Le dernier roman de Yamisna Khadra connaît un grand succès comme , d'ailleurs, beaucoup de ses précédents romans. Les vertueux, tel est le titre de ce roman. C'est l'histoire mouvementée de Yacine Cheraga, fils d'une très pauvre famille algérienne dans la régions des Hauts-Plateaux et dans les années 1915.
Ce très jeune homme est victime ,au moment où se déclenche la première guerre mondiale d'une ignominie commise par Gaïd Boussai. Cet homme tout puissant et sans scrupule veut éviter à son fils de partir à la guerre et surtout voudrait faire croire que son fils se montre héroïque, ce qui l'arrangerait dans son rapport de servilité à l'égard de la France. Il va donc prendre un jeune sur son territoire et l'envoyer à la guerre à la place de son fils. Si ce fait pourrait paraître invraisemblable, n'oublions pas qu'il y eut des époques où l'on pouvait acheter un "remplaçant" pour l'armée! Ici point d'achat, un acte autoritaire sur une population miséreuse et des promesses trompeuses.
Voilà donc le point de départ. Yassine Cheraga, connu , évidement sous le nom du fils de Gaïd Boussai partira à la guerre En France, se battra vaillamment, liera dans le cadre de ces combats avec quelques uns des soldats de sa section qui deviendront comme il le dit plus que des amis, des frères. Il verra mourir beaucoup de jeunes gens dans cette boucherie que fut cette guerre. Une partie du roman nous emmène donc dans cette guerre et sont bien décrits les conditions des soldats, la misère, les horreurs.
Après la guerre et son retour en Algérie , Yassine se rendra compte qu'il a été trahi par le Caïd qui , au surplus a expulsé ses parents de son territoire. S'ouvriront alors de nombreuses péripéties et des malheurs en cascade, mais aussi des gestes de bonté de ses amis où de certains intervenants dans sa vie.
Après une série de malheurs la lumière viendra. je n'entre pas dans les détails car il faut se laisser prendre par le récit.
Il y a ,dans l'attitude de Yassine, tout au long de cette vie, une philosophie qui est celle de l'acceptation de son destin. Là où on imaginerait une immense colère et une volonté permanente de vengeance, on voit que Yassine accepte, qu'il ne se venge pas, qu'il ne recourt pas à la violence. On a ,là, un exemple de résilience au sens que lui donne Boris Cyrulnik .C'est un vertueux et, à la fin, grâce à d'autres vertueux il trouvera dans un petit village du Sud, dans le désert, une sorte de sérénité contemplative.
Yasmina Khadra vient de faire une tournée en Tunisie pour présenter son roman et, partout, il a obtenu un grand succès comme nous l'indique cet article. qui, de plus m'indique le parcours de l'écrivain et la raison qu'il a eu pour prendre un pseudonyme qui est le nom de sa femme! A Sfax il a été présenté par le Professeur Trabelsi dont j'ai fait la connaissance récemment lors du colloque sur Camus.