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Le CNES en 2023 : Défis et opportunités pour construire le spatial de demain

Publié le 17 janvier 2023 par Toulouseweb
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Mardi 17 janvier 2023, Philippe Baptiste, Président directeur-général du CNES, a présenté ses vœux à la presse. L’occasion de remercier les journalistes qui couvrent l’actualité spatiale pour leur fidélité et contribuent à mettre en lumière l’espace et ses enjeux à nos concitoyens. Ce moment d’échanges a permis aussi de revenir sur les grands succès de 2022 et de présenter les orientations du CNES pour 2023, émaillée de nombreux temps forts et défis à relever sur les plan national, européen et international.

En 2022, l’Etat a fixé le cap de la stratégie spatiale nationale à travers la signature du Contrat d’Objectifs et de Performance du CNES. Baptisé « Nouveaux espaces », le COP s’articule autour de quatre ambitions majeures pour les trois prochaines années : souveraineté nationale, science, compétitivité économique et climat.

A ce titre, l’ambition française dans le domaine spatial a été assumée très fortement par le gouvernement. Plus de 9 milliards sur 3 ans ont ainsi été annoncés par Elisabeth Borne lors de l’IAC 2022, soit une augmentation de l’ordre de 25% par rapport à la précédente triennale. Ce budget a été conforté par une souscription européenne record de 16,9 milliards d’euros, votée lors de la Conférence ministérielle de l’ESA en novembre 2022. Cela correspond à une hausse de 17% par rapport au budget alloué en 2019. Ce terreau favorable permettra d’impulser des programmes spatiaux ambitieux dans de nombreux domaines : l’accès autonome à l’espace, l’observation de la Terre, les télécommunications, l’exploration, la sûreté et la sécurité ainsi que le programme scientifique obligatoire.

De manière générale, le CNES bénéficie de sources de financements variées pour opérer sa mission de service public dans le domaine spatial. En 2023, le budget du CNES s’élève 2,598 milliards d’euros. Cette forte augmentation conforte l’importance accordée au spatial : ce montant inclut la contribution française à l’ESA, 1,079 milliards d’euros, le programme national, 848 millions d’euros, les ressources propres, 507 millions d’euros, France 2030, 84 millions d’euros, le plan de relance, 59 millions d’euros, et le PIA, 21 millions d’euros.

Dans le cadre de France 2030, 1,5 milliard d’euros seront consacrés à l’espace pour une durée de 5 ans afin de renforcer le rôle de la France comme puissance mondiale. En 2023, l’ambition du volet spatial se poursuit avec pour objectifs : 1 micro-mini lanceur réutilisable à horizon 2026, 10 services offerts par des constellations opérationnelles en 2030 et 200 entités publiques et privées utilisatrices de données spatiales.

Pour inventer l’espace de demain, l’autonomie européenne d’accès à l’espace est centrale. Si la fin d’année 2022 a été marquée par l’échec du premier lancement commercial de Vega-C, une commission d’enquête permettra d’en tirer les conclusions nécessaires pour avancer sur la voie d’une Europe du spatial forte. L’objectif majeur est également de mener à bien les essais combinés d’Ariane 6 jusqu’à son vol inaugural prévu au plus tôt fin 2023. Capable de ré-allumer son étage supérieur, Ariane 6 réduit de 40% les coûts de lancement par rapport à Ariane 5. 2023 sera également marquée par le projet dénommé CSG-NG, soit la poursuite de la modernisation du CSG entamée en 2020 ainsi que sa décarbonation. Une étape majeure pour répondre à la cadence des lanceurs Ariane 6 et Vega-C. De la même manière, le chantier de requalification du pas de tir Diamant, en étroite collaboration avec des entreprises guyanaises, permettra quant à lui d’accueillir des mini et micro-lanceurs. A cet égard, le démonstrateur Callisto, qui doit tester la pertinence d’un lanceur européen dont le premier étage serait réutilisable, effectuera ses premiers essais en 2024, sur le site Diamant du CSG.

En accueillant à Toulouse le Commandement de l’Espace, le CNES renforce sa position au sein de la Défense française. Le CDE réitèrera l’exercice AsterX, dont l’objectif est de tester les capacités à protéger les satellites français en cas de menace. En outre, 2023 verra le déploiement de Syracuse 4B à bord d’Ariane 5, permettant aux armées françaises de communiquer à haut débit partout dans le monde. A noter également l’émergence de la constellation CO3D, capable de produire une carte 3D de la surface émergée de notre planète avec une précision jamais encore égalée.

2022 a été une année riche dans le domaine de la coopération scientifique et 2023 s’annonce très prometteuse. L’année écoulée a notamment été le témoin de magnifiques images émanant dutélescope spatial James Webb, successeur de Hubble pour observer encore plus loin dans l’univers. Fin 2022, Sophie Adenot, sélectionnée par l’ESA, est devenue ainsi la onzième astronaute française. Après un lancement réussi à la fin de l’année 2022, l’alunissage du rover Rashid avec à son bord les caméras françaises CASPEX est prévu pour avril 2023. Le même mois, la sonde spatiale JUICE s’envolera rejoindre l’orbiteur Juno de la NASA afin d’étudier Jupiter et ses trois grandes lunes glacées. Le satellite de cosmologie européen Euclid se penchera sur la matière et l’énergie noires de notre Univers afin d’en mesurer son expansion tandis que la mission franco-chinoise SVOM se consacrera à l’étude des plus lointaines explosions d’étoiles, les sursauts gamma. Enfin, l’année 2023 sera marquée par la livraison des instruments conçus par le CNES en vue du lancement de la sonde MMX en 2024 par la JAXA.

La Terre est scrutée continuellement par les satellites, témoins de premier plan de son évolution, marquée par le contexte de réchauffement climatique. L’initiative internationale Space for Climate Observatory, visant à renforcer la résilience des territoires en s’appuyant sur les données spatiales, tiendra son deuxième congrès international en mars 2023. Concernant les programmes, les premières données de la mission franco-américaine SWOT, lancée fin 2022 depuis les Etats-Unis, révolutionneront les domaines de l’hydrologie et de l’océanographie. A noter également la mission MicroCarb, dont l’objectif est de recenser et de cartographier les sources et puits de CO2 à l’échelle planétaire. La mission AOS, visant à affiner les prévisions météorologiques et des modèles climatiques, embarquera notamment deux instruments fournis par le CNES.

Impliquées dans notre quotidien, les données spatiales recèlent un fort potentiel économique. Dans ce cadre, le CNES veille à leur qualification afin qu’elles irriguent de nombreux secteurs et la société dans son ensemble. Lancée fin 2022, la constellation de satellites de connectivité européen en orbite basse baptisée IRIS2 ouvre d’importantes perspectives pour la défense et le grand public. Fin 2023, ce sont les premiers nano-satellites de la constellation développée par Kinéis qui seront déployés. Dédiés à l’Internet des Objets (IoT), ils entraîneront d’importantes avancées dans l’agriculture, la logistique, le transport ou encore l’énergie. Cette future constellation enrichira également le système Argos, avec une nouvelle génération d’instruments. Enfin, grâce à son partenariat avec U-Space, le CNES développe le démonstrateur NƐSS, dont l’objectif est de détecter et localiser des interférences qui touchent de multiples applications et ainsi protéger les systèmes satellites et leurs utilisateurs.

Avec l’avènement du NewSpace, le CNES démultiplie les initiatives pour alimenter le tissu industriel spatial français et européen. Pilier du développement du NewSpace en France, le programme Connect by CNES accompagne et fédère la communauté des utilisateurs du spatial en Europe et à l’international, en priorité dans des secteurs clés tels que l’environnement, la santé et la mobilité. Co-géré par le CNES et l’Université des forces armées allemandes, le programme SpaceFounders permet de soutenir la naissance de jeunes pousses dans le domaine du spatial. 20 start-ups ont déjà bénéficié de SpaceFounders, rejointes par une nouvelle promotion dès 2023. Conçu à l’automne 2022 et soutenu par le PIA, le club Spacely permet aux investisseurs privés et publics d’accéder à des entreprises du spatial à fort potentiel. Grâce à TechTheMoon, premier incubateur lunaire au monde, 5 nouvelles startups ont intégré le dispositif et présenteront leurs projets respectifs à des professionnels en 2023.

Enfin, un rendez-vous majeur du spatial fait son retour : le salon du Bourget qui se tiendra du 19 au 25 juin. Le pavillon du CNES sera coordonné avec celui de l’ESA au travers d’une zone d’animation commune.


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