Critique Ciné : Infinity Pool (2023)

Infinity Pool // De Brandon Cronenberg. Avec Mia Goth, Alexander Skarsgård et Cleopatra Coleman.

Après la bonne surprise Possessor, Brandon Cronenberg marche dans les pas de son père David Cronenberg. Il y a une vraie dynastie commune entre le cinéma du père et du film mais là où Les Crimes du Futur n'était clairement pas à la hauteur du talent de David, Brandon perfectionne ici le sujet. Il pourrait être le pendant de Crash (1996, David Cronenberg) pour Brandon Cronenberg. Les deux films sont particulièrement extrêmes. La violence dans Infinity Pool est intelligemment mise en scène afin de démontrer la cruauté du tourisme dans les pays pauvres qui baignent dans le crime organisé. Mais Infinity Pool a un twist fantastique où tous les touristes peuvent payer pour être clonés et donc tués aux yeux de la population sans que ces derniers ne sachent qu'ils puissent revenir. James et Em partent donc dans un resort magnifique aux décors somptueux et la critique d'Infinity Pool est assez similaire à celle de Ruben Ôstlund dans Sans Filtre. Tout ce qui se passe dans ce dernier à l'air normal par rapport à Infinity Pool.

Les vacances d'un jeune couple riche et amoureux, James et Em. Le complexe tout compris, véritable petit paradis, dans lequel ils vont résider propose des visites de l'île et des plages étincelantes. Mais à l'extérieur des portes de l'hôtel, quelque chose de beaucoup plus dangereux et séduisant les attends...

Si le scénario est intelligent, le film tient aussi grâce à son casting. Mia Goth (X, Pearl) est en train de se transformer en actrice taillée pour les rôles de femmes folles. Je me demande même si elle ne l'est pas elle-même tant l'actrice est bluffante dans Infinity Pool. Elle évolue constamment dans le film vers une folie ravageuse qui nous happe sans jamais nous lasser. Alexander Skarsgård (True Blood) est lui aussi très bon dans ce rôle d'artiste raté qui vient sur cette île trouver une forme d'inspiration. Rapidement l'aventure devient étrange alors qu'au départ elle se développe autour de thématiques assez simples sur les riches qui font des choses de riches. La force de Infinity Pool vient des moments où il plonge dans quelque chose d'inattendu. Le film ne s'échappe pas de la violence physique et émotionnelle des actions de ses personnages. Certains moments sont particulièrement gores, presque digne d'un giallo mais avec un angle qui n'est pas sans faire écho une fois de plus aux précédents films de l'auteur.

Car l'on retrouve dans Infinity Pool, énormément d'éléments visuels qui faisaient la force de Possessor. Certains aspects les plus terrifiants du film sont finalement ceux qui nous plonge au plus profond de l'histoire. Il y a une scène où Mia Goth se retrouve assise sur le capot d'une voiture buvant du vin blanc à la bouteille alors que James marche devant tel un cheval trainant une calèche. C'est un moment dans le dernier tiers du film qui m'a fasciné par sa simplicité mais aussi son symbolisme fort. Infinity Pool est passionnant et surtout très réussi. Brandon Cronenberg démontre à merveille qu'il a un talent fou et qu'il est clairement le digne descendant de son père qui à mon humble avis à perdu la main.

Note : 8.5/10. En bref, un film fort visuellement qui impacte par un récit métaphorique critiquant l'attitude des gens aisés dans des pays pauvres. Ils pensent que tout leurs est dû et permis, renforçant le dégoût que l'on peut avoir de ces populations.

Prochainement en France