Critique Ciné : Tár (2023)

Tár // De Todd Field. Avec Cate Blanchett, Nina Hoss et Noémie Merlant.

Dès le début, Tár n'est pas un film comme les autres. Il veut être événementiel et entend bien nous plonger dans l'histoire de cette cheffe d'orchestre avant-gardiste. Mais la force de Tár vient de la relation entre Todd Field (Little Children) et Cate Blanchett qui est clairement ici sa muse. Je ne suis pas un grand fan de musique classique et je n'y connais surtout pas grand chose mais Tár ne cherche pas à se réserver à une élite et parvient ainsi à rendre ce moment palpitant. Un peu comme Whiplash de Damien Chazelle avait pu le faire il y a plusieurs années maintenant. Tout repose sur Cate Blanchett et c'est un pari risqué. Car cela aurait très bien pu être une erreur, étouffant ainsi les personnages secondaires. Sauf que c'est tout l'inverse qui se passe. On est happés par les aventures de Lydia Tár et l'on a envie de connaître le dénouement à son histoire aussi étrange que palpitante soit-elle. Le personnage de Tár est sophistiqué et en même temps assez brut. Cette héroïne, à l'apogée de sa carrière, commence à perdre pieds dans un monde qu'elle ne veut pas voir évoluer en dehors du moule qu'elle s'est construit.

Lydia Tár, cheffe avant-gardiste d'un grand orchestre symphonique allemand, est au sommet de son art et de sa carrière. Le lancement de son livre approche et elle prépare un concerto très attendu de la célèbre Symphonie n° 5 de Gustav Mahler. Mais, en l'espace de quelques semaines, sa vie va se désagréger d'une façon singulièrement actuelle. En émerge un examen virulent des mécanismes du pouvoir, de leur impact et de leur persistance dans notre société.

La première partie du film nous permet de découvrir le quotidien de Lydia Tár alors que la seconde partie permet d'aller un peu plus loin et de faire montrer crescendo le tout. Mais Tár c'est avant tout l'histoire d'une descente aux enfers où la folie et la rage viennent prendre part au spectacle et bouffer tout ce qu'il y a autour. L'histoire est avant tout celle d'une femme qui est accusée de harcèlement et qui fait une véritable descente aux enfers. Tár vient rappeler que l'on est tous humains et que même au sommet de notre gloire on peut rapidement retomber. C'est la plus belle leçon que ce film peut donner et il la délivre de façon brillante. Avec un récit de 2h30 (ce qui est assez long tout de même), Tár n'ennuie jamais. Il y a toujours un moment fort qui vient relancer la machine sans jamais que celle-ci ne s'enraye. La musique est fluide et la musique prend aussi une place importante dans le récit. Cate Blanchett est ici brillante dans ce film sur l'abus de pouvoir et la façon dont celle-ci est parfois utilisé pour mettre la main sur les plus faibles.

Note : 9/10. En bref, un grand film où Cate Blanchett brille de milles feux.

Sorti le 25 janvier 2023 au cinéma