Magazine Dom-Tom

L'AREMITI ou la traversée Tahiti-Moorea en Ferry

Publié le 16 août 2008 par Vanzac

Les ferries polynésiens sont une aventure à vivre, ne serait ce que pour aller du Quai des ferries de Papeete à Vaiate, le Port de Moorea. Une demi heure de traversée pour les « rapides » sinon, 3/4 d’heure pour les vieux rafiots qui crachent une suie à repeindre un lagon en deuil ! Mais l’aventure se passe sur le Pont supérieur, où piétons, cyclistes, baroudeurs de tous poils se calent l’un contre l’autre face au vent et le nez pointé d’un air réveur vers l’Ile sœur. Prendre de la nautamine est un conseil avisé, surtout lorsque la houle est forte, on dirait que le bateau va d’amble, comme les chameaux ! il tangue en diagonale, une curiosité pas forcément dûe à Coriolis ! mais qui vous remonte un chaomen à la surface comme un rien. L’Aremiti embarque plusieurs centaines de véhicules et on se croirait en plein exode, le quai est noir de monde, les 4X4 coincés en vrac au cul du ferry. Les marins blasés et tatoués jusqu’au yeux font la circulation le long de la passerelle, et aident les apprentis voyageurs à se garer le plus serré possible tout comme les beatniks au dessus ! Les familles de fonctionnaires, quelle que soit le jour, se pressent pour « profiter » du soleil qui forcément est meilleur de l’autre côté du chenal, et trépignent d’impatience à l’idée de retrouver leur petit bungalow habituel des tipaniers ou ailleurs. Des amoureux japonais, transis se serrent l’un contre l’autre comme des inséparables, tous tremblants sur leur branche, lunettes de soleil, bob vissé sur leur front « d’incoyables », une serviette de bain griffée Vuitton enroulée en double épaisseur autour de leurs frêles épaules, pour éviter les effets néfastes des ultraviolets cancérigènes de l’Astre de jour. Des mamas ont déroulé leur ouvrage et cousent leurs tifaifais à grand s renforts de fous rires et de gloussements complices, à la vue d’un popa’a "api" tout fraîchement débarqué au Fenua, qui se beurre les épaules avec application. Des jeunes polynésiens à l‘avant ont formé un cercle et ont sorti les ukuleles qu’ils grattent en chantant de douces mélopées tristes des ancêtres. Une petite fille blonde aux cheveux décolorés par le soleil court sur le pont, les bras tendus en avant comme pour embrasser l’air tiède et suave des embruns. Pour une fois, elle ne crêve pas de chaud. Elle est heureuse. Sa maman dort en chien de fusil, les épaules halées découvertes , dans une robe à fleurs tropicales aux couleurs pétantes. Un vieux popa’a lit pieusement les aventures du Kon Tiki, en pompant sur une invraisemblable pipe "à tête de proue", qui dégage une âcre odeur, celle caractéristique du Bison, le « tabac des polynésiens », celui qu’on roule plutôt à la main pour faire des cigarettes qui ressemblent plus à des pétards (du 14 juillet ) qu’à autre chose ! Ce pont bigarré ressemble à s’y méprendre à un Gauguin "new look". Les caméscopes sont dégainés, prêts à filmer un groupe de dauphins qui jouent avec l’étrave du ferry. Un couple de lycéens se prend pour les rois du monde, et se rejoue une fameuse scène du Titanic, bras grands ouverts face à l’immensité. Une vieille prof. vomit à n’en plus finir ses firi firi graisseux qu’elle a du mal à digérer, et hoquète, la langue distendue et le visage pourpre, et 2 jeunes sont pliés de rire et pouffent en la regardant avec une pitié à peine cachée, mais elle manque tout juste de passer par dessus bord, quand un bras titanesque digne d’un péplum hollywoodien l’attrape d’un geste impérieux. Elle voulait peut être en finir avec la vie , dommage, elle devra subir le chemin de retour à la fin du week end. 2 cyclistes en habit de lumière (souvenri du Tour de France qui pourtant passe assez loin e là) tranchent dans le paysage, leurs mollets tout blancs, leurs collants couverts de slogans publicitaires et leur maillot lycra chamarré frise le ridicule. On se demande ou est le peloton ! Mais ils s’en foutent, à voir leur mine enjouée, ils doivent siroter un maitai bien serré qu’ils s’injectent dans le gosier à la manière des bergers basques. Une chinoise sans âge inspecte les rivets du poste de pilotage d’un air circonspect.
Puis en silence, elle s’en va retrouver son siège, impassible et souveraine. Les voyages de nuit sont encore plus inimaginables. Des traversées parfois qui durent 5 à 6 heures, comme par exemple pour rejoindre l'île de Huahine. Les gens sont affalés sur le pont, sous d’épaisses couvertures, car les nuits tropicales sont fraîches au milieu de l’Océan. Des images d’un autre temps, les gens mangent, assis en tailleur, au milieu de leurs bagages, des caisses de cadeaux qu’ils amènent aux Feti’i, là bas au secteur, ils emportent avec eux des produits que l’on trouve uniquement dans la Capitale ! C’est dire. Une ambiance surréaliste, des lumières à la Magritte, un silence à peine perturbé par le doux clapotis des vagues sereines.
Puis c’est le débarquement. Un joyeux bordel à nouveau, des dizaines de véhicules chargés jusqu’à la gorge, des camions utilitaires remplis d’ananas, de matériaux de construction calés n'importe comment, des pick up, des 4X4 flambants neufs pour épater les cousins, des attelages avec un petit bateau derrière, puis les piétons. Toute cette foule s’égaye dans l'allégresses enfin dans la zone du Port, les amis les attendent, les loueurs de voitures et de vélos se frottent les mains. Un vieux bus de ramassage scolaire américain fait office de navette et emporte avec lui sa cargaison de touristes déjà rougeoyants des 1ers de soleil récupérés à la sortir de l’avion ou pour le1er bain le 1er jour, à la 1ère heure !!! Que la fête commence !

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Vanzac 66 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog