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Géorgie : Bush a dû finir le boulot de Sarkozy

Publié le 18 août 2008 par Juan

Géorgie : Bush a dû finir le boulot de Sarkozy
En milieu de semaine dernière, George W. Bush a envoyé sa Secrétaire d'Etat, Condoleeza Rice, régler la crise russo-géorgienne. L'intervention de la France n'avait visiblement pas suffit, et Nicolas Sarkozy était rapidement rentré sur son lieu de vacances au Cap Nègre pour dîner avec les époux Chirac le 13 août.
Condoleeza Rice a ainsi persuadé le président géorgien, Mikheil Saakashvili, de signer un accord de paix révisé qui convienne à la Russie, vendredi 15 août. Le même jour, les médias américains s'enflammaient contre la Russie, à fur et à mesure que des témoignages de manoeuvres militaires russes sur le territoire géorgien se multipliaient. George W. Bush avait encore des mots très durs : "With its actions in recent days Russia has damaged its credibility and its relations with the nations of the free world." (Traduction: "avec ses actions de ces derniers jorus, la Russie a endommagé sa crédibilité et ses relations avec les nations du monde libre"). Un peu plus tard, la Russie signait un nouvel accord, et le président américain pouvait se féliciter.
En parallèle, la Pologne a finalement accepté d'héberger sur son sol le système anti-missile américain. Une installation qui a fait dire à un général russe que la Pologne risquait désormais des représailles. L'Ukraine a également annoncé, samedi 16 août, qu'elle pourrait intégrer ses "installations de détection antimissile" à un système européen ou en proposer les services à des "pays étrangers" tels les Etats Unis. Pourquoi une telle escalade ?
En fait, on a appris samedi 16 août que Nicolas Sarkozy avait accepté, dans son projet d'accord initial, que les forces russes patrouillent en Géorgie ! La présence de ces troupes russes est à l'origine de toutes les tensions (tirs sur journaliste, sabotage de matériel géorgien, réactions hostiles des Etats-Unis de tous les voisins européens de la Russie). Bref, cette facilité accordée par Sarkozy aux Russes est-elle une négligence (incroyable), une nécessité (possible), ou une mauvaise appréciation (probable) de la situation par le président français ?

"Selon une lettre du président français Nicolas Sarkozy, datée du jeudi 14 août, à son homologue géorgien Mikheïl Saakachvili clarifiant l'accord de cessez-le-feu, les forces russes de maintien de la paix pourront patrouiller à "quelques kilomètres" hors d'Ossétie du Sud en territoire géorgien. L'original de cette lettre a été montré samedi 16 août à l'AFP par un haut responsable géorgien préférant garder l'anonymat. Ces forces pourront se rendre dans "une zone d'une profondeur de quelques kilomètres depuis la limite administrative entre l'Ossétie du Sud et le reste de la Géorgie, de façon à ce qu'aucune centre urbain significatif n'y soit inclus, je pense en particulier à la ville de Gori", dit ce document signé par Nicolas Sarkozy. Ces mesures "prendront la forme de patrouilles effectuées par les seules forces de maintien de la paix russes aux niveaux autorisées par les arrangements existants, les autres forces russes se retirant sur leurs positions antérieures" aux hostilités." (source Nouvel Obs - AFP)
Les Etats Unis ont dû réduire la portée de la présence russe dans le document final accepté par la Géorgie : "les forces de paix russes auront la possibilité de contrôler tout le territoire de l'Ossétie du sud, et de patrouiller les territoires de la périphérie (de la région séparatiste, ndlr) en ne s'enfonçant pas plus que 10 kilomètres à l'intérieur du territoire géorgien", indique le journal russe Kommersant. Sarkozy avait laissé les coudées plus franches à son ami Poutine.
On le voit, deux stratégies de sortie de crise ont été successivement à l'oeuvre.
La position française a été de (1) ne pas condamner la Russie, (2) légitimer son action de défense puis d'invasion après l'attaque initiale géorgienne début août et (3) ne pas exiger son retrait, ni limiter sa progression sur le territoire russe (à l'exception des grandes villes).
La position américaine a consisté à (1) condamner l'intervention russe des les termes les plus durs jamais employés depuis la guerre froide, (2) rassurer ainsi la Géorgie, (3) réduire la présence militaire russe sur le sol de son voisin.

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