Après la victoire de Benjamin Netanyahu aux élections générales en Israël, le Premier ministre hongrois Viktor Orban a tweeté : « Quelle grande victoire pour Benjamin Netanyahu en Israël ! Les temps difficiles exigent des dirigeants forts. Bienvenue à nouveau !
Selon l’ONG Atlatszo qui cherche à promouvoir la transparence et la responsabilité en Hongrie, des conseillers associés au Fidesz se sont rendus en Israël au cours de l’été pour aider la campagne électorale de Netanyahu.
Netanyahu a recyclé sans vergogne la propagande électorale qui avait été utilisée par la campagne du Fidesz en 2014
Les parallèles entre les deux dirigeants peuvent être observés dans la campagne visant à dénigrer et à délégitimer l’opposition politique et les minorités ethniques, dans les tentatives de museler le pouvoir judiciaire indépendant, dans l’exploitation de la religion pour promouvoir le nationalisme et, ce qui est peut-être le plus troublant, dans les efforts de coopération -opter pour des partis d’extrême droite comme moyen d’asseoir le pouvoir.
Le fait que la Hongrie n’ait pas été obligée de payer un prix important pour ses politiques illibérales n’aurait fait qu’encourager Netanyahu et son parti Likoud à reproduire le modèle qui a bien servi Orban.
C’est important parce que l’incapacité de l’UE à freiner les abus de pouvoir de la Hongrie envoie un signal aux autres dirigeants illibéraux qu’ils peuvent aussi s’en tirer avec des attaques contre la démocratie.
Le fait qu’Orban ait pu retenir un programme d’aide de 18 milliards d’euros à l’Ukraine en échange de l’obtention de milliards d’euros en espèces de l’UE démontre que la Hongrie a le pouvoir de contrer les pressions européennes. La France, l’Allemagne et l’Italie font partie des pays qui ont demandé à l’UE d’y aller doucement avec Orban.
Le mépris d’Orban envers ses détracteurs enhardit partout les autocrates potentiels. En 2010, le dirigeant hongrois a prolongé le mandat des juges qui lui ont témoigné de la loyauté, tandis que d’autres ont été mis à la retraite de force et remplacés par des juges favorables à son gouvernement
Orban a également étendu son contrôle aux autorités policières. Des personnalités du parti Likoud de Netanyahu n’ont pas caché leur volonté de neutraliser le pouvoir judiciaire et les médias
Ils prévoient d’utiliser la Knesset israélienne pour annuler la Cour suprême et l’empêcher ainsi d’annuler des lois inconstitutionnelles et illégales. Comme dans la Hongrie d’Orban, le Likoud et ses alliés cherchent à changer le mode de sélection des juges et à introduire des nominations purement politiques.
C’est l’hostilité d’Orban au consensus de l’UE qui l’a rendu très utile en tant qu’allié de Netanyahu, le nouveau gouvernement israélien devant adopter une ligne très dure sur la politique envers les Palestiniens.
Dans un passé récent, le précédent gouvernement Netanyahu a profité des divisions au sein de l’Europe pour empêcher un consensus européen sur des questions telles que l’expansion des colonies.
Pourtant, les réformes souhaitées par Netanyahu et ses alliés pourraient avoir des conséquences plus dommageables que celles qui se déroulent en Hongrie.
Si le nouveau gouvernement parvient à ses fins et que les tribunaux sont contraints de suivre une ligne politique, il y aura moins de restrictions sur des politiques profondément controversées telles que la légalisation des colonies de Cisjordanie qui n’étaient même pas reconnues par les gouvernements israéliens précédents, les expulsions de Palestiniens de leurs maisons et la suppression de la société civile palestinienne.