Ainsi donc, j’ai gagné un colis saveur offert par ma boulangerie. J’ai déjà parlé de celle-ci en admirant la jeune entrepreneuse qui s’est lancé ce défi au moment où des tas d’autres boulangeries sont contraintes de fermer boutique. Trois mois plus tard, c’est une success story comme on dit en anglais : la boulangerie ne désemplit pas grâce à la qualité de ses pains, de ses viennoiseries, de ses pâtisseries et surtout de l’accueil de toute l’équipe.
Pour remercier ses clients, Jade (absente lorsque je suis allé chercher mon gain) a lancé un concours sur l’inévitable Facebook : il fallait publier et commenter une photo du pain mangé au petit-déjeuner. Il suffisait ensuite d’attendre les likes du commentaire et espérer en avoir le plus une semaine plus tard.
J’avoue que je ne me suis pas trop foulé pour la photo ni pour le commentaire, mais c’était sincère, la stricte vérité et ça m’amusait (oui, on s’amuse comme on peut, je sais…).
Enfin bref, ma photo était publiée, mais encore fallait-il avoir des likes. N’étant pas trop sûr d’en avoir, j’ai lancé un appel sur ma page Facebook. C’est surtout ma famille qui y a répondu. Ma fille qui me soutient toujours dans mes petits délires a même partagé l’appel sur sa propre page, ce qui m’a valu quelques pouces levés inespérés. Sans trop forcer, j’ai rapidement pris une belle avance sur une autre cliente qui avait publié une photo finalement proche de la mienne, mais sans les fameux pistolets.
La semaine s’écoulait paisiblement, et lorsque je passais voir où en était le concours, je ne m’inquiétais pas trop. Sauf que trois jours avant le comptage final, le score de ma « concurrente » augmentait petit à petit. Plus que vraisemblablement, elle (ou un de ses proches) activait également son réseau, ce qui est de bonne guerre surtout quand on n’est pas vraiment en guerre.
La clôture du concours était fixée à 19 heures, dimanche dernier. De mon côté, j’avais une répétition à partir de 16h30 pour un spectacle local à présenter dans 2 semaines. Bref, impossible de suivre les derniers rounds alors que je voyais bien que j’allais inexorablement être dépassé. Juste avant de partir, j’ai envoyé un message à quelques ami·es, dont mon dernier fils qui n’avait pas encore manifesté son enthousiasme devant mes pistolets. Et je suis allé répéter, en me disant que le deuxième lot ferait déjà une très belle récompense.
Lors d’une courte pause, je regarde mon terminal de poche et je trouve ce message de mon fils : « C'est fait. J'ai envoyé le lien à un groupe d'amis aussi ». Et là, c’est l’explosion, d’autant plus que sa compagne en fait tout autant. Lors d’une autre pause, je leur écris même : « Oui, arrêtez c'est trop » !
J’ai donc gagné. Mes deux – malheureux, mais délicieux – pistolets se sont transformés en un magnifique panier rempli de merveilleuses gourmandises liquides et solides. Un régal multiple à déguster.
Tout ça n’a évidemment pas beaucoup d’importance. Mais j’en retiens plusieurs leçons. Vous savez, de ces « leçons » passionnantes et qui vous ouvrent d’autres horizons…
D’abord, même quand on croit que ça ne peut pas réussir, que tout est foutu, il reste toujours un espoir qui peut conduire au succès, même si on n’y croit pas vraiment. Il suffit parfois d’une petite chose, la bonne, pour que tout se transforme.
Cette « bonne petite chose », elle vient souvent des autres. Tout seul, on n’est pas grand-chose. Avec les autres, avec nos proches, on peut créer des étincelles. Surtout quand on ne s’y attend pas.
C’est ça la « multiplication des pains ». On part de deux pistolets banals, on arrive à un panier gourmand. On n’y croit plus trop, on atteint un sommet, aussi anodin soit-il. On se sent seul, on se retrouve ensemble.