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En deux années de pandémie, l'espérance de vie aux États-Unis s'est effondrée de deux ans et demi !

Publié le 31 octobre 2022 par Guy Deridet

Un édito de Daniel Schneidermann



La diminution est exprimée en mois La diminution est exprimée en mois La diminution est exprimée en mois Covid, malbouffe et espérance de vie



L'essentiel reste souvent inaperçu. En deux années de pandémie, l'espérance de vie aux États-Unis s'est effondrée de deux ans et demi.

Mais, ce n'est pas seulement la faute du Covid-19, explique dans sa chronique du Monde Stéphane Foucart, spécialiste de l'écologie.

  • « Mourir du Covid-19, c'est aussi mourir de l'alimentation industrielle ultra-transformée, souvent la plus accessible, qui favorise le diabète et l'obésité ;

  • c'est aussi mourir d'une variété de pollutions qui dégradent la réponse immunitaire et augmentent de manière parfois spectaculaire la virulence de la maladie ;

  • c'est aussi mourir du dysfonctionnement des systèmes de santé, de l'isolement dû à l'addiction aux opioïdes, ou encore de la dispersion massive de fausses informations – de celles qui détournent du masque ou du vaccin. Mourir du Covid-19, en somme, c'est “mourir d'un virus autant que d'un monde abîmé.»

Aucune « révélation » à proprement parler dans cette chronique de Foucart. Et pourtant elle est « révélatrice » pour bien des lecteurs, sur le mode « ah oui, je n'y avais pas pensé.

Dans la palette des différents genres journalistiques, c'est le rôle d'une chronique, ou d'un article d'analyse, genre exactement situé entre l'enquête d'investigation et la tribune d'opinion : mettre au jour des relations cachées, rapprocher entre eux les différents fléaux qui nous accablent, et établir des liens de causalité, ou des corrélations. Et plus précisément, tenter de distinguer corrélations et causalités.

Ce genre-là, injustement démonétisé aujourd'hui, car parfois jeté avec l'eau du bain des éditocrates des chaînes d'info, est tout aussi émancipateur que « l'investigation » proprement dite.

À première vue, ce rapprochement de différents faits que rien ne semble rapprocher pourrait passer pour une démarche complotiste. Si le complotisme exerce une telle séduction, c'est parce qu'il offre une clé universelle d'explication des fléaux, et en désigne les responsables uniques : il est tellement réconfortant de savoir que tous nos malheurs économiques, sanitaires ou écologiques sont provoqués par les Juifs, par Big Pharma, ou par la finance folle (ou mondialisée) !

Ce qui différencie la chronique de Stéphane Foucart de la démarche complotiste, c'est que la relation entre la baisse de l'espérance de vie aux États-Unis et « l'alimentation industrielle ultra-transformée », le dysfonctionnement des systèmes de santé, ou les fake news, n'est nullement « cachée » par les puissants ou les participants au forum de Bilderberg. Toutes les données sont disponibles pour qui veut bien les rassembler.

Elle est simplement le plus souvent informulée dans la presse grand public, par manque de volonté, de moyens, par paresse intellectuelle, ou par simple fatigue.

Daniel Schneidermann

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