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Une "bonne" colère apporte du cool air et des couleurs à la vie

Publié le 14 août 2008 par Sogbeb

Je-Dis de Gbeton --- Volume II --- Numéro 8 --- 14 août 2008

Une bonne colère vaut mieux qu'une bonne douche.
La douche fatigue, la colère apaise... - Henri Pearson

En amitié, il importe de se fâcher à temps pour n'avoir point à se montrer ingrat
- Pierre Belfond

Quand une femme est en colère, quatre petits baisers suffisent pour la consoler
- Carlo Goldoni.

CE QUE JE DIS

A force d'associer l'agressivité à la violence et la colère à l'agressivité, on en vient souvent à réprimer toute expression de la colère elle-même, considérée ainsi comme une émotion négative. Pourtant la colère est une émotion bien humaine, naturelle et habituellement saine et même utile. C'est pourquoi je dis : "La colère apporte du cool air à la vie : apprenez à faire montre de colère créatrice"

POURQUOI JE LE DIS

Ce samedi soir, Mariétou a fini par avouer à son mari Idy qu'elle ne l'aime plus. Enragé, ce dernier lui assène un coup qui se révèlera mortel pour elle. Ainsi, au lieu de consacrer l'énergie libérée par la frustration (de ne plus être aimé, cette frustration) à reconquérir sa femme, à changer lui-même ce qu'elle ne supporte plus en lui, il détruit l'objet-même de son désir. Ce faisant, non seulement il se prive irrémédiablement de ce qu'il désirait, mais en plus, il s'entraîne dans un immense pétrin. Quelle double inefficacité !


Que ce soit sous forme d'agacement léger ou de rage fulminante, nous avons déjà tous éprouvé cette émotion qu'est la colère. Bien qu'elle soit généralement considérée négativement, la colère peut nous être utile pour surmonter les obstacles, résoudre des problèmes et atteindre des buts élevés. C'est en cela que je dis qu'elle apporte du cool air et des couleurs à la vie. Trois aspects apporteront des éléments d'appui à cette affirmation.

  1. La colère est une émotion normale et indispensable à la vie

Selon la psychologue Michelle Larivey, « La colère est une émotion simple qui traduit l'insatisfaction. » Comme toutes les émotions, elle est même nécessaire aux processus adaptatifs qui permettent de conduire notre vie et nos rapports avec les autres. Elle est déclenchée par le fait qu'il y ait un obstacle : quelqu'un ou quelque chose s'oppose à notre satisfaction. Face à cet empêchement, une quantité importante d'adrenaline est certes libérée dans le sang mais une énergie proportionnelle à la frustration est également créée dans l’ organisme et sera utile à la résolution du problème. C'est pourquoi Richard Bohringer affirme : « La colère ca fait vivre. Quand t'es plus en colère, t'es foutu. » Le tout est de savoir la canaliser au lieu de la laisser exploser. Celui qui peut exprimer sa colère avec justesse n'a pas besoin de la refouler. En réprimant trop souvent sa colère, celle-ci s'accumule et se transforme en une véritable bombe à retardement. « Prenez garde à la colère de l'homme patient », nous prévient John Dryden.

  1. La colère ne conduit pas toujours à la violence ou à l'agressivité

Montaigne a dit « Quand on me contrarie, on éveille mon attention, non pas ma colère. » On devient en effet prêt à se défendre, à conquérir ce qui nous apportera la satisfaction désirée. Selon Sénèque, « L'homme en colère peut n'être pas irascible : l'homme irascible peut quelquefois n'être pas en colère ». C'est lorsqu'on agit impulsivement, en omettant des étapes du processus, qu'on peut aboutir à l’agressivité et à la violence. C'est lorsqu'au lieu de porter la responsabilité de sa vie (nous y reviendrons plus tard dans un billet spécifique), on considère les autres ou la vie elle-même comme responsable de notre bien ou mal être, qu'on tend à devenir violent. C'est ce qui fait dire à Sébastien Lapaque que « la colère, qui désire le mal sous la raison du bien, est un péché singulier. » On devient violent par la colère :

  • en déviant de son objectif de satisfaction ;
  • en se révoltant contre les problèmes de la vie ;
  • en s'attaquant à une mauvaise cible.

La grandeur réside dans la capacité à éprouver de la colère et à la laisser s'exprimer de manière constructive et non destructrice. « Vaincre la colère, c'est triompher de son plus grand ennemi », constate Publius Syrus. C'est pour cela qu' «En amitié, il importe de se fâcher à temps pour n'avoir point à se montrer ingrat. » (Pierre Belfond)

  1. Bien canaliser sa colère pour la rendre créatrice

« Une bonne colère vaut mieux qu'une bonne douche. La douche fatigue, la colère apaise... » Cette citation de Henri Pearson prend tout son sens lorsqu'on sait bien gérer et canaliser sa colère pour la rendre créatrice et constructive. La sérénité doit être de mise si nous voulons que notre fâcherie produise des résultats positifs. « Si tu veux vaincre la colère, elle ne peut te vaincre. Tu commences à vaincre si tu la fais taire » nous indique Sénèque. Pour y parvenir il faut :

  • éviter les débordements de colère intempestifs et garder sa sérénité. En cela Senèque est clair : « La colère n'a rien de grand ni noble. Il n'y a vraiment grand que ce qui, en même temps est calme ». C'est pour cela que Mark Twain conseille : « Quand vous êtes en colère, comptez jusqu'à quatre. Quand vous êtes très en colère, jurez ! » car « Dans la colère, rien ne convient mieux que le silence» (Sappho).
  • prendre conscience et reconnaître sa colère, afin de remettre en question notre façon de voir et prendre du recul, car «Lorsque donc quelqu'un te met en colère, sache que c'est ton jugement qui te met en colère » (Epitecte). Mais la furie, en bloquant la réflexion, annihile cette stratégie : « Il n'est de passion qui ébranle tant la sincérité des jugements comme la colère » (Montaigne). Il faut donc activer le processus de l'intelligence émotionelle ( Prise de consience de l'emotion-capacité à lire les emotions-contrôle de l'emotion-écoute empathique-reconnaissance de la relation entre pensée, sentiments et comportements)
  • se retirer, respirer profondément et se relaxer, si l'on sent qu'on perd le contrôle ;
  • communiquer de manière adéquate, en évitant de sauter aux conclusions mais en écoutant attentivement et en prenant le temps avant de répondre. Le but est de chercher à clarifier la situation avec l'autre. Apprendre à exprimer verbalement et de manière adéquate sa colère est une manière utile de la rendre créatrice. Il faut absolument faire passer le message avec fermeté mais avec le ton qui convient. N'est-ce pas pourquoi Eschiyle nous enseigne que « La parole apaise la colère » ? L'apôtre Paul recommandait déjà aux Chrétiens : « Que le soleil ne se couche pas sur votre colère ».
  • laisser sa colère passer par le stylo en écrivant. Il vaut mieux se défouler sur papier plutôt que sur une personne ! Bien sûr, pas question de donner la feuille à l'autre mais plutôt la jeter à la poubelle.

EN DEFINITIVE, disons avec Michelle Larivey qu' « Une vie sans colère est impossible car celle-ci est la réaction saine devant un obstacle et elle fournit l'énergie nécessaire pour le vaincre. Tenter de la bannir c'est faire fausse route. Il faut plutôt nous soucier d'apprendre à nos enfants à la vivre de manière constructive » Contrôler alors nos réactions de colère peut nous permettre d'être heureux et d'apprécier les couleurs de vie.


LECTURE RECOMMANDEE

La colère, une émotion simple :
http://www.redpsy.com/guide/colere.html

BE BETTER :
La parole enseigne, l'action entraîne.

A jeudi prochain, si Dieu le veut

Gbèton.

Libellés : Management, Philosophie


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