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Elections régionales : quelques motifs d'espoir dans le marasme ambiant

Publié le 21 juin 2021 par Leunamme

Il faut tout d'abord se rendre à l'évidence, ceux qui au soir du premier tour, à droite comme à gauche, viendraient à se réjouir parce que leur score leur permet d'envisager sereinement une réélection, sont au mieux des inconscients au pire des imbéciles. Comment penser qu'avec une abstention proche des 70 % (presque 90 % dans certaines communes de banlieue) ils bénéficient de la moindre légitimité ? Comment ne pas être inquiet quand cette grève des urnes est d'abord et avant tout une marque de défiance envers la démocratie et les institutions ? Ce dimanche soir, il n'y a pas de vainqueur, tout le monde a perdu.

Certes, cette abstention massive a aussi des raisons objectives :

 - La pandémie, bien que la tendance serait à l'occulter, sévit encore et sa crainte a certainement était un frein pour le vote. En outre, du fait même de la présence encore importante du Coronavirus sur le territoire, la campagne a mis très longtemps à démarrer,  et son déroulement normal a en grande partie était empêché.

 - Les élections municipales l'avaient déjà démontré, organiser des élections fin juin, alors que les Français ont déjà la tête aux vacances histoire d'oublier l'année horrible qu'ils ont vécu, n'est pas une bonne idée.

 - La logique libérale a conduit à confier la distribution des documents électoraux à des entreprises privées. La conséquence fut que de très nombreux foyers n'ont pas reçu les promesses de foi des candidats. C'est une grave entrave à la démocratie, quoiqu'en dise le ministre de l'intérieur.

 - Enfin, et c'est le propre des tous les scrutins intermédiaires depuis 30 ans, ils constituent l'occasion rêvée pour les Français d'envoyer un message au pouvoir. Cette fois-ci cette possibilité était restreinte au vu de la faible implantation locale du parti présidentiel et de son absence de chances de victoires.

Pour autant, toutes ces raisons, réelles et qui ont pu avoir une vraie importance dans l'attitude des électeurs, ne suffisent pas à masquer l'évidence : ce qui s'est exprimé dimanche est d'abord et avant tout le rejet massif de la classe politique dans son ensemble. Paradoxalement, c'est peut-être dans ce rejet et cette abstention que résident aussi les quelques motifs d'espoir.

En effet, alors même que les sondages prédisaient tous une forte poussée du FN, le mettant en tête dans quasiment la moitié des régions, il n'en a rien été, ce parti subissant même un coup d'arrêt en étant dans l'incapacité de remporter des régions, à l'exception peut-être de PACA, et se retrouvant même en forte baisse par rapport à 2015. C'est d'autant plus étonnant que là encore tous les sondages indiquaient qu'en cas de forte abstention, les électeurs d'extrême-droite étaient les plus résolus à aller voter. Ce ne fut pas le cas et c'est une double bonne nouvelle, d'abord parce que cela freine Marine Le Pen dans sa supposée marche en avant vers la présidentielle, et surtout parce que cela rappelle que le vote FN reste majoritairement un vote de contestation, et qu'il n'est pas encore complètement un vote d'adhésion.

Ensuite, il faut noter qu'il y a quand même un candidat qui tire allègrement son épingle du jeu : Xavier Bertrand. En arrivant largement en tête dans un bastion du FN, et renvoyant dans les limbes le parti présidentiel alors même qu'il avait envoyé l'artillerie lourde dans cette région (5 ministres), il apparait désormais comme incontournable à droite en vue de la présidentielle. C'est d'autant plus intéressant que, même s'il a droitisé son discours durant la campagne, il est un des derniers tenants d'une droite humaniste et ouverte, tournant en cela le dos aux Ciotti, et autres Wauquiez.

Les Hauts de France, justement, ils nous apportent un autre enseignement majeur. C'est la seule région où toute la gauche, du PS à la France insoumise, a fait l'union. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il ne s'agit pas d'une réussite. Karima Delli, sa tête de liste fait 10 points de moins que l'ensemble des gauches en 2015. C'est une petite graine dans le jardin de Mélenchon qui clame depuis des mois que l'union à gauche comme unique mantra ne peut être la solution. Cette logique là est renforcée par ce qui s'est passé en Ile de France, où Clémentine Autain, pour la France Insoumise, associée aux communistes, améliore le score du Front de gauche de 2015 de presque 5 points, et où la gauche peut (un peu) espérer empêcher la réélection de Valérie Pécresse.

La France Insoumise enfin, et si c'était l'autre parti à tirer son épingle de ce jeu de massacre ? Difficile de dire qu'elle est victime elle aussi de l'abstention, puisqu'à de rares exceptions elle ne présentait pas de candidats en tête liste. En enjambant globalement les scrutins intermédiaires, la France insoumise évite de trop s'exposer et s'en sort sans trop de casse. Même si comme le FN, elle est confrontée à un gros problème en vue de la présidentielle : c'est là principalement que se recrutent les abstentionnistes.


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