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Wednesday (Saison 1, 8 épisodes) : le retour poussif de Tim Burton

Publié le 30 novembre 2022 par Delromainzika @cabreakingnews
Wednesday (Saison 1, 8 épisodes) : le retour poussif de Tim Burton

Il y a quelque chose d'ironique dans Wednesday et en même temps dommage c'est qu'il n'y a pas grand chose de La Famille Adams dans cette série en dehors des noms des personnages. Il y a une influence mais elle ne provient clairement pas du matériel d'origine. Depuis plus de 80 ans, les comics de Charles Addams ont été adapté dans de multiples films animés ou non, séries télévisées (sans parler d'un musical à Broadway). Alfred Gough et Miles Millar à qui l'on doit Smallville mais aussi des choses qu'ils préfèreraient oublier (La Momie 3, Numéro Quatre, La coccinelle revient) se retrouvent donc à la tête de ce spin-off du film de ... Tim Burton. Et comme cela ne pouvait clairement pas se faire sans lui, le réalisateur américain récompensé cette année d'un Prix Lumière à Lyon a réalisé les quatre premiers épisodes. Dès le début Wednesday a tout de même une allure étrange. J'ai eu l'impression de voir une série se déroulant dans le même univers que Locke & Key ou encore Les Désastreuses Aventures des orphelins Baudelaire.

A présent étudiante à la singulière Nevermore Academy, Wednesday Addams tente de s'adapter auprès des autres élèves tout en enquêtant à la suite d'une série de meurtres qui terrorise la ville...

Il est impossible de nier l'évidence. On retrouve visuellement et narrativement parlant par sa formule quelque chose de similaire. Comme si Wednesday avait suivi un cahier des charges de Netflix. Ce qui fonctionnait dans les adaptations de la Famille Adams dans le passé c'est la présence de toute la famille. Cela permettait de créer quelque chose de drôle et en même temps de palpitant. Le fun provient des interactions entre cette famille de gothiques aux pouvoirs étranges avec des humains comme vous et moi. Sans parler des moments où ils se faisaient eux-mêmes des crasses dans le dos. C'est une sacrée famille de la pop culture américaine à laquelle Wednesday ne rend pas forcément toujours service. Le fait que la série sépare presque instantanément Wednesday de sa famille ne permet pas de réellement se sentir comme à la maison.

La première scène, déjà vu dans la bande annonce, est d'une redoutable efficacité. Le coup des piranhas est excellent et montre à quel point on n'est pas là pour se faire dorer la pilule mais bel et bien pour nous offrir toutes sortes de gags sordides. Pourtant, malgré mon appétence pour la mise en scène de Tim Burton, ce dernier n'offre pas grand chose à Wednesday. Il y a quelques jolies scènes mais la seule chose remarquable qu'il ait réellement apporté à la série c'est son aisance avec la direction d'acteur. Jenny Ortega, qui incarne Wednesday, est excellente dans la série. Du début à la fin, on sent que Tim Burton a partagé à créer quelque chose avec elle. Mais au-delà de tout ça, visuellement ce n'est pas exceptionnel. Il n'y a pas de sens de l'épique et ce malgré une utilisation plutôt maligne des couleurs. Tim Burton a clairement du mal avec le contemporain et c'est ici son plus grand défaut.

A côté de ça, Gomez et Morticia auraient être de vrais personnages forts malgré une présence assez peu importante dans l'histoire de Mercredi. Mais Luis Guzmán ressemble à une mauvaise parodie du Saturday Night Live quand Catherine Zeta-Jones, déjà plus convaincante, n'apporte rien de mémorable. J'aurais presque préféré que Wednesday se concentre sur une version adulte du personnage qui était incarné chez Tim Burton par ... Cristina Ricci. Tous les personnages qui gravitent autour de notre héroïne ne sont pas sensationnels et ne sont que des répétitions sympathiques mais pas mémorables de ce que l'on peut retrouver ailleurs dans d'autres séries pour ados. La série a donc du mal à sortir des sentiers battus et ce malgré tout un tas d'efforts pour nous surprendre. Tout se repose sur Jenny Ortega du début à la fin et l'actrice s'est clairement donnée à fond dans le rôle. Outre le fait qu'elle ait réellement appris à jouer du violoncelle ou qu'elle ne cligne jamais des yeux à l'écran, l'actrice habite le personnage.

Tout ce que la série tente est mignon et gentil. Le scénario ne laisse jamais grand chose à incarner à son casting ce qui ne permet pas vraiment de se prendre au jeu complètement. Mais le pire là dedans c'est que Wednesday n'arrive pas à recréer l'alchimie qu'il y avait dans le film avec les personnages. C'est sympathique et cela se regarde avec plaisir mais ce n'est pas mémorable. Certains épisodes sont même ennuyeux à souhait, en grande partie à cause de la mécanique narrative employée. Gough et Millar ne font rien de neuf et le résultat n'est donc qu'une resucée fainéante de tout ce qu'ils ont déjà pu faire dans d'autres séries pour ados comme Smallville (qui reste leur vraie réussite) ou plus récemment la très étrange The Shannara Chronicles. Ces séries étaient procédurales aussi mais avait une énergie et pas le manque de créativité qu'il y a dans Wednesday.

Note : 4.5/10. En bref, malgré tout l'amour que je peux porter à Jenny Ortega dans ce rôle qui lui va comme un gant par son investissement personnel, Tim Burton montre son incapacité à mettre en scène du contemporain (et c'est aussi valable pour beaucoup de ses dernières oeuvres au cinéma) et le duo de créateur répète une formule sans avoir le grain d'originalité nécessaire ni une capacité à équilibrer le récit.

Disponible sur Netflix


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