de chance, c'était une de ces rares semaines où les planchers étaient "découverts". (Il y a même une différence dans le prix du billet de visite pour les semaines "sans planchers visibles").
Quelques détails (ci-dessus et avant) d'une rosette des régions entourant Sienne avec leur animal représentatif.
La bibliothèque élaborée sous le pape Pie III, originaire de Sienne, pour la collection de livres (de cantiques religieux) de son oncle (le pape Pie II) est ornée de fresques en trompe l'oeil racontant la vie de Pie II.
Le plancher se poursuit à l'extérieur avec des formes géométriques amusantes et qui sont du plus bel effet. (Suze ici, qui pose pour montrer l'échelle de cette portion sur le côté de la cathédrale elle-même).
On peut désormais visiter le sous-sol du baptistère, où en 1999, on a "(re)découvert" une crypte, qui elle-même avait été érigée sur les vestiges d'une église du 12e siècle. On peut y voir les fascinantes traces des diverses modifications effectuées au fil des siècles.
Certaines fresques de l'ancienne église sont encore particulièrement bien conservées. (Le plancher actuel a été ajouté pour la visite - on peut parfois voir dessous - par des vitres - jusqu'au plancher de l'église originale en contrebas).
Sinon, à part sa cathédrale, Sienne est une ville médiévale qui a su préserver son caractère malgré le passage des siècles. Il parait que c'est en partie du au fait qu'après la "conquête" de Florence, celle-ci a juste cessé de s'occuper de Sienne, laissée à la fois "à l'abandon" donc sans développement, mais aussi "tranquille", donc sans destruction de ses monuments et fortifications. Aujourd'hui, on remercie les florentins de l'époque d'avoir ignoré Sienne, on peut encore profiter de ses rues et portes médiévales. Sur la photo ci-dessus, la Porta Camollia.
Ce qui distingue aussi Sienne, c'est que la plupart des édifices ont gardé leur pierre ou brique extérieures, sans la recouvrir de plâtre, donc la ville a une certaine uniformité moyenâgeuse qui la rend très jolie.
Exemple de charme médiéval.
On aurait tort de croire que Sienne est pour autant une petite ville; c'est grand, le centre historique (à l'intérieur des murs) et comme la ville est haut perchée sur une colline, on y monte et descend sans cesse. Plusieurs rues sont d'ailleurs des escaliers, comme dans le coin de Santo Domenico. (La vastitude de la ville, et ses nombreuses rues en pente abruptes expliquent également pourquoi nous n'avions pu tout visiter en un peu plus qu'une demie-journée en 2014).
Sinon, comme plusieurs villes médiévales, les rues sont très étroites et sont souvent surmontées d'arcs reliant (ou supportant) les édifices se faisant face.
Vue panoramique d'une partie de Sienne, vu de la Piazza San Domenico. On y distingue, au centre, la Torre del Mangia, et à droite, le Duomo et son campanile.
Centre historique de Sienne.
Rue "sous des arches" dans le centre historique.
Sienne est divisée en "contrade", des quartiers/clans pour lequel chaque citoyen ressent une sorte de fidélité/appartenance. Aide communautaire, mais aussi "saine" compétition avec les autres "contrades" lors d'événements sportifs (comme la célèbre course de chevaux qui a lieu au Campo annuellement). Chaque contrade a son drapeau, son animal, ses couleurs, et on peut voir ces éléments un peut partout sur les édifices en ville, selon les propriétaires, les quartiers, etc. (Photo ci-dessus, détail d'un crochet sur un immeuble, avec l'animal d'un clan).
Drapeaux des contrades de ce secteur de la ville.
Porte lampadaire de rue aux couleurs d'une contrade de Sienne.
Mais j'en arrive à ce qui distingue le plus la cathédrale (et cette seconde visite à Sienne) de ce que j'ai visité auparavant. Au début du 14e siècle, des plans ont été élaboré pour doubler la grandeur de la cathédrale, et on a rapidement entamé les travaux. Malheureusement, après le passage de la peste et la réduction drastique de la population, les fonds ont manqué et les travaux ont été abandonnés. Aujourd'hui, il y a donc le squelette partiel de trois nefs perpendiculaires à l'édifice principal, qui apparaissent donc comme des vestiges de ce projet. Sur la photo ci-dessus, on voit donc les arches et une colonne de cette partie "inachevée", et donc extérieure, de la cathédrale.
La nef de gauche a été partiellement "fermée" avec des briques pour former le musée de la cathédrale. On distingue toutefois encore les colonnes. La nef centrale n'a que la façade incomplète (au centre de la photo), de même que la nef de droite.
Plan rapproché de la façade inachevée de l'agrandissement de la cathédrale... Bon, maintenant, la surprise: depuis peu, on peut monter dans la structure pour visiter le projet, et avoir des vues imprenables de Sienne... On se balade d'abord dans des escaliers de marbre en colimaçon pour aboutir sur la portion la plus basse. Sur la photo ci-dessus, on parle de marcher sur la structure au-dessus des fenêtres du bas, donc jusqu'au bout à droite. L'affaire est assez spectaculaire (et vertigineuse).
De ce point de vue, on peut donc voir ceci - c'est la portion la plus haute, la fenêtre du centre de la nef principale - revoir la photo précédente pour la vue d'ensemble. On remarque que malgré l'abandon rapide des travaux, une partie des éléments sculptés étaient déjà complétés ou très avancés (le "plafond" de cette arche, par exemple).
Puis, dans un second temps, après un autre escalier en colimaçon, on peut monter par-dessus cet arche, et se retrouver en haut complètement du squelette de ces nefs. (Revoir la photo précédente, on parle de se tenir en haut complètement de la structure - très vertigineux!)
Les vues sont évidemment à couper le souffle - ici, juste une photo du dos de la façade, captée à hauteur de cathédrale, avec la campagne toscane à l'horizon.
La vue sur Il campo et la Torre del Mangia est aussi étourdissante.
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Sienne, comme bien des endroits déjà visités, m'a donc fait vivre de nouvelles expériences et a parfaitement justifié cette seconde visite.
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