Un directeur d’école est en garde-à-vue, accusé à tort selon certains, d’avoir violé des filles de son établissement.
Le directeur du CES bilingue de Batchingou Tousseu est passé à côté d’un lynchage en forme. Lundi, 16 janvier 2023, peu après la cérémonie de levée des couleurs et alors que les cours avaient à peine démarré sur le site qu’il partage avec l’école primaire publique du village, une vingtaine d’individus majoritairement constitué de femmes, a fait irruption dans le campus sans clôture. « On vient chercher le directeur-violeur. Il a violé nos enfants ici », déclarent-elles, en secouant leurs armes, pour l’essentiel des bâtons, des machettes et des couteaux. Il a fallu qu’il se présente vite pour ne pas être pris pour cible.
Pascal Martin Achountsa, le directeur de l’école primaire, était absent. Parmi ces femmes remontées, une meneuse raconte que sa fille a présenté des signes d’anormalité mercredi et jeudi de la semaine écoulée et qu’il a fallu qu’elle la menace pour qu’elle raconte ce qui lui est arrivée. Et comme elle, deux autres fillettes du cours moyen.
Lire aussiCameroun - Drame : La fête qui dégénère au Liv’s night-clubDes faits, qui se seraient déroulés dans le bureau du directeur. « Le directeur leur a dit qu’il a mis son esprit en elles, que si elles disent ce qu’il a fait avec elles, elles vont mourir », a balancé la plaignante, selon un témoin de la scène. Sur ces entrefaites, le commandant du poste de gendarmerie de Bamena a interpellé le directeur incriminé. Il est gardé à vue depuis lors dans ce service. Des faits troublants alimentent la conduite de l’enquête.
Lire aussiCrise anglophone : Des soldats camerounais ont encore massacré des civils donc un enfant de 18 moisAux supérieurs hiérarchiques du directeur, notamment l’inspecteur de l’Education de base de Bangangté et le Délégué départemental du Ndé descendus sur place pour l’enquête administrative, le parent d’une des enfants a affirmé devant témoins que les examens médicaux réalisés sur sa fille ne présentent pas de signe de violence sexuelle. De même, le directeur n’était pas à l’école le jour supposé des attouchements incriminés. Le commandant a demandé une contre-expertise médicale.
En traversant le village, il apparait aussi clairement que la communauté éducative de Batchingou ne porte pas son directeur en cœur. Nombre de villageois, reprochant son laxisme, l’accusent d’être venu « tuer leur école », si bien qu’une bonne frange a retiré sa progéniture pour l’inscrire à la mission catholique.
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