Magazine Bien-être

Publié le 03 mars 2023 par Eric Acouphene
... pour le calme intérieur, la paix intérieure, la simple joie d'être ? Comme une pluie fine interminable qui nous pénètre jusqu'aux os, les médias imprègnent quotidiennement notre vie intérieure d'une inquiétude latente qui insidieusement peut laisser place à l'angoisse ou à la dépression. Il faut aujourd'hui ajouter les produits de ce qui fait la différence, paraît-il, entre l'animal -être de nature- et l'homme -être de raison-. Il est insensé de projeter sur la Nature les problèmes écologiques qui ont pour cause l'idée prétentieuse que nous vivons - DANS-la Nature ; ce qui rend la Nature étrangère à nous-même. Quand allons-nous reconnaître que, comme les animaux, nous vivons - DE - la Nature ? Et qu'il serait bien que ce que j'appelle MOI se mette au service de ses lois. Lorsque je vivais en Haute-Savoie, ayant quitté la Forêt Noire pour ouvrir un premier Centre de Méditation, le paysan qui récoltait le blé qu'il avait semé autour du centre le fauchait à la faux !
J'étais fasciné par l'élégance de ses gestes. Maître de son outil, il le soumettait à un rythme aussi naturel que celui des battements du cœur. J'aimais échanger quelques mots avec cet homme paisible qui prenait toujours le temps de s'arrêter un moment pour papoter.
Quel contraste avec l'agriculteur qui aujourd'hui, autour de notre maison, dans la Drôme, conduit une machine agricole plus volumineuse qu'un camion trois tonnes. Il me donne l'impression d'être l'esclave de sa machine. Lui faisant un signe de la main pour le saluer, j'ai parfois l'impression que je le dérange, tant il semble soumis au rendement. J'ai souvenir d'avoir vu notre paysan savoyard prendre le temps d'interrompre son action pour entendre un oiseau qui chantait. L'agriculteur, pour se mettre à l'abri du vacarme de sa machine, a un casque sur les oreilles. MAIS QU'EN EST-IL DE L'ÊTRE HUMAIN QUE NOUS SOMMES ?

Être c'est devenir ; devenir c'est être. L'être humain depuis des millénaires, entame le chemin qu'est son devenir au cours d'une gestation d'une durée de neuf mois. Quels que soient la couleur de sa peau, le milieu familial, les options philosophiques, religieuses, spirituelles des adultes qui l'entourent, chaque nouveau-né prend le temps d'attendre que la vie qui le fait vivre l'invite à s'asseoir ... quelques mois plus tard à se mettre debout ... et plus d'un an après la naissance physiologique ...à marcher.

Une des grandes vertus des bébés, écrit Christian Bobin (1) est de ne pas être aveuglés par un savoir. Ils regardent le monde sans morale, sans philosophie, sans religion, sans aucune précaution. Michiko Nojiri San, maître dans l'art traditionnel qu'est la cérémonie du thé (ChaDo) pratiquait et enseignait l'exercice appelé zazen. Régulièrement son introduction était limitée à cette indication : " Zazen ? C'est être assis (ZA) comme un bébé est allongé dans son berceau. " Et curieusement, lorsque j'arrive à sentir que je laisse le souffle vital aller et venir, sans l'entraver, tout en moi se calme. Pour ensuite prendre le temps de dire : être ... être ... être ... !

Jacques Castermane

1 Christian Bobin - Le plâtrier siffleur- POESIS (Habiter poétiquement le monde).

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