Deux Héraultais ont filmé l'émergence en France du chess boxing, mélange détonant d'échecs et de boxe
🏆 Sport tout droit sorti de l'imagination du dessinateur Enki Bilal, le chess boxing s'est développé dans le monde mais aussi en France, notamment dans l'Hérault et le Gard. Le documentaire livre un regard autant sportif que sociétal.
Trois minutes d'échecs, puis trois minutes de boxe, jusqu'au K.O. - Photo © Mike Le Roux
"Il y a parfois des sourires en coin à l'évocation de ce sport. Mais quand tu vois un combat de chess boxing en vrai, ça te donne moins l'envie de rigoler... Les joueurs se mettent en danger".
Les deux réalisateurs héraultais Sébastien Casino et Benjamin Cebrian savent de quoi ils parlent. Pendant plus de deux ans, ils ont suivi caméra au poing l'émergence en France de ce mix d'apparence improbable où il s'agit d'enchaîner trois minutes d'échecs, puis un round de trois minutes de boxe, et ainsi de suite, jusqu'au K.-O. sur le ring ou "échec et mat" autour d'une table.
"Tu peux te faire démonter sur le ring, résister et gagner aux échecs"
"Tu penses que tu ne peux pas réfléchir après avoir pris une droite, mais si. Tu ne sais jamais qui va gagner, tu peux te faire démonter sur le ring, résister et gagner aux échecs. Il faut une force mentale hors du commun", poursuivent-ils.
Dans leur passionnant documentaire, "Mental Combat, la naissance d'un sport", aussi sportif que sociétal, à découvrir ce 11 mars sur Canal + (*), ils remontent aux racines du sport jusqu'au pic émotionnel des championnats du monde en Turquie avec cette équipe de France créée à force d'huile de coude forte d'une volonté commune hors-norme.
Ce devait être la rencontre entre Rasta Rocket et Rocky Balboa, ces frontières sont dépassées. Nous racontons une aventure humaine à travers le chess boxing qui n'est pas un sport créé pour faire les beaux jours d'une marque, lancent les réalisateurs. Il a une histoire culturelle et artistique".
Enki Bilal : "Il me fallait un sport qui représente le summum de l'humain"
En fait, Il faut remonter à 1992 quand ce sport est couché sur planche par le génial dessinateur d'anticipation Enki Bilal. Dans "Froid Équateur", il crée cet autre oxymore qu'est le chess boxing : "Il me fallait un sport qui représente le summum de l'humain dans la beauté, l'intelligence, la force, l'élégance, ça paraissait plausible que l'on invente un sport comme ça", rembobine-t-il dans le film.
Quelques années plus tard, l'artiste contemporain néerlandais Iep Rubingh s'en empare et crée la discipline, lors d'un combat unique voilà tout juste 20 ans, en 2003, faisant du chess boxing une œuvre d'art vivante.
Un Nîmois champion du monde
Des fédérations émergent ensuite en Inde et surtout en Allemagne où le Nîmois Thomas Cazeneuve, féru d'échecs et de ring, se prend de passion et devient même champion du monde.
Et le lien avec la France ? Thomas sensibilise son cousin Guillaume Salençon, organisateur du festival de musiques actuelles le Worldwide à Sète. Ça matche aussitôt et l'idée germe de lancer le premier combat de chess boxing de l'hexagone à Paris.
La caméra suit en fil rouge le charismatique Guillaume Salençon qui renverse des montagnes pour réaliser son désir un peu fou de monter le combat mais également une équipe nationale et une fédération de chess boxing France pour participer aux championnats du monde. Il faut trouver des joueurs, les entraîner, les fédérer.
Un ex taulard, un maçon mordu d'échecs, un intérimaire qui ne sait pas boxer
On y découvre Jamel, mécanicien d'1,90 m et 120 kg de Montbéliard, ex-taulard qui a appris les échecs en détention ; Anthony, maçon de 23 ans qui a calmé son hyperactivité par les échecs ; ou Paul, intérimaire filiforme toulousain, qui au départ ne sait pas boxer... Et tous se retrouvent à Antalya face aux meilleurs mondiaux.
"La construction de cette équipe c'est l'acceptation de profils les plus différents. C'est passionnel et ce sont des pionniers. Ils veulent faire gagner ce sport pour qu'un maximum de personnes s'y intéresse", commentent Benjamin Cebrian et Sébastien Casino, heureux d'avoir été en immersion avec eux : "Aucun documentaire n'a suivi la création d'un sport avec les gens qui l'ont fait".
"La construction de cette équipe c'est l'acceptation de profils les plus différents. C'est passionnel et ce sont des pionniers. Ils veulent faire gagner ce sport pour qu'un maximum de personnes s'y intéresse", commentent Benjamin Cebrian et Sébastien Casino, heureux d'avoir été en immersion avec eux : "Aucun documentaire n'a suivi la création d'un sport avec les gens qui l'ont fait".
(*) Mental Combat samedi soir 11 mars sur Canal + après le combat de Tony Yoka, vers 23 h.
Amateurs et curieux pourront voir quatre combats de chess boxing, le 28 mai au théâtre de la Mer de Sète.
L'intégralité de cet article est à retrouver sur le site de Midi-Libre.