François Loncle vient d'offrir quelques livres de (ou sur) PMF au Président de la République.©Jean-Charles Houel
Le 18 octobre dernier, jour
du quarantième anniversaire de la disparition de Pierre Mendès France, le Président de la République a rendu « un hommage discret » (1) à
l’ancien Président du Conseil, ancien député et président du conseil général de
l’Eure, ancien maire de Louviers…mais un hommage quand même. D’un commun accord avec François Loncle,
actuel président de l’Institut Mendès France, Emmanuel Macron a en effet souhaité
partager un déjeuner à l’Elysée avec une quinzaine de personnalités et
personnes ayant côtoyé PMF dont Joan et Tristan Mendès France, sa
belle-fille et son petit-fils.
Le Président voulait surtout
écouter. Il a donc très peu parlé. Il désirait entendre les témoignages
concrets de ceux et celles qui ont aimé, admiré l’homme que la quatrième
République et les jeux politiciens ont entravé dans ses efforts visant à
conduire une politique de paix, de progrès social et de relèvement national.
Son refus de céder à la démagogie, son obstination à vivre et agir selon des
valeurs et des principes que sa famille notamment lui avait inculqués, l’ont empêché de
réaliser tout à fait son destin. Comme Jaurès, comme Léon Blum, cet homme supérieurement
intelligent, cultivé, curieux de tout, a ouvert (en sept mois et 17 jours) nombre
de chemins et démontré que la politique pouvait être ni sale ni opportuniste. On aurait aimé apprendre d'Emmanuel Macron ce qu'il a retenu sur les plans politique et philosophique d'un Mendès France connu pour sa rigueur et sa lutte contre ce qu'il appelait « la facilité».
Dans son livre « Révolution
» l’actuel Président évoque les personnalités exceptionnelles qu’étaient le général de
Gaulle, à droite, et Pierre Mendès France, à gauche. Je serais bien imprudent d’en
tirer quelque conclusion ou quelque leçon que ce soit. On a décrit, ici ou là, un Emmanuel
Macron « et de droite et de gauche. » Il se
trouve que Pierre Mendès France, lui, a toujours été de gauche, socialiste
plutôt que radical, car il abhorrait le pouvoir personnel et sublimait le rôle
du citoyen au nom duquel les politiques agissent. Et pour lui ce n'était pas de la théorie.
Une question fut posée au président par François Loncle : que penserait-il de l’entrée au Panthéon de Pierre Mendès France (« Aux grands hommes (et femmes) la patrie reconnaissante ») cet « éveilleur de consciences » ? Les tentatives déjà anciennes (en 2012) sont restées lettre morte si l’on compte les réponses polies de François Hollande. L'actuel Président de la République a répondu vouloir étudier l’éventuelle demande qui ne pourrait aboutir qu’en accord avec sa famille. Le maître des horloges aura donc jusqu’à l’année 2027 (sauf surprise) pour que le monde entier apprenne que « l’homme sans qui rien n’eût été possible » (2) a toute sa place parmi les grands Français.
Les discussions d'après déjeuner.©Jean-Charles Houel
J’oubliais. Des invité(e)s important(e)s étaient présents autour de la table dressée dans le salon des ambassadeurs. La pétillante Anne Sinclair, le magistral Jean-Pierre Chevènement, l’élégant Claude Perdriel, le sage Claude Weil, les historien et historienne Robert Frank et Sabine Jansen, l’académicien Eric Roussel…on notait aussi la présence de Sébastien Lecornu (très en verve), ministre des Armées, successeur de PMF à la tête du conseil départemental de l’Eure, de François-Xavier Priollaud, maire de Louviers. Philippe Brun, élu en juin dernier député de la 4e circonscription de l’Eure (NUPES-PS) celle de Pierre Mendès France était absent. La touche d’un macronisme peu soluble dans le mendésisme ?
(1)Comme l’a écrit la journaliste du Monde Claire Gatinois
(2)Le mot de François Mitterrand à PMF le jour de son investiture.