C'est vrai, il n'est pas nouveau. Avoir été élu Président de la République à 39 ans en 2017 a été Chef de l'État ou chef d'entreprise, la question peut se poser à celui qui se considère comme le manager de la maison France, et en particulier dans les vestiaires du stade de Doha. Après la La veille, le samedi 17 décembre 2022, les projets de loi de finances de 2023 et de financement de la sécurité sociale de 2023 ont été définitivement adopté par le Parlement mais avec l'utilisation, dix fois, de " Il y a dans le processus démocratique et dans son fonctionnement un absent. Dans la politique française, cet absent est la figure du roi (...). La Terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif : le roi n'est plus là ! On a essayé ensuite de réinvestir ce vide, d'y placer d'autres figures : ce sont les moments napoléonien et gaulliste, notamment. Le reste du temps, la démocratie française ne remplit pas l'espace. On le voit bien avec l'interrogation permanente sur la figure présidentielle, qui vaut depuis le départ du général De Gaulle. Après lui, la normalisation de la figure présidentielle a réinstallé un siège vide au cœur de la vie politique. Pourtant, ce qu'on attend du Président de la République, c'est qu'il occupe cette fonction. Tout s'est construit sur ce malentendu. " (Emmanuel Macron, le 8 juillet 2015).
le véritable exploit. C'est le record de jeunesse de toutes les Républiques. Il était tenu par le premier des Présidents de la République française, élu comme aujourd'hui au suffrage universel direct. Louis Napoléon Bonaparte avait 40 ans au moment de son élection. Mais parce qu'il avait été élu pour un mandat de quatre ans non reconductible immédiatement après, il a fait le coup d'État du 2 décembre 1851, avec la proclamation d'une Présidence de dix ans, puis à vie, puis sa transformation en empereur des Français, héréditaire, comme son oncle, et ce régime autoritaire a duré jusqu'au 4 septembre 1870, date de la défaite des Bleus à la finale de la coupe du monde de football, le 18 décembre 2022, Emmanuel Macron a tenu à les féliciter malgré tout et à exprimer sa fierté d'avoir dans son pays une telle équipe.
l'article 49 alinéa 3 de la Constitution. On voit bien qu'une majorité relative est une situation délicate pour pouvoir gouverner. Grâce à la Constitution, le budget de l'État a été voté car il y a les outils institutionnels qui le permettaient. En revanche, ce sera beaucoup plus difficile de faire adopter les réformes du quinquennat.
En particulier, la réforme des retraites. Emmanuel Macron va devoir s'investir plus profondément dans la vie politique intérieure s'il ne veut pas rendre inutile son deuxième quinquennat. Pour cela, il devra convaincre les députés un à un de l'intérêt de sa réforme. Et l'objectif, c'est principalement de convaincre suffisamment de députés LR et LIOT de la pertinence d'un rallongement de l'âge légal de la retraite pour atteindre une majorité absolue. Élément positif pour la majorité : ce rallongement était dans tous les programmes politiques de LR depuis une dizaine d'années, en particulier lors de la campagne de François Fillon en 2017 et de Valérie Pécresse en 2022. La position du groupe LR, très divisé sur la question, sera déterminante pour l'avenir d'une telle réforme.
Pendant ce temps, les oppositions populistes s'opposent stérilement. C'est leur rôle d'être irresponsables et de faire la politique du pire. Qui leur en voudrait pour cela ? Mais convenons que ce n'est pas très constructif et cela n'aide pas à l'intérêt national. Emmanuel Macron a été réinvesti de la légitimité populaire il y a quelques mois, et ces oppositions ne le supportent pas. Comme on pourrait paraphraser une parole du Général, le problème de ces oppositions populistes, au fond, c'est le peuple, car il a reconduit souverainement leur adversaire commun. Une chose inadmissible pour elles !
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On comprend qu'il a fallu la crise algérienne et un acteur dont la légitimité historique fut incontestable, De Gaulle, sauveur de la France par son appel du 18 juin 1940 à la BBC, pour pouvoir reproposer l'élection du Président de la République au scrutin universel direct... et encore, De Gaulle l'a fait de manière progressive, par étapes, d'abord une élection par un collège un peu plus fourni que les seuls parlementaires, représentants des collectivités locales, plusieurs dizaines de milliers de grands électeurs, des notables aurait-on pu dire, puis, quatre ans plus tard, après un attentat qui aurait pu sérieusement endeuiller la France, profitant judicieusement de l'émotion suscitée, une élection par l'ensemble du peuple français.
Si, pour l'instant, l'exemple de Louis Napoléon Bonaparte ne s'est pas répété, heureusement, la mœurs politiques ont cependant été profondément modifiées par cette élection présidentielle, clef de voûte de nos institutions à partir de laquelle tout se détermine désormais. Qu'on s'en lamente ou qu'on s'en réjouisse, cette évolution est irréversible car retirer aux citoyens français le droit de choisir leur Président de la République, c'est leur retirer le véritable pouvoir politique en France. La démocratie ne pourrait accepter la confiscation d'un tel vote.
Pour la petite histoire, De Gaulle se moquait complètement d'être élu par le peuple français, il se considérait comme l'envoyé de la France, plus que des Français, un peu comme Jeanne d'Arc. Ses réactions sur les humeurs électorales donnaient une tonalité moins noble de la conception de la démocratie de De Gaulle : son ballottage le 5 décembre 1965 l'obligeant à subir un second tour, comme son échec au référendum du 27 avril 1969 ont été ressentis par lui comme une profonde humiliation de la part des Français qu'il traitait souvent de "veaux" parce qu'ils ne se prononçaient pas comme lui le voulait.
En fait, s'il a voulu faire évoluer le Président de la République avec le sacre de la légitimité populaire, c'est justement parce qu'il imaginait que ses successeurs, nécessairement, n'aurait pas sa propre légitimité historique, et donc, pour avoir l'autorité et la légitimité nationale, il fallait ce choix de l'ensemble des Français, ce sacre du suffrage direct. Donc, on émet régulièrement un contre-sens quand on croit savoir que De Gaulle a façonné une Constitution à sa stature : c'est au contraire parce qu'il imaginait que ses successeurs auraient une moins grande stature que la sienne qu'il voulait cette élection au suffrage universel direct. Lui n'en avait pas besoin, il était déjà entré dans l'Histoire.
De fait, elle a permis à quelques talents d'y "arriver" assez vite, comme Valéry Giscard d'Estaing qui avait 48 ans à son élection en 1974, ce qui était déjà un exploit. Mais 48 ans, c'est vieux en comparaison à Emmanuel Macron. Il n'avait pas 45 ans qu'il a été réélu Président de la République au suffrage universel direct, et si l'on ne compte pas De Gaulle (qui n'avait pas été élu au suffrage universel direct en 1958 ni les deux plus longs Présidents François Mitterrand et Jacques Chirac qui ont été réélus en 1988 et en 2002 en tant que chefs de l'opposition et pas en tant que responsables de la politique de la nation, en raison des cohabitations), Emmanuel Macron est bien le premier à avoir été ainsi réélu, et c'est un exploit.
A-t-il été mal réélu ? Certainement pas.
Déjà, il suffit de comparer l'élection de 2022 avec celle de 2017 et prendre le premier tour, qui est le scrutin où on vote par adhésion (tandis qu'au second tour, on peut effectivement voter par défaut, par opposition à l'autre candidat). En 2017, Emmanuel Macron a obtenu 24,0% des suffrages exprimés tandis qu'en 2022, il a reçu 27,9% des suffrages exprimés, soit un gain de plus d'un million d'électeurs, ce qui est remarquable au bout d'un quinquennat, d'autant plus qu'il n'a fait quasiment aucune campagne, trop occupé à présider l'Union Européenne et à initier des ponts diplomatiques après l'impensable et inacceptable invasion russe de l'Ukraine. Il s'est déclaré très tardivement, sous une forme épistolaire très peu "sexy" et n'a participé qu'à un seul meeting national (à La Défense le samedi 2 avril 2022).
Réunir plus de voix dès le premier tour après l'exercice d'un mandat complet, c'est un exploit que n'ont pas réussi à la fin de leur mandat respectif ni Valéry Giscard d'Estaing en 1981 ni Nicolas Sarkozy en 2012, les deux seuls exemples comparables à l'élection de 2022.
Au second tour, même s'il a perdu des voix entre ses deux élections (en dirigeant le pays, il a forcément déçu des électeurs), Emmanuel Macron a quand même réuni 58,6% des suffrages exprimés, moins que les 66,1% de sa première élection, mais quand même nettement plus que tous ses prédécesseurs, à l'exception de Jacques Chirac en 2002, dépassant entre autres les scores de De Gaulle en 1965 (55,2%) et de Georges Pompidou en 1969 (58,2%).
Par ailleurs, ceux qui remettent en cause la légitimité du Président de la République en comptant ses voix par rapport aux électeurs inscrits, imaginant que les abstentionnistes auraient dû déterminer l'élection, ont doublement torts en plus d'être mauvais joueurs car ils refusent les règles pourtant très rigoureusement définies au préalable.
D'une part, ils considèrent que les abstentionnistes ou les électeurs qui ont voté blanc ou nul seraient plus portés vers l'opposition que vers le Président élu, ce qui est faux, sinon, ils auraient voté pour le candidat concurrent, peut-être au point de le faire élire le cas échéant. C'est le jeu démocratique : ceux qui refusent de se prononcer dans un choix très sélectifs de candidats, se mettent en retrait de l'élection et ce sont les autres qui décident à leur place. On sait bien que c'est une erreur de considérer l'abstention comme une parole politique, puisque les motivations de ne pas participer à l'élection sont multiples et sont parfois très en-dehors de toutes raisons politiques (des problèmes personnels, de santé, etc.).
D'autre part, c'est factuellement faux de considérer qu'Emmanuel Macron a été mal réélu en ne tenant compte que de ses voix par rapports aux électeurs inscrits. Dans l'histoire des élections présidentielles depuis 1965, la première ainsi, il se situe dans une bonne moyenne, qu'on regarde sous l'angle du premier tour comme sous l'angle du second tour. Ainsi, au premier tour, avec 20,1% des électeurs inscrits, Emmanuel Macron est arrivé largement au-dessus de Jacques Chirac, tant en 1995 (15,9% des inscrits) qu'en 2002 (13,8% des inscrits), et est peu éloigné du score de François Mitterrand en 1981 (20,6% des inscrits). À ma connaissance, on n'a jamais contesté la légitimité de ces deux Présidents en raison de leurs résultats électoraux. Au second tour, avec 38,5% des électeurs inscrits, Emmanuel Macron a été mieux élu que Georges Pompidou en 1969 (37,5% des inscrits), et avec un score équivalent à ceux de François Hollande en 2012 (39,1% des inscrits) et de Jacques Chirac en 1995 (39,4%).
Ainsi, l'idée de vouloir prendre la part des électeurs inscrits classe automatiquement les abstentionnistes et les votants blanc ou nul parmi les opposants au candidat élu, ce qu'ils ne sont pas, et même si on les considérait ainsi, Emmanuel Macron n'aurait pas de déficit de légitimité comparé à la plupart de ses prédécesseurs. Si on prend les pourcentages par rapport aux suffrages exprimés, ce pour quoi l'élection est jouée, Emmanuel Macron fait figure de champion, dépassant même De Gaulle. Seul Jacques Chirac a fait mieux au second tour en 2002 avec 82,2%, dans un contexte très particulier (et qui ne s'est pas renouvelé) contre Jean-Marie Le Pen.
Quant aux élections législatives des 12 et 19 juin 2022, Emmanuel Macron n'a quasiment fait aucune campagne, ni le gouvernement dirigé par la nouvelle Première Ministre Élisabeth Borne, il ne s'agissait pas d'une élection pour ou contre Emmanuel Macron, mais pour ou contre la majorité parlementaire sortante. Il n'a fait qu'une courte allocution, bâclée, sur le tarmac de l'aéroport d'Orly le 14 juin 2022, avant de partir vers la Roumanie pour s'acheminer vers Kiev en compagnie de Mario Draghi et Olaf Scholz, ce qui était très largement insuffisant. Le fait d'avoir malgré tout une majorité relative, avec si peu de publicité politique, est donc un exploit en lui-même et aussi une belle leçon de démocratie : faire campagne, c'est ne pas se moquer de ses électeurs, et s'il avait eu un peu plus d'attention portée à eux, la majorité absolue aurait été atteinte sans problème (de nombreux députés de l'opposition ont en effet été élus face à des candidats de la majorité avec seulement quelques centaines de voix d'avance).
Le locataire de l'Élysée Emmanuel Macron fête son 45 e anniversaire ce mercredi 21 décembre 2022. Si ce jeune âge est un exploit pour ce Président de la République, il est aussi une source inépuisable de haine et de jalousie pour nombre de ses opposants "un peu plus âgés". Il faut quand même saluer l'exploit.
Sylvain Rakotoarison (18 décembre 2022)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Emmanuel Macron a 45 ans.
Emmanuel Macron et la menace de la dissolution.
Le point chaud de la rentrée d'Emmanuel Macron : l'énergie.
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20221221-macron.html
https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/emmanuel-macron-un-president-reelu-245581
http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/12/07/39737138.html