"N'aie pas peur de le dire
un boat-people une passe-frontières
l'auteur de tous les maux
Je suis celui qu'on fait chercher parfois
puis qu'on renvoie chez lui
avec plus ou moins de prévenances
quand plus à rien il ne sert
N'aie pas peur de le dire
un moucheron qu'on expulse
laisse-t-on croire au bon peuple
frapper à ta porte à l'heure où tu dînes en famille
chassé par les mille tsunamis
celui qui ne t'empêche pas
tu balances quelques miettes
réfugié derrière ton bouclier cathodique
n'aie pas peur de le dire
un juif errant ou presque
a une soukka où planter son errance
je suis une palestinienne
une haïtienne avec ses rêves en jachère
Je suis celle qui toujours
si ce n'est de nulle part
même lorsqu'elle fait semblant
qui s'arrime en haute mer
quand la vie tisse rhizomes
N'aie pas peur de le dire
Louis-Philippe Dalembert extrait de: "Cantique du balbutiement Editions Bruno Doucey
fenêtre sur..."Je m'adresse aujourd'hui à toute la Maison. [....]
Je veux leur parler d'un sujet que nous n'avons pas le droit de passer sous silence: c'est celui des excès dans l'emploi de la force.[...]
Nous gagnerons peut-être la bataille dans la rue, mais nous perdrons quelque chose de beaucoup plus précieux et à quoi vous tenez comme moi: c'est notre réputation[...]
Frapper un manifestant tombé à terre, c'est se frapper soi-même en apparaissant sous un jour qui atteint toute la fonction policière."
Maurice Grimaud, lettre adressée à chaque policier parisien le 29 mai 1968
Source: L'Histoire n°448 avril 2018
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