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Une chambre à air, de Naomi Cahen

Publié le 19 novembre 2022 par Francisrichard @francisrichard
Une chambre à air, de Naomi Cahen

Pour apprendre à avancer, il faut peut-être avancer. Pour apprendre à être seule. Je sais faire du vélo. Ça c'est une chose que je sais déjà faire. Alors entreprendre ces trois choses simultanément - avancer, seule, à vélo - c'est peut-être une bonne piste.

Naomi doit à apprendre à être seule à la suite de deux ruptures consécutives: plus de mecs, expression dont elle souligne l'ambiguïté. Ses deux mecs ont le même prénom commençant par un B, B1, avec qui elle a vécu quatre ans et n'est pas fâchée, et B2, avec qui cela n'a pas duré.

La bonne piste qu'elle a choisie pour avancer seule est en l'occurrence la piste cyclable. De nationalité suisse et anglaise, elle décide de faire à vélo un périple de Londres à Lausanne. Encore faut-il qu'elle ait un vélo. Elle le commande sur internet avec la frousse de faire faux.

Elle s'enfonce dans la préparation de cette virée, comme dans une eau sombre et épaisse de particules, après avoir pourchassé son vélo: en anglais acheter se dit to purchase. Son récit, sous forme de journal illustré, fait de temps en temps ce type de lien entre les deux langues.

Du 22 septembre au 8 octobre, elle tient tout d'abord le journal de ses préparatifs détaillés: la commande du vélo, la date d'arrivée à Londres et la date de récupération du vélo, l'itinéraire (elle n'emportera pas de cartes papier) et la liste de tout ce qu'elle emportera dans ses sacs.

B1 roulera avec elle sur la terre anglaise, de Londres jusqu'à New Haven, pendant les deux ou trois premiers jours, puis elle prendra le ferry pour Dieppe, où elle passera sa première nuit en France. Le 13 octobre sera effectivement le premier jour attendu de sa roulade solitaire.

Le journal du périple solitaire se termine à Lausanne le 2 novembre. Pendant ces trois semaines, elle raconte ses péripéties avec humour, of course, ses rencontres, ses hauts et ses bas, moraux et physiques, ses lectures de chemins suivis par Jean Giono et Sylvain Tesson.

Par moment elle se sera ennuyée: Dans la vie, je ne veux pas savoir où je vais, voir le bout du chemin, je veux que les choses se déploient organiquement sous mon impulsion, écrit-elle le 16 octobre. Une route toute droite, équivaut au mariage, métro, maison, boulot, enfants, dodo

Je ne comprends pas comment ça peut véritablement constituer une vie biologique.

En sortant de Salins-les-Bains, dans le Jura, le 31 octobre, au contraire, elle jubile: C'est une grimpe parfaite: belle, douce, difficile et encouragée par les vaches du coin. [...] Arrivée sur le plateau, je continue de suivre les ondulations du paysage entre champs et forêts:

L'anatomie du relief me paraît si abordable que j'oublie mon effort.

Francis Richard

Une chambre à air, de Naomi Cahen, 184 pages, Slatkine


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