Aftersun // De Charlotte Wells. Avec Paul Mescal, Frankie Corio et Celia Rowlson-Hall.
Une vraie claque c'est quoi ? Aftersun incarne tout ce que j'aime au cinéma. C'est vivant, chantant, touchant et visuellement magnifique. Pour son premier film, Charlotte Wells réussi le tour de force de nous proposer quelque chose de simple mais remarquable. Ce film d'auteur s'impose rapidement, dès le début avec cette mélancolie qui remplie tout de suite le spectateur d'une émotion vive. A la fois celle de la nostalgie (le bruit d'un vieux caméscope dans l'introduction du film) mais aussi cette façon délicate qu'a Aftersun de nous introduire à son univers. Ces vacances père-fille parviennent à transformer des souvenirs en rêves fascinants de bout en bout. Même si parfois le film peut être grossièrement fichu, il n'en reste pas moins plein d'audace et surtout beau. Aftersun est là pour nous raconter une relation complexe, étudiant le dysfonctionnement familial.
Avec mélancolie, Sophie se remémore les vacances d'été passées avec son père vingt ans auparavant : les moments de joie partagée, leur complicité, parfois leurs désaccords. Elle repense aussi à ce qui planait au-dessus de ces instants si précieux : la sourde et invisible menace d'un bonheur finissant. Elle tente alors de chercher parmi ces souvenirs des réponses à la question qui l'obsède depuis tant d'années : qui était réellement cet homme qu'elle a le sentiment de ne pas connaître ?
L'une des véritables forces de Aftersun ce n'est pas seulement la mise en scène mais bel et bien Paul Mescal. Cet acteur que j'ai aimé d'amour dans Normal People et qui est nominé aux Oscars pour son rôle dans Aftersun, brille du début à la fin. Charlotte Wells fait un pari assez simple mais au fil de ces vacances, on raconte ce lien émotionnellement fort entre un père et sa fille. Des petits incidents et rencontres vont alors rythmer le récit. Aftersun mélange souvenir d'enfance avec quelque chose de plus complexe autour du sentiment de culpabilité parentale. Alors que Sophie devient elle-même mère, Aftersun entrecoupe le passé avec le présent. Mais c'est Paul Mescal qui parvient à envoyer le film encore plus loin. On ressent la douleur du personnage, preuve une fois de plus du grand talent de l'acteur. Aftersun est une vraie claque, tant visuellement que sensorielle. Le film vient nous offrir toute sa délicatesse, toute son émotion à coeur ouvert. Aftersun est complexe ce qui permet d'explorer avec une vraie intelligence l'histoire de Sophie et son père.
On sent que Charlotte Wells fait aussi confiance à son casting pour transmettre les émotions. Elle a raison tant le casting crève ici l'écran. La scène de karaoké maladroite sur Losing My Religion permet de ressentir pleinement la déconnexion entre le père et la fille. C'est fort et pourtant autour d'un moment en apparence simple. Comment ne pas aimer un film qui s'achève sur Under Pressure de Queen et David Bowie ?
Note : 10/10. En bref, un film qui brille de milles feux, aidé notamment par le talent sans faille de Paul Mescal.
Sorti le 1er février 2023 au cinéma