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Juste après

Publié le 23 avril 2023 par Alexcessif

 Et …

Qu’as-tu fais juste après ? Après Duroc j’ai travaillé à ma survie. Je ne concevais même pas un plan A puisque seul le B fonctionnait. Bien sûr j’avais sécurisé mes 16 m2 à Chartres avec un vélo coincé à la verticale dans un placard à balai mais je tenais à rester à Paris. A Paris tout était possible. Vous étiez un phénomène exotique à raconter une de vos vies. Les cocasseries ne manquaient pas dans la mienne. Par exemple, m’être retrouvé à 5 heures du matin entassé à l’arrière d’un utilitaire pourri avec des inconnus flatulents ou se curant le pif pour terminer ma nuit et attaquer ma journée sur le parking d’un concessionnaire à essuyer des bagnoles la raclette d’une main et la peau de chamois dans l’autre. Certains semblaient avoir dormi dans leurs vêtements et j’imaginais aisément que le recrutement se faisait sur un trottoir en échange d’un repas chaud. Puisque le boulot ne requérait que peu de compétence une paire de bras suffisait et j’étais dans cette zone de ma vie étrécie où j’avançais courbé, les épaules rentrées, évitant les regards. Chacun devait avoir son propre parcours mais je n’avais pas envie de faire partie de cette communauté-là. Le jour j'étais en cravate le gérant des vestiges de l’entreprise de transport fondée 5 ans plus tôt à bout de trésorerie et dès l’aube un préparateur auto intérimaire au black. Il y avait un petit malin bien informé de l’offre et la demande qui faisait bosser incognito une quinzaine de mecs rarement les mêmes, parce qu’il fallait qu’à l’ouverture le parc occasion de Renault Le Bouscat devait présenter des carrosseries débarrassées de la rosée matinale et que des crevards avaient besoin de gratter un billet. Raconter à Paris cette tranche de vie qui avait eu lieu dans une petite ville du Sud-Ouest, avec l’accent et la patine des ans, était aussi exotique que le scénar du "Salaire de la peur" avec Montant et Vanel. Votre seule présence dans la capitale était la preuve que vous en étiez sorti grandi et supposément indemne. Cela suffisait pour vous prêter une compétence, au moins d'aventurier, restait à trouver les circonstances pour la monnayer.Juste après
Après Duroc ... ! Devais-je poursuivre cette route ? Oui, bien sûr, il y a quelqu’une au bout, pas trop moisie, du genre humain, de sexe féminin parce que la différence cognitive avec le féminin sacré enrichissait les échanges. J’ai cru que c’était toi, qu’importe ! On peut renoncer à tout mais on peut continuer à marcher sans savoir où l’on va il y a forcément un "quelque part" accessible un peu au-delà de la lassitude. L’idée de l’inconnue aux contours indéfinis derrière une porte est le meilleur moyen de s’éviter des déceptions. Il s’agit tout simplement d’aller le plus loin possible, sans état d’âme en ménageant sa monture. Rien d’irrationnel, ni d’obsessionnel là dedans. Il n’y a rien de plus naturel que la marche et rien de plus nécessaire que la surprise.Ainsi que tous les plus lourds que l'air qui ont respiré l'air des cimes, il me fallait trouver des vents ascendants.Code, ascenseur, palier, porte Derrière la porte ... l'inconnue...

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