Depuis que je suis en Europe, je retrouve cette propension à économiser sur des choses dont, au Québec, on ne se soucie pas ou peu :
- l'électricité (éteindre les lampes, employer le moins d'eau chaude possible, baisser la température dans la maison pour économiser le chauffage, etc.),
- l'eau (payante en Europe),
- la nourriture (de plus en plus chère partout) qu'on ne gaspille pas.
- et toute sortes d'autres choses.
Quand je suis arrivée au Québec en 1986, j'ai halluciné de voir comment tout était gaspillage. J'arrivais de Suisse où j'étais une fervente écolo qui collectait jusqu'aux couvercles de pots de yaourts en aluminium et allait les amener au recyclage spécifique.
L'eau et l'électricité coûtent très cher en Suisse et en France, cela a toujours été, mais en revenant cette année, je trouve que les économies sont encore plus serrés que je ne l'ai jamais ressenti depuis que je suis partie vivre au Canada en 1986.
Là-bas, j'ai réussi à relaxer un peu sur les économies d'eau, notamment, quoiqu'en ayant toujours une pensée pour la terre quand j'en fais couler un peu trop à mon goût. Sur l'électricité aussi. J'étais tout le temps en train d'éteindre les lampes inutiles et baisser le chauffage au max. Aujourd'hui, au Québec, je chauffe à 22oC. En Europe, on est en moyenne à 19-20.
J'ai quand même toujours employé mon panier à commissions au Québec plutôt que d'utiliser les sacs en plastique, enfin devenus payants depuis seulement 2 ou 3 ans alors que, en Suisse, on paie les "cornets" (sacs en papier, même plus en plastique) depuis au moins 50 ans.
Alors que j'étais encore à l'école, en Suisse, on écrivait dans des cahiers de papier recyclé un peu brunâtre ou gris. Même le papier de toilette était recyclé, un peu rêche, uni et coloré de la couleur de la terre. Au Québec, il était blanc doux avec de jolis motifs.
La crise du Covid suivie de la guerre en Ukraine puis les annonces de coupes d'électricité et d'eau depuis plusieurs mois font que les gens prennent encore plus soin de leur maison et de leur porte-monnaie. On sent la peur de manquer.
Les gens ne sont pas radins mais économes, contrairement à ce qu'on pourrait croire pour certains. Ils ne veulent juste pas se laisser happer par le système qui veut les presser comme des citrons par des hausses de prix débiles alors ils économisent sur plein de choses.
Cela me fait bizarre de les voir agir ainsi (pas tous, bien sûr) car j'ai toujours eu une profonde confiance en la vie et dans le fait que je ne manquerai jamais de rien. Dans le fait qu'on doit se permettre de se faire des cadeaux, des plaisirs de temps en temps, aussi petits soient-ils, comme d'aller manger au restaurant plutôt que de toujours manger à la maison, par exemple.
La vie sans cadeaux de temps en temps est morne et routinière pour moi. J'aime sortir parfois, voir du monde, manger différemment. La nourriture a toujours été mon cadeau premier quand je n'avais que peu d'argent pour vivre. Je trouvais toujours le moyen de manger de façon équilibrée et suffisante tout en ayant bon goût.
Durant les confinements des dernières années, j'ai retrouvé le plaisir de faire à manger tous les jours juste pour moi sans plus jamais aller au restaurant et j'ai grandement apprécié... mais j'ai été contente d'aller au restaurant à la sortie du confinement !
Je ne dépense pas beaucoup et je vois que, dans mon compte en banque, les économies se font toutes seules. Je fais attention à ce que je dépense. Même au Québec, je fais attention à ne pas laisser de lampes allumées inutilement, à ne pas utiliser plus d'eau chaude qu'il n'en faut, à baisser le chauffage le soir avant de me coucher mais ça, c'est surtout en respect envers la Terre qui n'est pas sans limites considérant la quantités d'humains qui y vivent.
Sans me dire économe, je refuse de devenir radin et de me priver de petits plaisirs de la vie; de tout petits plaisirs, en fait, si je vois la quantité de gens qui achètent des produits de luxe et partent en vacances bien plus souvent que moi, par exemple.
A quoi bon vivre si c'est pour engranger de l'argent dans un compte en banque que le gouvernement peut faire exploser n'importe quand, sans se permettre d'en profiter avant ?
Je ne me sens pas pauvre pour autant, pas du tout. J'ai toujours vécu simplement aussi je n'ai pas d'attentes de vivre "richement" (et je ne dirai pas non quand cela m'arrivera !).Je me sens riche des expériences que la vie me permet de vivre, des belles rencontres de personnes agréables qui passent dans ma vie, - ou dans la vie desquels je passe, suivant comment on regarde -, des lieux que je visite, de la chaleur et du soleil qui brille, de moments de paix et de douceur qui font du bien au coeur, comme cette belle balade dans la nature environnante ce matin, avec la vue sur l'infini et l'illimité, avec mon amie Béatrice et Loupio le toutou; comme cette rose qui fleurit alors que les premières gelées sont prévues pour bientôt. Elle sourie et honore encore le soleil et la chaleur de cet été indien qui s'étire.
Il est toujours bon d'économiser, pas pour se priver et devenir radin mais tout en continuant à vivre et à se faire plaisir. On ne sait pas ce que demain nous réserve et on n'emportera pas notre compte en banque dans notre cercueil.
C'est pourquoi je préfère avoir confiance que je ne manquerai jamais de rien et me permettre de vivre et de dépenser pour des plaisirs qui font du bien au coeur et à l'âme...
Et vous, est-ce que vous économisez au point de ne plus vous faire de plaisir pour voir votre compte d'épargne se remplir au cas où une récession ou même une catastrophe arriverait ou vous faites confiance à la Vie que tout se passera bien ?
De tout coeur,
Dominique Jeanneret
Photo : Dominique Jeanneret, Vaulx près d'Annecy, France.