Alors que l'année dernière les fêtes de fin d'année étaient placées sous l'épée de Damoclès de la covid-19, il semblerait que l'épidémie a comme par enchantement disparu de la mémoire des Français à l'instar des célèbres gestes barrières. Résultat : les hôpitaux font désormais face à une triple épidémie de covid-19, de grippe et de bronchiolite ! Mais il est vrai qu'entre le mondial de football au Qatar, décrié mais regardé, et l'approche de Noël, les Français ont manifestement eu le cœur à la fête au mois de décembre.
Ce alors même que le gouvernement avait annoncé sa volonté de mener une réforme des retraites dont il est raisonnablement permis de s'interroger sur le caractère indispensable... Et l'on ne parle même pas de la hausse des coûts de l'énergie, qui affecte tout le monde au vu des températures des semaines passées. Plus généralement, les difficultés d'approvisionnement de la France en matières premières ne font guère la une des journaux, tout se résumant à n'évoquer que le seul taux d'inflation. Pourtant, les sujets qui méritent l'attention des citoyens ne manquent pas actuellement : la dette publique, les dépenses publiques, les inégalités de revenus, les inégalités de patrimoine immobilier, la pauvreté, la récession, l'indispensable régulation du monde des cryptoactifs, etc.
Hélas, dans l'ère du vide de la postmodernité, requalifiée depuis d'hypermodernité par Gilles Lipovetsky, une information en chasse une autre, quelle que soit son importance. Autrement dit, l'humain ne pèse au fond pas très lourd dans la société du spectacle et de la communication, qui cherche avant tout à faire le buzz. Pour les plus jeunes, rappelons que le livre de Guy Debord ne concerne pas le pain et les jeux de cirque, comme le croient trop souvent ceux qui ne l'ont pas lu, mais la domination de la marchandise sur nos vies dans le monde capitaliste : "Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s'annonce comme une immense accumulation de spectacles" (parallèle évident avec l’œuvre de Marx). Beaucoup plus loin dans son livre, Guy Debord précisera que "le spectacle n'est pas un ensemble d'images, mais un rapport social entre des personnes, médiatisé par des images". À l'ère de TikTok et de ses influenceurs, l'on ne saurait mieux dire...
Une crise devrait être l’occasion de se poser des questions et de changer tout à la fois nos modes de production, nos modes de vie et avant tout nos façons de penser. Hélas, à force d'évoquer de manière incantatoire l'avènement du monde d'après, nous n'avons pas remarqué que c'est le monde d'avant qui est revenu, mais en bien plus piteux état économique et social (inflation, dette, précarité...). Gageons qu'un sursaut civique soit encore possible pour coopérer sur les grands enjeux sociaux qui nous attendent, dont la transition écologique/énergétique.
Joyeux Noël tout de même !
Sur ce constat et cet espoir d'une coopération des citoyens, je vous souhaite un joyeux Noël ! Je vous retrouverai la semaine prochaine pour mon dernier billet de l'année 2022 !