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Notes sur le chagrin de Chimamanda Ngozi Adichie

Par Rambalh @Rambalh
Chimamanda Ngozi Adichie, c’est un coup de cœur littéraire depuis que j’ai lu Americanah. J’ai lu quelques-uns de ses essais que j’ai trouvés fascinants de justesse et j’accumule pas mal de ses œuvres dans ma PàL. Regardant régulièrement ses ouvrages en librairie, j’ai trouvé Notes sur le chagrin dont le résumé m’a tout de suite happée.
Notes sur le chagrin de Chimamanda Ngozi Adichie

Quatrième de Couverture
Comment dire adieu à un être cher alors que le monde entier est frappé par une crise sanitaire, que le défunt repose au Nigeria et que ses enfants sont bloqués en Angleterre et aux États-Unis ? Le père de Chimamanda Ngozi Adichie vient de mourir. Séparée de ses proches, cette dernière vit un deuil empêché et solitaire. Elle écrit alors sous la forme de courts chapitres, composés comme des soubresauts de chagrin et de rage, où l’amour et l’admiration qu’elle portait à son père explosent à chaque page.
James Nwoye Adichie a traversé plusieurs époques de l’histoire du Nigeria. S’il a transmis la culture et la langue igbos à ses enfants, essentielles à l’œuvre de l’autrice, il s’est aussi élevé contre certaines traditions de son pays. En partageant des anecdotes familiales simples et touchantes, Chimamanda Ngozi Adichie rend hommage au professeur émérite de l’université du Nigeria, mais surtout au père humble et affectueux qu’il était, son « dadounet originel ».
La perte se voit ainsi transcendée par l’amour et la transmission.
Mon avis
Durant le confinement de 2020, Chimamanda Ngozi Adichie a perdu son père. Depuis les Etats-Unis, elle a vécu un choc terrible, une perte immense lors d’une période critique où son deuil est vite devenu insurmontable. Assaillie par le chagrin et la colère, elle a couché sur papier des bribes de ses émotions violentes, parcourant les longs mois d’attente avant de pouvoir enfin mettre son père en terre.
Notes sur le chagrin résonne comme un hommage à ce père que Chimamanda Ngozi Adichie aime, admire, toujours solide à ses côtés. À travers les chapitres, elle partage des souvenirs qui dressent le portrait d’un homme bon, juste, encourageant, inspirant. Un père qui l’a toujours soutenue et poussée à être la meilleure version d’elle-même. Il était son roc, cet être inébranlable sur qui elle pouvait se reposer mais aussi dont elle s’inspirait. Le vide qu’il laisse dans sa vie est immense et c’est la colère qui prend le pas sur le chagrin pour combler cette absence mais aussi la cruelle distance. Parce que Chimamanda est aux Etats-Unis, en plein confinement, et elle ne peut faire son deuil de ce pilier disparu au Nigeria. Elle ne peut intégrer pleinement sa perte, coincée à des milleirs de kilomètres, dans un contexte où tout semble en suspend : c’est donc sa rage qui s’accroche durablement à son corps.
Comme toujours, la plume de Chimamanda Ngozi Adichie m’a captivée. Son style sans détour est d’autant plus fort ici que la colère qui l’habite fusionne avec ses mots et les rend plus percutants encore. Les chapitres sont courts et construits en vagues de montagnes russes, à l’image de la fluctuation de son chagrin : certains sont doux à travers les souvenirs, comme un cocon, d’autres se terminent en chutes brutales. Ces chutes reflètent à la perfection la façon dont le chagrin peut nous prendre par surprise sur le chemin du deuil, lorsqu’un bon souvenir nous rappelle avec cruauté qu’ils seront tous au passé désormais et plus jamais au présent.
Notes sur le chagrin est un cadeau doux amer, une lecture forte, douloureuse mais tellement belle. C’est aussi un témoignage d’une époque, de cette terrible année 2020 où nos vies ont été impactées à bien des niveaux et où nos deuils ont été plus lourds à porter. Encore une fois, Chimamanda Ngozi Adichie a capturé mon esprit pour y imprimer ses mots et je lui en suis reconnaissante.
« Je regarde mon père de tous mes yeux. J’ai du mal à respirer. C’est cela que ça signifie, état de choc, quand l’air se transforme en colle ? »
« Le chagrin n’est pas vaporeux ; il a du corps, il est oppressant, c’est chose opaque. Son poids est plus lourd le matin, après le sommeil : un cœur de plomb, une réalité obstinée qui refuse de bouger. »
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