Par Olivier Maurice.
Tout le monde a dû entendre cette nouvelle catastrophique diffusée partout ce dernier mercredi 7 décembre 2022 : l’extinction de la biodiversité est 100 fois plus rapide que celle des dinosaures. En cinquante ans, les populations de vertébrés ont chuté de 69 % en moyenne en moins de 50 ans.
Hé bien, c’est un faux, une fake news, un mensonge éhonté.
Cette affirmation relayée par tous les médias du pays vient en fait d’une manipulation grossière que l’on pourrait au mieux qualifier de cherry picking, c’est-à-dire de choix ciblé d’informations particulières et absolument pas représentatives dans l’unique but de présenter un argument d’autorité.
Ce chiffre de 69 % en 50 ans provient du dernier rapport du WWF intitulé Rapport Planète Vivante 2022, comme mentionné par de nombreux articles et d’ailleurs revendiqué par la COP elle-même.
Vous trouverez la version française de ce document ici ou sur le site de l’ONG.
Page 34, dans l’encadré en pas à gauche, est expliqué d’où vient ce chiffre :
« L’évolution moyenne de l’abondance relative de 31 821 populations représentant 5230 espèces suivies dans le monde a diminué de 69 %. La ligne blanche indique les valeurs de l’indice et les zones colorées l’intervalle de confiance entourant la tendance (95 % d’intervalle de confiance, écart de 63 % à 75 %). Source : WWF/ZSL (2022) 184 »
L’énoncé est déjà un peu plus explicite : il ne s’agit aucunement des populations de vertébrés dans le monde ou du nombre d’espèces comme on aurait aussi pu le comprendre mais d’une diminution sur… suivez bien… l’abondance relative de populations choisies parmi des espèces elles aussi choisies.
Il nous faut donc aller plus loin et examiner la source en référence pour comprendre ce que cela signifie. L’appendice nous renvoie vers elle : index 184 : WWF/ZSL. (2022). The Living Planet Index database. www.livingplanetindex.org.
L’indice LPI (Living Planet Index) de 69 % y est expliqué en détails, ainsi qu’une série de « mauvaises compréhensions », qui composent quasiment ironiquement à peu près tout ce que l’on a pu entendre se dire un peu partout dans les différents médias.
On peut y lire ainsi que : « L’indice LPI ne montre pas le nombre d’espèces disparues ou éteintes mais le chiffre moyen de variation de population ».
Prenons un exemple pour expliquer ceci.
Imaginons que l’indice repose sur deux espèces.
La première est totalement endémique et a une population, disons de quelques dizaines de malheureux spécimens qui se retrouve quasiment anéantie en 50 ans. C’est le cas par exemple de certains poissons qui vivent dans des lacs isolés les uns des autres et qui ont ainsi développé au fil du temps une espèce endémique à chaque lac. L’indice pour cette espèce est de 100 : 100 % de la population a disparu.
La seconde espèce est une espèce très repandue et très nombreuse et qui a déjà quasiment colonisé tout son habitat mais qui peut encore croître de quelques pourcents, disons 2 %. C’est le cas par exemple des oiseaux ou des insectes qu’il est extrêmement difficile de quantifier. L’indice pour cette espèce est ici de -2.
Au résultat, on obtiendrait un LPI de 49 % (la moyenne entre les deux indices : 100 – 2, le tout divisé par deux), qui comme on vient de le voir ne signifierait absolument pas une chute de 49 % de la population animale en 50 ans, mais… absolument rien du tout.
En fait, le document explique également que seule la moitié des espèces (et il faut rappeler que ces espèces sont choisies) décline, l’autre moitié augmente !
Il est même écrit noir sur blanc :
« L’indice LPI ne représente pas nécessairement la tendance des autres populations ou de la diversité dans son ensemble »
Et même que :
« Les espèces composant l’indice LPI ne sont pas choisies parce qu’elles sont en danger mais parce que l’on possède sur ces populations des données portant sur l’évolution de la population ».
Ces deux points signifiant clairement qu’il est totalement faux et mensonger, voire totalement malhonnête, d’utiliser l’indice LPI comme argument d’autorité scientifique et que ce chiffre de 69 % ne signifie absolument rien, sauf qu’une ONG dépense une fortune gigantesque pour enfumer la Terre entière (le WWF emploie plus de 5000 personnes réparties dans 100 pays différents) en utilisant intensivement le principe qu’il faudrait dix fois plus d’énergie pour combattre une rumeur que pour la créer.