Depuis que la FinTech et les médias sociaux ont pris leur essor, à peu près à la même époque, les tentatives de rapprocher les deux concepts se sont multipliées… sans jamais véritablement trouver la recette du succès. Une jeune pousse australienne revient maintenant à la charge avec une approche d'épargne multi-dimensionnelle plutôt originale.
Le point de départ de la réflexion de Chippit ne réserve guère de surprise, puisque son idée principale consiste à capitaliser sur le pouvoir de la pression sociale afin d'encourager les comportements financiers vertueux. En l'occurrence, la démarche est ici centrée sur un cercle de proches, avec lesquels sont conclus des sortes de pactes, destinés avant tout à stimuler les gestes d'épargne… mais également susceptibles d'apporter un précieux secours quand survient une difficulté imprévue.
Concrètement, une fois son inscription finalisée, l'utilisateur peut inviter jusqu'à 10 amis ou parents au sein de son groupe. Dès lors, plusieurs options s'offrent à lui (et eux). La plus triviale consiste pour chacun des membres à définir un objectif budgétaire – qu'il s'agisse d'entreprendre un voyage de rêve ou de résorber un endettement existant – et prendre un engagement individuel dans le but de l'atteindre – sous la forme d'un versement récurrent, en général – en comptant sur l'effet de communauté pour maintenir le cap.
Une déclinaison légèrement plus sophistiquée de ce principe reprend le modèle traditionnel de la tontine. Dans ce cas, les participants acceptent les règles du jeu uniques imposées par le meneur (essentiellement la périodicité et le montant des cotisations) et leurs paiements alimentent une cagnotte partagée, immédiatement attribuée dans son intégralité à l'un d'entre eux (et chacun à son tour, bien entendu), qui peut alors réaliser son propre projet plus rapidement (sauf le dernier bénéficiaire).
Mais, grâce à une flexibilité sans pareille, Chippit a plus d'un tour dans son sac. Tout d'abord, si le mécanisme normal de la distribution des fonds lors de chaque cycle est aléatoire, il est aussi possible d'en fixer l'ordre, par exemple dans l'hypothèse où, dès l'origine et avec l'accord de tous, certains des associés se positionnent dans une logique d'emprunteur tandis que les autres privilégient la constitution d'une réserve.
Autre variante envisagée, la caisse mutualisée : au lieu de laisser les membres sélectionner leur cible, il est cette fois question de réaliser un dessein commun (tel qu'une semaine de vacances tous ensemble…), à moins d'en faire un fonds d'urgence, prêt à se substituer à un emprunt (et les frais afférents) lors d'une circonstance imprévue, voire à prendre un rôle d'assurance entre pairs. Dans cette hypothèse et pour plus de facilité, il est même prévu de pouvoir effectuer des achats directement depuis le compte Chippit.
Malgré des prémices attractives et quelques expériences intéressantes au fil des ans, le mariage entre banque « digitale » et animation sociale ne s'est jamais imposé pleinement auprès des consommateurs. Si la raison de leur défiance tient à une perception incertaine de la valeur à en attendre, peut-être Chippit, avec ses multiples usages potentiels, parviendra-t-elle à renverser la tendance. Si, en revanche, c'est la notion de collaboration autour de l'argent qui les retient, il ne faudra pas espérer de miracle.