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Le dernier fils de sarko dans les bras de Poutine

Publié le 15 août 2008 par Torapamavoa Torapamavoa Nicolas @torapamavoa

Une photo insolite : Vladimir, Nicolas et le P’tit Louis



Deux stratèges en communication ou renseignement ne laissant rien au hasard, on est forcément conduit à s’interroger sur cette scène insolite diffusée en marge de la cérémonie d’ouverture des jeux Olympiques du 8 août 2008 et n’ayant strictement aucun rapport avec elle.

On voit M. Poutine, l’ex-président de la Russie devenu Premier ministre, serrer affectueusement dans ses bras le dernier fils du président Sarkozy souriant lui-même aux anges devant cet épanchement si spontané d’un des puissants de la planète.

Une embrassade mise en scèneOn reste d’abord surpris non pas que cette scène ait pu avoir lieu, mais que les deux hommes politiques aient tenu à la mettre en scène et à la diffuser. A-t-elle un précédent ? Manifestement le photographe qui était présent ne l’était pas par hasard. On se souvient de la règle qui régit les relations du président Sarkozy avec les médias et qu’il a vertement rappelée, le 8 janvier dernier, au cours de sa conférence de presse pour l’humiliation de ses auditeurs : "quand vous êtes à mes basques, leur avait-il lancé, c’est que je vous ai sifflés ; quand je ne veux pas de vous, vous ne pouvez m’approcher". Le photographe a donc bien été toléré sinon convoqué pour que soit enregistrée et répandue à travers le monde cette embrassade de l’enfant Sarkozy par le président Poutine pour le plus grand plaisir de son père.

Mais la photo, prise en plan moyen, présente les deux présidents comme s’ils étaient saisis sur le vif à leur insu : l’un regarde de côté, l’autre ferme les yeux de bonheur. L’enfant de dos a les yeux tournés vers son père comme pour guetter sa réaction. Quoi de plus spontané que cette scène d’intimité amicale ? Ce leurre de l’information donnée déguisée en information extorquée vise à conférer à la scène une fiabilité que n’aurait pas une pose étudiée. La meilleure des mises en scène est celle qui se fait oublier.Les raisons de cette mise en scène S’est-il agi pour le président Poutine, comme pour Pygmalion donnant chair de femme à sa statue, d’insuffler à un héritier potentiel l’esprit de pouvoir qui l’anime, voire de l’adouber ? On peut convenir que pour un gamin d’une douzaine d’années, s’être fait embrasser par un des hommes les plus puissants de la planète et avoir respiré contre lui le suint de la bête de pouvoir peut décider d’une vocation.On se doute que telles ne sont pas les intentions des deux politiques en se prêtant à ce jeu. Quelles pourraient-elles être alors ?


On n’en est réduit bien sûr qu’à des hypothèses.


1- Pour le président Poutine, cette étreinte d’un enfant est assurément la dernière image qu’on aurait associé à sa personne d’ancien responsable du KGB. Comme tous les tyrans, n’a-t-il donc pas cherché à donner de lui-même une image familière pleine d’humanité pour combattre celle du monstre froid qui vient tout juste d’envoyer ses troupes combattre la Georgie. Par intericonicité, on connaît bien d’autres exemples où les dictateurs ont aimé se faire photographier en présence d’enfants. Hitler n’était pas le dernier. Un tyran qui embrasse un enfant n’est pas tout à fait un tyran ; ne montre-t-il pas qu’il a un cœur comme tout le monde et que « le vert paradis » de l’enfance ne lui est pas étranger ?


2- Quel intérêt, en revanche, pour le président Sarkozy, de se faire photographier aussi ravi de voir le président Poutine presser paternellement son fils contre son cœur ? On peut légitimement supposer qu’il a entendu faire connaître la qualité de ses relations avec le président Poutine : mieux que des mots, l’étreinte de son fils par le maître de la Russie suffit à dire l’intimité qu’ils entretiennent tous deux. Voilà sans doute une façon de montrer dans leur propre capitale aux Chinois devant lesquels il a dû s’incliner en renonçant à rencontrer le Dalaï-Lama, la complicité qui existe entre la France et la Russie.


Quant à ses opposants qui lui reprochent un atlantisme outrancier qui a tourné le dos à la politique gaullienne, n’est-ce pas l’occasion de leur montrer les liens étroits qu’il n’en entretient pas moins avec la Russie ?Autrefois, un roi donnait sa fille en gage d’amitié à un rival ou à un adversaire. Aujourd’hui, un président prête son fils à un autre, le temps d’une effusion savamment mise en scène tout en n’ayant pas l’air de l’être. Mais ne faut-il pas être un peu demeuré pour se laisser prendre à un leurre aussi grossier ?


Paul Villach agoravox


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