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Le Campus Caraïbéen des Arts expose à l’EPCC trois fleuves

Publié le 21 mars 2023 par Aicasc @aica_sc
Le Campus Caraïbéen des Arts expose à l’EPCC trois fleuves

Etablissement Public Industriel et Commercial créé en 2013 et situé à l’EnCRe à Cayenne, L’EPCC des arts vivants de Guyane Les Trois Fleuves  accueille l’ exposition Être né.e quelque part. Lieu pluridisciplinaire d’accès à l’actualité de la création artistique, lieu de création contemporaine,  Les Trois Fleuves reçoit le public dans l’Auditorium Edmond Antoine Edouard de quatre cent neuf places,  la salle d’exposition Nora Legendry, la salle du Zéphyr de mille deux cents places et autres salles de projection ou de réunion.

Le Campus Caraïbéen des Arts expose à l’EPCC trois fleuves

L’exposition Etre né.e quelquepart dévoile un corpus d’œuvres de jeunes artistes issus de Campus Caraïbéen des arts. Le Campus Caraïbéen des Arts, école supérieure d’art de Martinique, est inscrit dans le réseau des 46 écoles publiques françaises d’enseignement supérieur artistique. Il est rattaché à la Collectivité Territoriale de Martinique et placé sous la tutelle pédagogique du Ministère de la Culture.  Fondé en 1984 sous l’impulsion d’Aimé Césaire, le Campus Caraïbéen des Arts est l’unique pôle d’enseignement supérieur d’arts visuels francophone de la Caraïbe.  L’établissement participe à l’espace européen de l’enseignement supérieur et de la recherche dans le cadre du parcours LMD (Licence, Master, Doctorat), assurant la conformité des enseignements aux standards européens. Il propose un cursus diplômant dans les champs des arts visuels. Le projet de l’établissement s’articule autour de la notion de Territoires sensibles dont la philosophie générale est la mise en place d’une pédagogie permettant de faire ressortir ce qui relève du lieu (spécificités géographiques, historiques, culturelles et socio-économiques), en passant par une évaluation de toute l’amplitude des matériaux disponibles dans cet espace géographique. Ces matériaux peuvent être théoriques, pratiques, historiques, sensibles ; ils peuvent également relever de l’imaginaire, de la politique, de l’écologie ou de l’économie.

Le Campus Caraïbéen des Arts expose à l’EPCC trois fleuves

Elise Regina

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Diana Thuillier

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Johann Capgras

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Ces œuvres interrogent leur rapport au monde abordent les questions liées à la mémoire, au corps, et à la nature. Cette exposition entre dans le cadre du dispositif Culture Pro dont la vocation est de favoriser l’insertion professionnelle des diplômés de l’Enseignement supérieur Culture. C’est une opération à vocation itinérante menée en partenariat avec le Ministère de la Culture, les Directions des Affaires Culturelles de Martinique, de Guadeloupe, de Guyane ainsi que l’EPCC Les Trois Fleuves, à Cayenne. La première exposition a lieu du 03 au 23 mars 2023 à L’EPCC des arts vivants de Guyane Les Trois Fleuves. Des workshops seront organisés à destination des scolaires durant cette période et présente treize jeunes artistes :  Johann CAPGRAS, Flavio DELICE, Sandrine DUVERGER, Dielando FIACRE, Chamika GERMAIN, Yohann LAMON, Anaëlle LAURENT, Andy MONGIS, Ford PAUL, Diana TUILLIER, Tracy THEODORE, Sharna SORHAINDO, Elise REGINA

Deux d’entre eux, Ford Paul et Flavio Delice, évoquent cette expérience :

Le Campus Caraïbéen des Arts expose à l’EPCC trois fleuves

Ford Paul

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Bonjour Ford Paul, pouvez-vous retracer votre parcours ?

J’ai obtenu mon diplôme en 2014, il y a bientôt neuf ans. Les débuts ont été très difficiles. Il me fallait comprendre ce qu’est un artiste sur le plan administratif, quelles étaient les démarches à accomplir pour se déclarer par exemple, les dispositifs administratifs, fiscaux, sociaux et dans le même temps assurer ma survie économique. J’ai réuni le fruit de mes recherches dans un guide numérique Le guide des artistes-auteurs d’Artfordplus disponible en ligne. Parallèlement j’ai accompli mon service civique à la Fédération des œuvres laïques comme animateur d’ateliers pour enfants. J’y suis resté par la suite pendant quatre ans pour faire face à mon loyer et autres obligations quotidiennes. Mes autres demandes de professionnalisation, mes demandes  d’emploi n’aboutissaient pas. J’essayais aussi d’exposer, à La coursive, à l’Hôtel Batelière. C’était très dur, aussi j’ai quitté la Martinique et suis rentré dans ma famille en Guadeloupe où j’étais au moins plus serein sur le plan matériel. Mais j’ai cessé de produire. J’ai ressenti un profond découragement. Je m’y suis remis il y a un an environ. Jamais je n’avais imaginé que la vie de jeune artiste était si difficile. J’espérais exposer davantage même en gardant un métier alimentaire.

Comment s’est déroulée votre participation à l’exposition en Guyane ?

Le Campus a lancé un appel auquel j’ai postulé. Cette réponse positive est arrivée au bon moment et m’a redonné un peu confiance. Je suis déterminé à aller de l’avant en 2023. J’ai passé une dizaine de jours en Guyane.  Nous étions un petit groupe d’exposants.

Ce qui m’a le plus frappé, c’est la diversité des populations. Je travaille sur l’altérité mais j’en avais jusque-là une approche abstraite à travers des lectures. Là, au marché par exemple, avec la concentration de toutes les ethnies qui existent en Guyane, je l’ai vécue concrètement. La multiplicité des langues, des attitudes, des habitudes m’a littéralement bousculé. L’expérience a été intense.

D’autant plus fortement que j’explore l’altérité dans mes productions artistiques. Un foisonnement de motifs graphiques fait référence à certains discours persistants et négatifs sur l’Autre. Notre approche de l’Autre est donc façonnée par une quantité d’informations que nous absorbons sans le savoir. J’essaie à travers mes dessins à donner une matérialité à ces représentations, à ces informations.

Concernant l’exposition elle-même, le cadre n’était pas parfait, la salle n’était pas adaptée, sa configuration ne se prêtait pas à une exposition mais l’accompagnement a été correct. Il a fallu repeindre, se bagarrer un peu pour faire enlever de grosses chaînes pendant en plein milieu de la salle sans qu’on en comprenne la raison, accepter un éclairage décevant mais l’accueil du public a été bon. Il a été très intéressé par les thèmes abordés, l’esclavage, le colorisme.  Tout cela n’est pas perçu de la même manière en Guyane et aux Antilles. Et les échanges avec le public ont été riches.

La réalité des artistes semble encore plus difficile en Guyane. Il n’y a pas de véritables lieux d’exposition comme l’Atrium en Martinique ou le Centre des arts en Guadeloupe.

Que vous a apporté cette exposition ?

Elle m’a sorti de ma zone de confort et re-boosté d’une certaine manière. J’ai pris conscience que les jeunes artistes partagent tous les mêmes difficultés, les mêmes problématiques face à une absence de volonté, dans nos régions, mettre l’art sur le devant de la scène. Je vais m’efforcer en 2023 de poursuivre sur cet élan et vais postuler pour des résidences en Guadeloupe, à La Ramée, à Beauport ou à Marie- Galante. Je vais également présenter des demandes d’expositions à l’Art s’en mêle, au Fort Fleur d’épée et à l’Hôtel Arawack.

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Flavio Délice

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Flavio Délice

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Bonjour Flavio, pouvez-vous vous présenter ?

Je suis né et ai grandi en Guyane dans une famille d’origine haïtienne et suis étudiant en 4e année, option Art, au Campus Caraïbéen des Arts. Le fondement de ma démarche, c’est la conquête de mes origines et de mon identité haïtienne, c’est un voyage imaginaire et rêvé en Haïti où je ne suis jamais allé.

Au moment de l’orientation scolaire dans mon lycée à Saint – Laurent du Maroni, un de mes professeurs, un ancien du campus, m’a donné des informations sur cet établissement et j’ai pu passer le concours d’entrée organisé en Guyane.

Comment se sont passées ces premières années en Martinique et au Campus ?

C’était la première fois que je quittais chez moi et j’étais isolé, sans famille sur place mais j’ai pu m’adapter grâce à des amis et au club de basket du Crous. J’ai exposé une fois à Tropiques Atrium lors d’une exposition d’étudiants de l’Ecole d’art et j’ai aussi participé au programme Milmurs à Fort de France

Qu’est – ce qui caractérise votre démarche artistique ?

En premier lieu, je dirai la récupération. La récupération fait partie de la culture et de la vie quotidienne des haïtiens. Je customise des valises que je transforme parfois en objet usuel, en table basse. J’ai suivi mes deux premières années d’études dans la section design du Campus, cela m’a peut – être influencé. Je m’intéresse aussi beaucoup à Jean- Michel Basquiat parce qu’il pose les bases de la problématique identitaire.

Le Campus Caraïbéen des Arts expose à l’EPCC trois fleuves

Flavio Délice

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Que pouvez- vous dire de l’exposition à l’EPCC des Trois Fleuves ?

Ce voyage et cette exposition ont été un réel plaisir. Cela m’a permis de découvrir tout un pan de la Guyane artistique que je ne connaissais pas.   Nous avons rencontré plusieurs artistes contemporains dans leurs ateliers et découvert leur parcours. Jusqu’alors, je connaissais surtout des artistes-artisans bushinengué. Un autre aspect agréable de cette exposition en Guyane, c’est que je n’avais pas à expliquer les formes géométriques de l’art tembé. Le fait que je les transpose sur métal a beaucoup intéressé le public.

Bien sûr, tout n’était pas techniquement parfait sur place, il a fallu repeindre la salle, réalisé l’accrochage et nous avons eu heureusement l’aide d’un des agents

Quelles perspectives vous ouvre cette exposition ?

Peut – être une exposition dans un espace culturel géré par un graphiste- vidéaste et j’ai hâte de montrer mon travail en Guyane. Le conseiller pour les arts plastiques, Monsieur Philippe Bon, nous a aussi donné de nombreuses pistes. Je réfléchis au meilleur choix à faire après mon diplôme : La Guyane ou Paris pour m’inscrire dans le marché de l’art ?


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