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Open d'Australie : les favorites souffrent, Jabeur déjà éliminée

Publié le 19 janvier 2023 par Francky
Open d'Australie : les favorites souffrent, Jabeur déjà éliminée
Dix-sept. C'est le nombre de têtes de séries du tableau féminin qui sont parvenues, avec plus ou moins de difficultés, à rallier le troisième tour de l'Open d'Australie, après quatre jours de compétition. Cela veut dire que près de la moitié d'entre elles ont déjà plié bagage, certaines ayant explosé en plein vol. Pour celles qui ont survécu à l'hécatombe, ces premiers jours de tournoi ne furent pas de tout repos. De la numéro une mondiale Iga Swiatek à la grecque Maria Sakkari, en passant par Caroline Garcia, Belinda Bencic ou Danielle Collins (photo ci-dessus), il a fallu s'employer, mettre les mains dans le cambouis et hausser son niveau de jeu pour éviter les nombreux pièges tendus par des adversaires n'ayant absolument rien à perdre car, moins bien classées.
Ainsi, dès le premier tour, c'est une Iga Swiatek quelque peu empruntée et en manque de sensations qui dut affronter la tempête face l'allemande Jule Niemeier. Un coup de chaud passager qui n'empêcha pas la polonaise de s'imposer en deux manches avant que la machine ne trouve sa bonne carburation au tour suivant contre la combative mais néanmoins limitée joueuse colombienne Camila Osorio. La patronne du tennis féminin est en mission à Melbourne, on le sent. Elle veut tourner la page de la United Cup, qui s'était conclue de façon calamiteuse par un crash contre Jessica Pegula, et montrer à ses adversaires qu'il faudra de toute façon en passer par elle pour espérer soulever le trophée. Mais attention car, l'on sent tout de même que l'étiquette de favorite est lourde à porter pour la numéro une et qu'à tout moment, un petit grain de sable peut venir gripper la mécanique. Cela est déjà arrivé par le passé et rien ne dit qu'un tel épisode ne puisse pas se reproduire.
Pendant ce temps-là, à l'image d'un tennis américain conquérant, avançant d'un seul bloc et solide comme un mur en béton, Jessica Pegula progresse assez tranquillement dans son quart de tableau en donnant l'impression qu'elle ne force pas son talent. Sa victoire expéditive au premier tour contre la malheureuse roumaine Jaqueline Cristian, peu habituée aux grands courts, fut un remarquable exercice de ce que l'on pourrait appeler une destruction paisible, autrement dit, le fait de surclasser une adversaire, jusqu'à l'humiliation, en n'étant jamais dans le dur. Deux jours plus tard, la troisième joueuse mondiale connut une petite alerte en se faisant accrocher dans le deuxième set face à la biélorusse Aliaksandra Sasnovich qui provoqua un jeu décisif. Mais, une nouvelle fois, la force tranquille de l'américaine, qui ne montra pas de réels signes d'énervement, fit le travail, lui permettant ainsi d'arriver en seizièmes de finales dans une position très confortable. De toutes les joueuses du top 10, Pegula est sans doute celle qui, avec Aryna Sabalenka, a semblé la plus impressionnante.
Aryna Sabalenka est dans sa bulle depuis le début du tournoi. Elle y est d'ailleurs tellement qu'on peut souhaiter bon courage à celle qui voudrait tenter de l'en sortir. Oui, les fautes, les déchets dans le jeu, sont encore présents chez la biélorusse, comme souvent. Mais, nous savons vous et moi que cette solide joueuse de fond de court, qui mise tout sur son imparable puissance (elle est l'archétype de l'attaquante de fond de court des temps modernes), prend beaucoup de risques et qu'elle est parfaitement consciente du fait que ça ne peut pas aboutir à tous les coups sur des points gagnants. Oui, le style de jeu de Sabalenka n'est pas des plus attractifs, nous ne dirons pas le contraire. Pourtant, elle est toujours là, ne s'est pas encore faite prendre un set depuis le tournoi d'Adélaïde et trace sa route, sans puiser dans ses réserves et comme si sa vie en dépendait. Sa prochaine confrontation, contre la belge Elise Mertens, permettra sans doute d'affiner notre sentiment à son sujet.
D'autres joueuses figurant parmi les prétendantes ont montré deux visages depuis le début de la semaine. Abonnée aux joueuses canadiennes, la française Caroline Garcia, tête de série n°4 et citée parmi les favorites par les observateurs, avait débuté sa campagne de la plus belle des manières en ne laissant que des miettes au premier tour à Katherine Sebov. En revanche, le deuxième tour fut loin d'être une promenade dominicale pour la numéro une française. Maladroite, malmenée par une Leylah Fernandez déterminée à jouer crânement sa chance et paraissant retrouver de bonnes sensations après un long passage à vide, Garcia a pu capitaliser au maximum sur son expérience et ce réalisme glacial que beaucoup lui envient. Cette attitude positive lui a ainsi permis d'éviter l'engrenage d'un troisième set qui aurait pu s'avérer dangereux. L'obstacle fut néanmoins franchi tant bien que mal alors qu'une opportunité d'aller loin dans le tournoi se présente dès maintenant devant elle.
On eut droit aussi aux deux visages de Maria Sakkari. D'abord, celui de la conquérante, maîtresse de son esprit et sûr de sa force au premier tour, visage dont la chinoise Yue Yuan fit les frais. Ensuite, celui de la joueuse fragile qu'elle est, capable de s'autodétruire lorsqu'on la pousse dans ses retranchements. La russe Diana Shnaider, issue des qualifications et promise à un avenir radieux, faillit bien réussir son coup au second tour en prenant la sixième joueuse mondiale à la gorge dès l'entame de match. La stratégie fut dans un premier temps payante avant que la joueuse de dix-huit ans, encore inexpérimentée à ce stade de la compétition, ne fasse les frais du réveil du volcan. C'est là que l'on voit à quel point Sakkari est exactement ce qu'elle montre dans le documentaire de Netflix, Break Point (dont il faudra que je vous parle incessamment sous peu), c'est-à-dire une joueuse en proie à ses démons intérieurs, à ces voix qu'elle ne parvient pas à contenir. La grecque, peu en confiance depuis sa défaite en United Cup contre l'italienne Martina Trevisan, est sur le fil du rasoir, un fil qui peut céder à tout moment sous le poids de ses incontrôlables émotions.
Des émotions, Danielle Collins en a vécu beaucoup en l'espace de quelques jours à peine. La finaliste de l'édition 2022, qui a un rang à tenir, est à la peine, c'est incontestable. Bien sûr, le tirage au sort compliqué qu'elle a eu ne l'a pas aidé. Mais, le mal est essentiellement physique chez la tête de série n°13. En délicatesse au premier tour, à tel point qu'elle avait dû faire appel au kiné pour se faire strapper la jambe, l'américaine est entrée dans une forme de résistance acharnée, telle une boxeuse groggy qui se relève encore et encore malgré les coups qu'elle encaisse. Ainsi, l'alerte fut encore très chaude au terme d'un titanesque second tour contre Karolina Muchova, qu'elle a conclu 10-6 dans le jeu décisif du dernier set, au bord des larmes. Collins est en sursis dans ce tournoi. Elle joue très gros car, une élimination précoce lui serait préjudiciable au classement. Nul doute que son prochain tour très difficile contre Elena Rybakina peut signifier sa perte, à moins qu'elle aille chercher un nouvel exploit.
Un exploit que n'iront pas chercher les quinze têtes de séries qui ont déjà disparues du tableau. Pour Anett Kontaveit (tout sauf une surprise), Veronika Kudermetova (écartée par l'étonnante américaine issue des qualifications Katie Volynets), Qinwen Zheng, Beatriz Haddad Maia, Petra Kvitova, la désillusion fut grande. Tête de série n°8, Daria Kasatkina n'a pas été à la hauteur des attentes placées en elle. Son crash face à sa compatriote Vavara Gracheva, au premier tour, fut pénible à regarder, tout comme sa précédente et terrible déconvenue en finale du tournoi d'Adélaïde contre Belinda Bencic (qui, soit dit en passant, fut à la peine elle aussi au second tour face à l'américaine Claire Liu). C'est l'heure de la grande remise en question pour la jeune et talentueuse russe. Une remise en question par laquelle va devoir également passer la numéro deux mondiale Ons Jabeur. La tunisienne ne cache définitivement plus ses ambitions. Elle veut entrer dans l'histoire en devenant la première joueuse arabe à s'imposer dans un tournoi du Grand Chelem. Je ne doute pas un seul instant qu'elle puisse le faire dès cette année, encore faut-il être au top de sa forme. Or, la dauphine de Swiatek au classement était clairement hors de forme. Cela se voyait déjà comme le nez au milieu de la figure lors de son premier tour poussif contre la slovène Tamara Zidansek et c'était encore plus flagrant contre Marketa Vondrousova (on en constatait même les prémices bien avant, lors de sa demi-finale perdue à Adélaïde face à la prodige tchèque Linda Noskova). Seulement voilà, arriver à Melbourne en étant à soixante pour cent de ses capacités physiques pour jouer l'Open d'Australie n'est tout simplement pas tenable, surtout dans un tournoi aussi exigeant de par les conditions climatiques qui y règnent à cette période de l'année. Strappée au genou et trahie une nouvelle fois par son corps, Ons Jabeur n'a plus qu'à attendre des jours meilleurs et prier pour que toutes ses sensations soient revenues avant la prochaine échéance majeure à Roland Garros.

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