En Chine, la colère se déconfine...
Pékin, Shanghai, Ürümqi, Nankin, Canton, Zhengzhou, Wuhan, Chengdu, Chongqing… Depuis quelques jours, des dizaines de milliers de personnes participent à des manifestations en Chine, malgré les risques encourus qui peuvent se solder par des peines de prison à vie. S’il ne s’agit que d’un mouvement parcellaire – pas coordonné mais simultané –, le simple fait d’en signifier l’émergence à défaut de son ampleur témoigne d’une espèce de moment « protohistorique » dont il faut bien se garder de pronostiquer la suite. À l’échelle du pays, ne caricaturons pas. Grèves et protestations s’avèrent moins rares que ce que nous avons coutume de croire, vu de chez nous. Néanmoins, ces rassemblements inédits depuis Tian’anmen en 1989 disent quelque chose du « symptôme » chinois. Preuve, l’émergence de slogans contre le président Xi Jinping et le Parti communiste chinois (PCC) : « Xi Jinping, démission », « Halte à la présidence à vie », « On n’a pas besoin de tests mais de liberté », « Rendez-nous le cinéma, halte à la censure » ! Qui eût cru possible que des Chinois courageux en viennent à brandir des feuilles de papier blanc, tenues à bout de bras dans les rues, symboles d’une population qui ne peut pas toujours écrire ce qu’elle a sur le cœur mais n’en pense pas moins ?