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Areva au Niger, modèle d'un colonialisme nucléaire

Publié le 14 août 2008 par Sophie @missecolo

Les centrales nucléaires françaises sont en grande partie nourries par l'uranium nigérien qui est exploité depuis les années 70  par le géant du nucléaire français, Areva. Le Réseau "Sortir du Nucléaire" dénonce, une fois de plus, la politique de ce groupe au Niger. "Le pouvoir économique reste aux mains de multinationales étrangères qui, en échange d'un soutien au régime autoritaire en place, pillent le pays de ses richesses".

janvier 2008 : Sortir du Nucléaire pointe les négligences d'Areva au Niger

août 2008 : ''Sortir du nucléaire'' dénonce Areva

En 2003, la CRIIRAD (Commission de Recherche et d'Information Indépendantes sur la Radioactivité) dénonçait dans un rapport, les problèmes de déchets radioactifs et d'exposition de la population aux rayonnements ionisants (poussières radioactives dans l'air ambiant, dispersion de ferrailles contaminées, contamination des vêtements des travailleurs, de la chaîne alimentaire et de l'eau).

"La collecte des ordures ménagères : Les membres de l'ONG Aghir In'Man nous ont expliqué que les ordures issues des cités minières enclavées dans les villes d'Arlit et Akokan étaient collectées respectivement pour le compte des compagnies minières Somair et Cominak puis déversées à même le sol dans les faubourgs des deux villes. Nous avons pu nous rendre sur la décharge d'Arlit où les ordures sont étalées sur plusieurs hectares avec des enfants et femmes pieds nus, des chèvres et des ânes au milieu des ordures." 

Lire le rapport complet - Impact de l'exploitation de l'uranium par les filiales de COGEMA-AREVA au Niger (décembre 2003)

"Bien que son matériel professionnel aie été confisqué, l'équipe CRIIRAD a pu effectuer sur place un certain nombre de constatations inquiétantes  et notamment :

- La dissémination de ferrailles radioactives dans les rues d'Arlit, d'autant plus

  préoccupante que tout est recyclé (y compris comme ustensile de cuisine) 

- Le stockage à l'air libre de déchets radifères très radiotoxiques, 

- L'insuffisance des moyens de contrôle radiologique des services de l¹Etat nigérien."

Lire le communiqué complet - Conditions d'exploitation de l'uranium au Niger (février 2005)

Complément du rapport - Bilan des analyses (avril 2005)

CRIIRAD - Dossier 2005 Niger - Complément photographique

CRIIRAD - Dossier Niger : tous les documents

Nous sommes en 2008 et le peuple nigérien continue de souffrir pour le compte de l'occident. Pire, Areva ne compte pas s'arrêter là. La compagnie souhaite étendre son domaine d'exploitation pour faire face à une demande mondiale croissante d'uranium. Elle va exploiter un nouveau gisement, le site d'Imouraren, qui sera le plus grand projet d'extraction d'uranium mené en Afrique. Autant dire, d'importantes contaminations en perspectives... De plus, l'ouverture de ce site va créer un nouvel afflux de population et va intensifier le problème du bois mort, un élément vital pour le fonctionnement des écosystèmes arides mais aussi pour les habitants qui l'utilisent pour cuisiner et construire des clôtures et des puits.

Au nord du Niger, l’extraction de l’uranium a créé deux villes dans une zone désertique. Les besoins en bois de leurs habitants détruisent les ressources forestières de la réserve naturelle voisine de l’Aïr-Ténéré.

Villes champignons

Le géant du nucléaire français Areva exploite l’uranium au nord du Niger depuis les années 70. A cette époque, la découverte de gisements dans la région saharienne du pays provoque la “sortie de terre” de deux usines d’extraction du minerai. Des bâtiments permettant de loger les employés des mines sont construits dans cette zone inhospitalière, au milieu de nulle part, là où pratiquement aucun arbre n’est capable de pousser. C’est le point d’ancrage de deux nouvelles villes sœurs : Arlit et Akokan. Le “boom de l’uranium” provoque alors un appel de population de toute l’Afrique de l’Ouest. On pense pouvoir facilement faire fortune dans cet eldorado nigérien. Arlit est ainsi bientôt surnommé “Deuxième Paris”, en référence aux espoirs que cette ville suscite auprès des populations. Arlit et Akokan totalisent aujourd’hui environ 80 000 habitants.

Une réserve naturelle exceptionnelle

A 120 km à l’est de ces deux villes induites, existe l’une des plus vastes zones protégées d’Afrique, d’une surface équivalente à 3 régions françaises. La Réserve Naturelle Nationale de l’Aïr et du Ténéré est constituée par une partie des montagnes de l’Aïr et du désert du Ténéré. Plusieurs milliers de touaregs vivent dans cette aire protégée. Elle est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité et fait partie du réseau des réserves de biosphère de l’UNESCO (1). Elle abrite une faune et une flore sahariennes remarquables mais fragiles comme le mouflon à manchettes, la gazelle dorcas, le babouin, diverses espèces d’acacias ou le rare olivier sauvage. L’altitude du massif de l’Aïr engendre d’avantage de précipitations que dans les zones alentours. Ces conditions climatiques favorables permettent l’existence de zones boisées, notamment dans les fonds de vallées.lire la suite

Areva profite de l’état d’urgence au Niger pour valider son énorme projet minier

"Des milliers d’éleveurs, maraichers, artisans, acteurs économiques sont directement menacés par la future mine d’Areva : spoliation des terres agro-pastorales, destruction de la faune et de la flore, contamination de l'air, contamination radiologique, épuisement et pollution de la nappe phréatique, pollutions annexes innombrables et destruction irrémédiable du tissu socioéconomique... Les populations autochtones et les ouvriers subissent déjà depuis 40 ans les conséquences désa streuses des activités minières de la société à Arlit et Akokan."

Site du collectif "Areva ne fera pas la loi au Niger"

Communiqué du Collectif

Dossier Tchinaghen Août 2008.pdf "76 pages pour mieux comprendre la situation dramatique que traverse le Nord-Niger : populations autochtones, enjeux géostratégiques, eau, conflit armé, crise humanitaire, droits de l'Homme"

Bravo pour la France, félicitation pour Areva, dommage pour les Touaregs

"Aujourd’hui, les touaregs s’inquiètent de la distribution tous azimuts de permis de recherche et d’exploitation d’uranium sur leurs territoires sans que ne soit envisagée aucune mesure de compensation visant à en amortir les conséquences. Les tribus concernées devront quitter les lieux à la recherche d’hypothétiques territoires d’attache et de nomadisation. Les ressources exploitées donnent à l’Etat les moyens de les combattre, les maîtriser et les réduire à l’état de réfugiés dans leur propre pays.

(...)

Encore une fois sont mis en balance et de manière flagrante la richesse matérielle et la valeur humaine. La réalité est là, inutile de se voiler la face."

Issouf Ag MAHA, Maire commune Tchirozérine
Agadez Niger

Mais quel discours tient donc Areva ?

"AREVA a fait du développement durable la clé de voute de sa stratégie industrielle avec la triple ambition d'une croissance rentable, socialement responsable et respecteuse de l'environnement".

Tandis qu'Areva affiche sa politique de développement durable, la situation du Niger s'empire. En France, consommer de l'électricité, c'est participer à la "guerre de l'uranium", mais qui pense au Niger en touchant à son interrupteur ?

Ne soyons pas complices de cette industrie meurtrière.

Economiser l'énergie est un acte écologique mais avant tout humanitaire.


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