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L'édito du dimanche : pourquoi il est nécessaire de regarder "Break Point"

Publié le 22 janvier 2023 par Francky
L'édito dimanche pourquoi nécessaire regarder
Qu'est-ce qu'être joueur de tennis professionnel aujourd'hui ? Vaste question à laquelle chacun est en droit de donner une réponse selon son propre ressenti. Les sportifs du dimanche et autres personnes plus enclines à critiquer depuis leur canapé seraient sous doute tenter d'affirmer que le tennis consiste à renvoyer à la balle à l'adversaire et que n'importe qui au monde est capable de faire la même chose. Il y a du vrai bien que la rhétorique soit ici profondément réductrice et émanant d'un public qui non seulement saisit mal les enjeux de carrière d'une telle discipline, mais aussi, le travail à la fois physique et mental que cela demande. Assis dans notre fauteuil à regarder des matches sur notre écran, notre champ de vision ne s'élargit pas suffisamment pour comprendre exactement ce qui se passe dans l'esprit d'un joueur au moment où il s'apprête à frapper dans la balle. Nous sommes encore moins conscient de tout ce qui se passe avant, pendant et après un match, toujours parce que nous manquons du recul nécessaire pour envisager les choses en un tout, en tant que simples spectateurs que nous sommes.
Break Point est sans doute le nouveau fil conducteur qui peut nous permettre d'envisager le tennis autrement qu'une discipline sportive. L'idée est intéressante car, elle s'adresse surtout au plus néophytes d'entre nous et nous permet ainsi d'être instruit sur le travail considérable que tout joueur professionnel doit fournir afin de croire en ses rêves. L'on savait d'avance que l'initiative de la plateforme de streaming Netflix n'allait pas passer inaperçue puisque l'équipe qui a élaboré le projet est exactement la même qui a conçu le docudrama Formula 1: Drive to Survive sorti en 2019. On retrouve ainsi à la production de Break Point le trio de producteurs composé de James Gay-Rees, Paul Martin et Sophie Todd, ainsi que Martin Webb à la direction et Tom Fuller à la musique. La série comporte en tout dix épisodes d'une durée de quarante-cinq minutes chacun environ, les cinq premiers étant disponibles au visionnage depuis le 13 janvier dernier (il faudra attendre vraisemblablement juin pour voir les cinq autres). 
Nous voici donc partis pour un voyage au quatre coins du monde, de Melbourne à Paris, en passant par le désert de Californie et Madrid avec comme accompagnateurs Matteo Berrettini, Ajla Tomljanovic, Nick Kyrgios, Maria Sakkari, Paula Badosa, Ons Jabeur, Casper Ruud, et j'en passe. Le but proposé ici n'est pas spécifiquement de les suivre dans leur parcours, il est de savoir ce qui se passe dans leur tête. C'est là le vrai fil de la série, c'est-à-dire un voyage plus intérieur qu'autre chose, même si chaque épisode est agrémenté de quelques moments plus intimes filmés dans le cercle familial, par exemple, éléments qui sont surtout mis en avant avec Ons Jabeur et Félix Auger-Aliassime, mais également Nick Kirgios, dont on découvre ici un aspect plus lisse, et tout compte fait plus ordinaire de la personnalité. Disons-le sans détour (et nous refermons aussitôt la parenthèse sur cet aspect), ces instants en famille ne sont pas les aspects les plus importants de la série. Ils auraient même tendance à la dévaloriser à force d'être répétitifs. Par contre, là où le documentaire puise sa plus grande source d'informations, c'est sans aucun doute dans son approche psychologique de la discipline. L'on découvre alors les fragilités les plus profondes de ces championnes et de ces champions. Ainsi, les confessions de Paula Badosa sur ses problèmes liés à la dépression ou encore le combat intérieur sans merci que Maria Sakkari livre contre elle-même dès qu'elle est sur le court n'en sont que plus touchants. C'est véritablement sur ce thème du mental dans la pratique du tennis de haut niveau que la série trouve son équilibre, les deux premiers épisodes, ainsi que le quatrième, n'en étant que plus passionnants, instructifs et révélateurs d'une discipline tout sauf évidente. En revanche, et c'est bien dommage, dès que le documentaire s'éloigne de son centre névralgique pour n'aborder que des rhétoriques liées à la performance pure, comme la folle aventure de la paire australienne Kyrgios/Kokkinakis à Melbourne, l'exploit de Taylor Fritz à Indian Wells malgré la blessure, l'épopée de Casper Ruud (dont l'antipathie frise le dégoût absolu dans l'épisode 5) à Roland Garros, tout perd de son intensité pour finalement tomber dans l'ennui. Le cinquième épisode en est hélas un exemple flagrant.
Mais, qu'à cela ne tienne, la série parvient à maintenir une certaine cohérence lui assurant un bon équilibre dans l'ensemble, portée qu'elle est par une réalisation dynamique qui tient le téléspectateur en haleine. Cette indéniable qualité vient masquer les sujets qui auraient pu être abordés plus en profondeur, comme les déboires de Novak Djokovic à l'Open d'Australie 2022 ou la retraite de l'australienne Ashleigh Barty. La nécessité de regarder Break Point n'en demeure pas moins importante pour qui veut connaître l'aspect psychologique d'une discipline extrêmement complexe et demandant un investissement mental de tous les instants. On espère que la même direction sera prise pour les prochains épisodes.

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