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La Société de développement commerciale, un mur et l’art graffiti

Publié le 14 août 2008 par Raymond Viger

La Société de développement commerciale, un mur et l’art graffiti

Notre organisme, le Journal de la Rue, intervient auprès des jeunes depuis 1992. Nous avons débuté au moment même où le graffiti de la culture Hip Hop faisait son entrée à Montréal.

Sous la demande des jeunes que nous accompagnons, en 1997, nous avons créé un milieu de vie pour les graffiteurs: le Café-Graffiti, situé dans Hochelaga-Maisonneuve.

Nous avons été très impliqué dans la vie communautaire du quartier Hochelaga-Maisonneuve. Organisation de festivals jeunesse, réappropriation du Parc Morgan, réalisation de murales… Nous avons même été administrateur de la Société de développement commerciale. Plusieurs de nos jeunes artistes ont réalisé bénévolement et à leurs frais des murales.

Les dirigeants de l’artère commerciale décident de continuer dans la direction artistique déjà en place et d’augmenter le nombre de murales que nous retrouvons sur Ste-Catherine. Le nouvel employé en charge de ce projet repère des murs et donne le contrat à un entreprise de gérance d’artistes de faire un certain nombre de murale sur l’artère commerciale.

La sauce se gâte le jour où un de nos artistes graffiteurs se rend compte que deux personnes sont en train de passer le rouleau sur une des murales d’un graffiteur. Frustrés, plusieurs téléphones se donnent et nous faisons arrêter les travaux. Nous rencontrons le jeune responsable qui a pris cette décision pour lui partager les raisons de notre frustration.

Nous avons travaillé très fort pour éduquer les jeunes artistes du graffiti à demander l’autorisation aux propriétaires d’un mur avant de réaliser une murale. D’un art vandale, nous avons transformé le graffiti sauvage en un art urbain accepté et négocié.

L’artiste, connu dans le quartier, avait signé son travail et avait laissé le numéro de téléphone sur la murale. Compte tenu que la recherche de murs est exigeante, quand un artiste graffiteur en trouve un et réalise à ses frais un travail qui a pris 3 semaines à faire, il s’attend à être respecté.

Si un groupe veut augmenter le nombre de murales, pourquoi détruire une murales déjà en place? Il serait plus logique d’en faire de nouvelles sur de nouveaux murs, ainsi le nombre de murales augmenteraient. Quelqu’un avait jugé que la murale était trop violente. La représentation d’un requin ne faisait pas consensus.

Au lieu de rencontrer l’artiste, les dirigeants ont décidé de détruire la murale. Si l’artiste avait été rencontré, quelques changements auraient pu être négocié. Au lieu de cela, on détruit une oeuvre qui valait tout de même 5 000$! De plus, qui sommes-nous pour juger de la qualité d’une oeuvre artistique?

Si, en tant que société, nous n’acceptons pas que des jeunes vandalisent nos murs et que nous les éduquons à demander l’autorisation, pourquoi ne pas faire la même chose avant de détruire une oeuvre d’un jeune artiste? Simple question de respect. Question d’être cohérent avec ce que nous exigeons des jeunes artistes.

Les dirigeants ont été rencontré. L’artiste va reprendre son mur. Un événement qui nous a causé beaucoup de frustrations et exigé un branle-bas de dernière minute.

Dossier graffiti et commentaires du rédacteur sur le graffiti.

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