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Grosse fatigue et survivant désigné

Publié le 18 mars 2023 par Alexcessif

"T’as eu de la chance !"

Si j’avais eu de la chance je serais né le 19 avril 1965 !

Grosse fatigue et survivant désigné

Le déni te soumets, L'acceptation te grandit 


Il est vrai que M. passant dans le quartier de retour d’un diner avec son fils et entrant dans la pièce d’un appartement qui est le sien et que j’occupe ce soir là fut une excellente idée.

Factuellement, comme il convient d’analyser un évènement sans le polluer d’un romantisme ésotérique, les choses adviennent sans notion de bien ou de pas bien. Cependant, quand cette visite impromptue est la conséquence directe de la prolongation de ma présence sur cette planète je ne peux m’empêcher de me livrer à ma marotte obsessionnelle du pourquoi (moi), où, quand, comment ?

M. ne sort pratiquement jamais et ne me visite pas plus. Elle me trouve un drôle de couleur et je lui parle de cette douleur violente dans la poitrine. Un quart d’heure plus tard (les pompiers sont mes voisins) il y a une dizaine de personnes en plus dans l’appartement et je suis branché à de la grosse ingénierie à coup de connexions électroniques, de perfusions et autres piquouzes.

La douleur est une information que j’ignore car elle me dérange. Elle me donne une limite que je ne veux pas savoir. S’en approcher au plus prés cette fois était la traduction de "regarder la mort" dans les yeux et de geindre pour des raisons sérieuses. Dommage que je l’ai su trop tard de la bouche du chirurgien (un quart d’heure plus tard etc … ) sinon je me serais régalé du tunnel avec la lumière blanche au bout.

Je ne suis pas un adulte ! Je ne tiens pas à intégrer ce monde dépourvu de magie. Personne n’y croit plus au père Noël. J’adore trop les coïncidences et ne manque pas  de les interpréter, de les archiver trouvant en chacune d’elles une once de positivité. Once est à prendre au sens joaillerie du terme. Je ne doute pas un instant que chaque intervention du hasard prévalant à chaque rencontre contient, à minima, une pépite. Et peut me chaut qu’il me faille sasser des tonnes de flotte glacée, l’or que j’y trouve avec pas mal de naïveté n’en est que plus précieux.

Sur le billard j’ai le temps de fermer la boucle de cette succession de coups de pot 24 carats commencée sur un chemin en 2018 agrémenté de ce deus ex machina 24 carats aussi incarné par M. ce soir là.

Le futur est un néant empli de surprises

Pendant les investigations de la medicine woman du SAMU j'ai répondu  à la question

- Quel genre de douleur ?

par un exemple récent 

- Comme quand je monte les treize étages !

Du silence qui s’ensuivit-mes deux seins et pompiers compris- je n’ai pas jugé utile de préciser que je faisais la course avec la minuterie des étages. Les "soldats du feu" en connaissent un rayon en grimpette d’escadrins. Pas plus que je ne signalai la compète anonyme contre le funiculaire sur les 220 degrés de Montmartre juste avant la hernie de Novembre. Pas besoin non plus d’évoquer que j’avais cramé le moteur du tapis de course suite à des fractionnés sur trois sessions de 12/8/12 kms/h de 15, 20 et 30 minutes. 

Toute honte bue, je compris in petto que j’étais dingue. 

Le chiffre au-delà de 180 pulsations/minutes que je n’avais stupidement pas connectés à celui de mon âge était excessif. Pendant que l’on me ramonait la plomberie au goupillon j'ai demandé à un mec de me gratter le nez. Je lui ai dit pour déconner " tu fumes mec" puisque ses doigts sentaient la clope. " Oui" m'a-t-il répondu " c'est pas bon. En même temps je connais un mec qui ne bois ni ne fumes et ne mange pas souvent de bidoche en train de se faire déboucher les artères à deux doigts d'arrêter sa pendule!" 

C'était l'infirmier des soins intensifs en cardio. Alors, j'ai bien fermé ma gueule sur l'hygiène de vie, la clope etc . La santé c'est une loterie comme la life

Avant de se quitter Cochin et moi, le toubib m’a glissé un encourageant "Nous allons faire en sorte que vous puissiez vivre normalement". "Vivre" "normalement" l’apparentement de ces deux mots me terrorise 

Vivre normalement pour moi et cette année, c’est suivre le fil de l’Oise et de la Seine jusqu’à Honfleur en Kayak dés l’appel du 18 Juin, c’est parcourirle GR 20 en juillet en bivouac, un coup de vélo sur l’EV 3 en Aout et, pas plus tard que tout de suite, poser le Q sur la selle de la Triumph.

"Etre vivant" c’est sympa mais très insuffisant …

Je n'imagine pas vivre une aventure, participer à une rando sans avoir tout donné. J'aime avoir la satisfaction d'être aller au bout jusqu'à la porte qui claque. J'ai la vie devant moi pour apprendre à ne pas laisser traîner les doigts dans la trajectoire puisque désormais le cœur sensible est devenu fragile 

Cette fois ci j'ai fait le job au delà du seuil de la douleur 

Le projet "être heureux" est plus que jamaisactivé

Comme tous les survivants désignés chaque jour est le "premier jour du reste de la vie*" nanti du privilège d'écouter le sound of silence en solo

*(excellent film de Zabou Breitman tourné à Bordeaux)

Cochin Février 2023

... et bon anniversaire


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