Un exemple de la perversité des soi-disant “désintox”. Ou comment diaboliser une citation mille fois vérifiée dans l’histoire
L’objet de l’article de FranceTvInfo référencé ci-dessous est en apparence simple et anodin.
Il concerne la fameuse citation :
« Il faut condamner celui qui fait la guerre, mais il faut encore plus condamner celui qui a rendu la guerre inévitable »
Elle ne serait pas de Montesquieu mais de l’historien François-Auguste Mignet qui a écrit
« Le véritable auteur de la guerre n’est pas celui qui la déclare, mais celui qui la rend nécessaire »
Dont acte, mais est-ce que cela change quoi que ce soit à ce que signifie véritablement cette citation?
Non, bien sûr.
Mais, le but de cet article des “décodeurs” de France info n’est évidemment pas de rectifier une erreur bibliographique.
Le véritable but de cet article c’est d'utiliser une erreur bibliographique pour décrédibiliser, voire diaboliser, tous ceux qui s’aviseraient d’utiliser cette citation, notamment en ce qui concerne un fait bien contemporain : la guerre en Ukraine.
En affirmant péremptoirement qu’utiliser cette citation (à propos de la guerre en Ukraine) c’est justifier la déclaration de Poutine.
Comme un certain Charles Gave, que les décodeurs, on devrait plutôt dire les encodeurs détestent parce qu’il a l’impudence de dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas.
Il est exact que s’il a souvent tort (c’est quand même un requin de la finance, et pas des moindres), il a parfois raison. Particulièrement, sur les vraies raisons de la guerre en Ukraine, les errements de la Commission européenne et de sa présidente, Frau von der Leyen.
Dans sa conclusion, l’article de France Info qualifie ouvertement la citation de « fakenews ».
Ce qui signifie que tous ceux qui l'emploient seront des colporteurs de fake news. La honte suprême dans un pays où le principal colporteur de fake news est le président de la République, un certain Macron.
Et voilà comment un simple rectification bibliographique permet à des prétendus décodeurs de diffuser perfidement des considérations qui n’ont rien à voir avec l'objectivité historique et tout avec l’idéologie de la doxa actuellement dominante.
En effet, la citation dont il est question ne fait que rappeler une vérité évidente : lorsqu’on veut bien examiner objectivement les raisons d’une guerre, il ne faut pas se cantonner à ceux qui ont déclaré la guerre, mais également aux éventuelles raisons qui auraient pu motiver la déclaration de guerre de Poutine.
Ce n’est pas la première fois dans l’histoire qu’une guerre fut déclarée parce qu’on l'avait rendue inévitable.
Si l’on veut bien se pencher sur les événements dans cette région du monde qui ont précédé l'invasion de l'Ukraine, depuis plus de 20 ans, on ne peut que constater que tout a été fait, essentiellement par les Américains et ceux qu'ils rétribuent en sous-main, pour encercler la Russie par l’intermédiaire de l’OTAN, et aggraver chaque fois que ce fut possible la désintégration de l’ex-URSS.
Je rappelle pour ceux qui l’auraient oublié que lors de l’affaire des missiles de Cuba, en octobre 1962, les États-Unis ont été à un doigt de déclencher un conflit nucléaire avec l’URSS. Uniquement parce que celle-ci avait installé des missiles nucléaires sur l'île de Cuba, c'est-à-dire à deux pas des États-Unis.
C’est exactement ce que fait l’Otan avec la Russie depuis la dissolution de l’URSS.
Je rappelle également que depuis la dernière guerre mondiale, les États-Unis ont envahi manu militari plusieurs pays, sans même prendre la peine de déclarer la guerre.
Ce qui est nouveau, c’est que le États-Unis, qui depuis la dissolution de l’URSS sont devenus les maîtres du monde, dans tous les domaines, économique, financier et militaire, voient aujourd’hui leur suprématie fortement contestée par la Chine, en premier lieu, à laquelle il faut ajouter l’Inde et … la Russie.
Il apparaît très clairement avec cette guerre d’Ukraine que les États-Unis ne se résoudront pas à abandonner leur hégémonie, sans mettre tout en œuvre pour l’empêcher. En allant, s’il le faut, jusqu’au risque de déclencher, non pas directement eux-mêmes, mais en riposte à un éventuel assaillant, un nouveau conflit mondial qui risque d’être nucléaire et définitif pour l’assaillant éventuel.
En effet, les armes nucléaires sont devenues tactiques. C'est-à-dire qu’il est possible, pour les États-Unis, comme pour la Russie, en tout cas, de faire disparaître un ou plusieurs pays de la carte sans aucun dommage pour les USA eux-mêmes.
Comme ils l’ont déjà fait, en 1945, sur Hiroshima et Nagasaki, parce qu'ils n'arrivaient pas à vaincre militairement les Japonais.
Tant il est vrai que pour le système militaro-industriel U.S, qui dirige plus que jamais ce pays :
« La guerre est une poursuite de l'activité politique par d'autres moyens. ». Carl von Clausewitz.
Même si longtemps, comme l'écrivait Michel Foucault :
« La politique fut la continuation de la guerre, par d'autres moyens ».
En conclusion, si Poutine a eu manifestement tort d’envahir l’Ukraine, il avait manifestement des tas de raisons pour le faire.
J’observe par ailleurs que Poutine est par ailleurs un homme politique plutôt patient et avisé car il faut tout de même constater qu’en ce moment il fait la guerre au monde entier sans perdre (encore ?) son sang-froid. Y compris à l’Europe et aux États-Unis qui pourtant ne lui ont officiellement jamais déclaré la guerre.
Inutile de préciser que tout cela est extrêmement dangereux pour l’ensemble du monde en général et l’Europe en particulier. Si l’une des personnes impliquées dans ce conflit, et elles sont très nombreuses, venait à perdre son sang froid, une catastrophe, nucléaire cette fois, ne manquerait pas de s'ensuivre.
Comme vous pouvez le constater, nous sommes très loin d’une simple rectification bibliographique.
C’est pourtant tout cela que cette manœuvre cousue de fil blanc des décodeurs de France Info avait pour but d’occulter.
Le lien vers l'article de France Info