La pandémie COVID a épuisé les dernières ressources des médecins et des soignants, quelle que soit leur profession de santé : c’est le principal constat de cette enquête nationale du Brigham and Women’s Hospital (BWH) qui révèle des taux élevés d’épuisement professionnel liés principalement à la surcharge de travail, avec chez de nombreux personnels dont les infirmières, l’intention d’arrêter l’exercice professionnel. Un constat qui vaut également chez les personnels non cliniciens, présenté dans le Journal of General Internal Medicine et qui alerte sur la généralisation du burn out au sein de l’hôpital.
L’épuisement professionnel est associé à des résultats indésirables, bien sûr pour les professionnels au premier chef, mais aussi pour le système de soins de santé. A l’épuisement professionnel des personnels de santé, ont déjà été associés un taux plus élevé d’erreurs médicales ainsi qu’une baisse dans la qualité des soins. Enfin, si de nombreuses études ont déjà alerté sur l’épuisement professionnel des médecins ou des infirmières, la pandémie de COVID-19 a accru les niveaux de stress pour l’ensemble des personnels de santé, y compris au sein des équipes de soutien. C’est la conclusion de cette enquête menée sur pas moins de 206 organisations de soins de santé : l’épuisement professionnel a gagné l’ensemble des équipes hospitalières.
« Notre étude souligne l’urgence d’améliorer le bien-être de tous les professionnels qui composent nos équipes de soins de santé » écrit l’auteur correspondant, le Dr Lisa S. Rotenstein, médecin des Urgences au BWH et professeur de médecine à la Harvard Medical School.
« Nous devons soutenir et renforcer toutes les fonctions au sein de l’environnement des soins de santé afin de maintenir la qualité des soins aux patients ».
L’analyse des réponses de 43.026 professionnels (différentes professions, différentes spécialités), dont plus de 15.000 médecins, 11.000 infirmières, 5.000 autres membres du personnel clinique tels que des pharmaciens, des infirmières auxiliaires, des thérapeutes, des assistants médicaux ou des travailleurs sociaux et plus de 11.000 membres du personnel non clinique (dont des services d’entretien ménager, administratif, laboratoire ou nutrition) révèle que :
- 50 % signalent un épuisement professionnel, les niveaux les plus élevés étant observés chez les infirmières (56 %) et les autres membres du personnel clinique (54,1 %) ;
- l’intention de quitter la profession est signalée par 28,7 % des professionnels de santé, 41 % des infirmières, 32,6 % du personnel non clinique et 31,1 % du personnel clinique ;
- cette intention « d’arrêter » est la plus élevée chez les médecins et les infirmières en milieu hospitalier ;
- la prévalence de la surcharge de travail perçue varie de 37,1 % chez les médecins à 47,4 % chez les autres personnels cliniques ;
- la surcharge de travail perçue est très fortement associée à la fois à l’épuisement professionnel et à l’intention de quitter le travail.
« Il y a là une opportunité à la fois d’identifier et de corriger la charge de travail dans tous les types de postes ».
Vers des approches plus novatrices ? Les auteurs avertissent qu’il ne s’agit pas, dans la situation actuelle, de se contenter de transférer les responsabilités de certains personnels à d’autres, mais d’automatiser ou de revisiter certaines de ces tâches et responsabilités.
« Nous constatons de manière aiguë les effets de l’épuisement professionnel sur l’ensemble des personnels de santé. Il y a des pénuries de personnels dans tous les établissements de santé et pas seulement en ce qui concerne les médecins. Il y a pénurie d’infirmières, d’assistants médicaux,…”.
Une situation tristement comparable dans de nombreux pays.
Source: Journal of General Internal Medicine 23 March, 2023 DOI: 10.1007/s11606-023-08153-z The association of work overload with burnout and intent to leave the job across the healthcare workforce during COVID-19
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Équipe de rédaction SantélogAvr 5, 2023Équipe de rédaction Santélog