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Le bruit des ellehices

Publié le 30 mai 2023 par Alexcessif

Faucheurs de marguerites et merveilleux fous volants sur leurs drôles de machines à la Ferté -Alais

Le bruit des ellehices

Dédicace à Amicale Twin Triumph 

Dédicace à Valérie & Billy créateurs oODOo boots 

Trois Rafale marine sont passés devant le public avec une lenteur relative, crosses et trains sortis, assiette incidence 16°pour une simulation d’appontage et sont partis en chandelle puisqu'il n'y avait pas de porte avions à se mettre sous les roues

Comme deux mégots dans la nuit, les deux points incandescents de la post-combustion ont propulsé à la verticale les tonnes de ferraille des deux appareils. Les trains d’atterrissage ont disparu tandis que se formait sur le bord d’attaque des voilures le vortex de la vitesse acquise instantanément. Impossible de rester de marbre devant cette démo de puissance, de fureur et de bruit. Les écolos sont en PLS dans l’odeur du kéro, les palpitants battent la chamade, les cheveux se décoiffent, pour ceux qui en ont. Pour les autres, c’est l’épiderme qui frissonne et les poils qui s’hérissent. Il faut être insensible comme un émir prés de ses sous pour ne pas signer in petto le bon de commande. Pas de mégots ni de vol de nuit, nous ne sommes pas à Satory et il fait grand beau sur l’aérodrome de Cerny pour la fiesta des descendants d’Icare. 

Plus tôt c’était une autre émotion, lacrymale celle là, en pensant au courage de ceux du temps des hélices en voltige au dessus des têtes en l’air. C’était l’époque sans manuel de pilotage. Dans la grande inconnue des réactions du plus lourd que l’air. Confronté aux mystères de la substance invisible autres que ceux du vent dans les mollets et de la respiration. En sustentation dans l’élément dont on ignorait le pouvoir de portance. Adolphe Pégoud, quittant son avion engagé dans une vrille, vit son Blériot XI effectuer naturellement en son absence arabesques, sortie de vrille, looping et tonneau. Suspendu à son parachute, il eut le discernement de consentir que ces figures pouvaient se réaliser avec un pilote à bord et le courage de le tenter. Au-delà de l’intérêt économique de préserver son coucou, sans expérience, sans autre méthode que l’instinct sur un aéronef de toile tendue avec des cordes à piano la voltige était née dans la foulée de l’aviation et du pilotage à l’impro. Une autre façon de « casser du bois ». Blériot n’avait pas encore inventé la dérive, les volets et les ailerons. Pour se diriger dans la troisième dimension une seule solution : le gauchissement. Une torsion de l’aile obtenue par la tension d’une corde à piano pour réaliser un virage sur l’aile dans la direction souhaitée qui était peu ou prou celle acquise. J’ai en mémoire le fils Blériot qui, sur une réplique de l’avion conçu par son père, avait dessiné dans l'azur un arc élégant pour virer avec cette méthode. Le vol s’était terminé dans un marécage sans autre dommage que du petit bois pour la cheminée. Le virage était plutôt une courbe impossible à corriger une fois engagée exactement comme celle tracée par un compas.

On peut s’émouvoir du courage de ces pionniers dans de frêles machines susceptibles de se replier comme un parapluie dans un coup de vent, non ?

Et puis l’idée est vite venue de militariser cette belle invention. Bombarder les rampants et mitrailler le collègue d’en face pour des histoires de langage et de territoire au delà de la passion commune qui devrait les réunir

Je me suis dirigé mesquinement vers le parking pendant que les autres jouaient à la guéguerre en cramant l’impôt de l’intégralité du public à chaque heure de vol. 

Avec ce qu’ils me prennent il n’y a pas de quoi payer un cligno de Rafale, mébon

Le bruit des ellehices

La bécane est toujours là avec son immonde top case en guise de vestiaire. N’empêche ! C’est chouette de déambuler le nez au vent, "en civil" tee shirt, jean, les mains libres sans le dress code un peu ridicule du biker. Par extension, je me dis que je suis comme mes mains. Libre ET heureux. Genre de phrase qui pue l’auto conviction. La frontière entre liberté et solitude est parfois poreuse. Dans un monde préoccupé à 50% par l’idée de trouver tous les matins du monde la même tête sur le même oreiller quand l’autre 50 % est obsédé par le contraire, ne pas trouver la même tête sur le même oreiller tous les matins du … . Sachant que 50 % de l’humanité est féminin, et que Brian is in the kitchen, qui a tué le colonel Moutarde, mmm?

C’est le moment d’appeler les intellos spécialistes de l’affect à la rescousse. Rilke devrait faire l’affaire

"Je ne suis pas de ceux que l’amour console. Il en va bien ainsi ! Qu’est-ce, en effet, qui me serait plus inutile qu’une vie consolée ?"

L’amour ? Et puis quoi encore ! Une fois la mission de reproduction accomplie, qu'est-ce qui incite le bipède à s’encombrer de prétexte pour faire semblant de se distinguer de l’animal.

Moi, je sais ...!


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